Il y a une semaine une réunion de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC) s’était tenue à Bujumbura (Burundi). A l’issue de celle-ci, les chefs d’Etat et autres délégués des pays membres ont pris la décision de prolonger le mandat des forces de l’EAC déployées dans le Nord-Kivu jusqu’au mois de septembre. Or, quelques jours auparavant, le vice-Premier et ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, annonçait, au cours d’une conférence de presse, que le mandat des forces de l’EAC se terminera à la fin du mois de juin et qu’il ne sera pas prolongé.
Pendant ce temps, l’idée de l’envoie des troupes venues des pays membres de la Communauté Économique pour le Développement de l’Afrique Australe (SADC) avait été évoquée le samedi 3 juin, à Luanda (Angola), lors de la réunion du comité consultatif interministériel des pays des Grands-Lacs (CIRGL). Cette décision avait été prise, il y a quelques semaines au Botswana.
Des éléments de la SADC attendus à Goma
En clair, en dehors des militaires venus de l’EAC et qui ont vu leur mandat prolongé de trois mois, des troupes venues de la SADC devraient aussi atterrir dans le Nord-Kivu. Question : où se déploieront les militaires venus de l’Afrique Australe alors que toutes les zones libérées par les rebelles du M23 sont occupées par les troupes de l’EAC ?
Bien plus, si le président congolais, Félix-Antoine Tshisekedi, accuse les militaires venus de l’EAC de pactiser avec les rebelles du M23, ceux envoyés par la SADC devraient avoir un mandat offensif. Question : où se placeront les militaires kenyans, ougandais, sud-soudanais et burundais pendant que les troupes de la SADC seront en train de pourchasser les rebelles du M23 ?
Craindre une guerre “importée”
Des spécialistes en matière de guerre craignent que le Nord-Kivu se transforme en un terrain de confrontation entre la SADC et l’EAC, toutes les deux organisations invitées par le pouvoir de Kinshasa.
Au même moment, le porte-parole des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), le Général Sylvain Ekenge, révélait, il y a deux semaines, que les rebelles du M23 étaient en train de se préparer afin de prendre la ville de Goma (chef-lieu de la province du Nord-Kivu). Cette information a aussi été confirmée par les responsables de la Société civile du Nord-Kivu.
Les exigences de Bemba et Antipas Mbusa
C’est pour cette raison que le vice-Premier ministre et ministre de la Défense, Jean-Pierre Bemba Gombo, et Mbusa Nyamwisi, son collègue de l’Intégration régionale, ont exigé, lors des assises de Luanda, “une ferme condamnation, de la CIRGL, de toute tentative de relancer la guerre de la part des rebelles du M23 et du Rwanda, son soutien”.
Charly KINGAKENE/CONGONOUVEAU