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Le sérieux en veste : Le ministère des affaires étrangères de la RDC impose une police vestimentaire

Dans un pays où l’électricité est un luxe et la chaleur étouffante, les règles vestimentaires strictes au ministère des affaires étrangères de la RDC pour la population et les visiteurs soulèvent des questions fondamentales. Imposer des chemises et vestes pour accéder dans l’enceinte du ministère où des bureaux sont non climatisés semble déconnecté de la réalité quotidienne des citoyens.
L’idée que la crédibilité et la compétence d’une personne se mesurent à sa tenue vestimentaire, en l’occurrence une veste, est non seulement archaïque mais aussi profondément superficielle. Comment peut-on juger la compétence d’un individu sur la base de ses vêtements, surtout dans un environnement où la corruption prospère sous des costumes élégants ?
Ces idées insolites font des cousins et autres parents qui remplissent désormais des cabinets ministériels des gardiens des ordres qui manquent gravement à l’équité. Ces ordres très injustes sont surtout le fruit de ceux qui viennent à peine de découvrir l’usage des chemises et vestes. Instaurer une police vestimentaire dans un pays qui manque de tout ne peut être que le produit de ces parvenus.
La mise en place d’un service sauvage de location de chemises non repassées ni lavées à 2000FC soulève des questions sur les priorités de ces parents de nos « Excellences ». Plutôt que de se concentrer sur des initiatives qui amélioreraient réellement la vie des citoyens, on insiste sur des normes vestimentaires dépassées et qui ne sont même pertinentes.
Il est grand temps de repenser ces règles strictes et de se concentrer sur des politiques plus significatives pour le bien-être de la population. Le sérieux ne réside pas dans les tissus que l’on porte, mais dans les actions que l’on entreprend pour le bien commun. D’ailleurs tous ceux qui détournent impunément les deniers publics en RDC sont toujours tirés à quatre épingles.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
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Affaire « Mutamba » : La justice congolaise se réveille, enfin, et gifle son propre ministre !

C’est une gifle institutionnelle, brutale et symbolique. En informant le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, que « la phase de l’instruction étant clôturée, sa récusation n’a plus d’effet », le Parquet général près la Cour de cassation lui signifie clairement qu’il ne peut ni ralentir, ni saboter la machine judiciaire. Même en tant que Garde des Sceaux !
Cette affaire de détournement des fonds destinés à la construction des prisons, aux allures de bras de fer entre le pouvoir judiciaire et l’un des piliers de l’Exécutif, révèle une chose essentielle : la Justice congolaise, souvent brocardée pour sa soumission au politique, ose-du moins en apparence-affirmer une once d’indépendance. Et ce n’est pas rien.
Constant Mutamba, connu pour son activisme, sa rhétorique de « rupture », et son zèle au service du régime Tshisekedi, croyait peut-être pouvoir manœuvrer dans un dossier où son nom ou son influence pourraient peser. En vain. Le ministère public lui rappelle que le temps des diversions est passé, que la procédure avance, et que la République ne saurait être prise en otage par un ministre, fût-il celui de la Justice.
Mais attention : derrière cet acte de fermeté, la méfiance reste de mise. Le système judiciaire congolais n’est pas encore guéri de ses vieux démons : instrumentalisation, règlements de comptes, et juges à la carte. La procédure en cours devra donc prouver qu’elle est animée par l’intérêt général, et non par une guerre de clans déguisée en croisade pour la vérité.
Quoi qu’il en soit, ce désaveu public infligé à Constant Mutamba entame son autorité, fragilise son image, et interroge sur la suite de sa mission au sein du gouvernement. Peut-on incarner la Justice quand on est soi-même rattrapé par elle ?
L’affaire ne fait que commencer.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET