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Le mouvement citoyen “Cocorico” opposé au projet “Inga 3”

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Le mouvement citoyen “Cocorico-RDC” a, dans une lettre ouverte déposée au consulat sud-africain ce lundi 15 octobre et dont la copie est parvenue à la rédaction de CONGOPROFOND.NET, dit non au projet Inga 3.

Ces jeunes activistes exigent du courant électrique pour les Congolais d’abord, avant de passer à autre chose. Ils veulent que les barrages Inga 1 et 2 soient misent à niveau et développent des énergies intérieures de la République Démocratique du Congo dans le strict respect des droits de communautés de la zone Inga.

Ils invitent par ailleurs les acteurs politiques impliqués dans ce projet à la poursuite et à la réhabilitation des infrastructures énergétiques existantes et leurs assurer une maintenance responsable afin qu’Inga 1 et 2 fonctionnent au mieux de leurs capacités, réduisant ainsi sensiblement le déficit énergétique vécu actuellement par les Congolais.

Le mouvement ” Cocorico-RDC” en appelle aussi à la divulgation des informations sur le projet Inga 3 et l’ organisation d’une consultation nationale significative. Ils sont pour une participation active au projet par des jeunes congolais et surtout par des communautés affectées par ce projet.

Au Gouvernement de la République Démocratique du Congo, Cocorico-RDC insiste sur l’abandon de la mise en oeuvre du projet Inga 3 pour se consacrer prioritairement à la mise en valeur de son énorme potentiel énergétique durable pour répondre efficacement à ses besoins de desserte nationale et ses ambitions de nation émergente.

Ils suggèrent la mise en place dans chaque province d’un Pool énergétique associant les ressources énergétiques disponibles : le solaire, l’éolien, la géothermie, l’hydraulique à moyenne et petite échelle, le gaz méthane, le biogaz… pour assurer d’abord l’énergie électrique aux Congolais. Ce qui favorisera le développement local grâce à une énergie propre de qualité, permanente, disponible et accessible à tous et va résoudre le problème de déficit énergétique sur le territoire national d’abord.

Toujours dans cette même lettre ouverte, cette organisation déplore que le président Sud-Africain Cyrille Ramaphosa ait conclu avec un régime illégitime qui ne devrait engager la République dans un si grand projet.

Il convient de noter qu’en 1972 et 1982, le gouvernement Mobutu de la République Démocratique du Congo, alors appelé Zaïre, construit les aménagements hydroélectriques Inga 1 et 2, avec une capacité totale de production de 2.132 MW. Les deux barrages fonctionnent actuellement à environ 30 à 50 % de leur capacité à cause d’un manque d’entretien pendant de nombreuses années. Le site d’Inga était habité par des familles de six clans qui ont été forcés de partir en 1920 sous les ordres coloniaux belges. Les six clans déplacés par Inga 1 et 2 ont été absorbés dans 12 villages existants et un nouveau village autour de la zone. En outre, le Camp Kinshasa, qui était un camp pour les ouvriers du barrage, est aujourd’hui habité par les familles déplacées des six clans et par d’anciens travailleurs du projet, leurs enfants et leurs petits-enfants. En 2006, les 9 000 personnes du Camp Kinshasa devaient quitter les lieux.

Cependant, suite à l’intervention d’ONG locales et internationales que jusqu’à présent les autorités ont cessé de donner des ordres aux communautés. Le gouvernement de la RDC n’a jamais rempli ses obligations d’indemniser les communautés déplacées par les barrages Inga 1 et 2, comme promis en 1958. Certaines de ces personnes vivent encore dans le camp de Kinshasa.

Qui bénéficiera de l’électricité produite par Inga 3 ?

Selon l’esprit et la lettre de cette correspondance, la moitié d’électricité produite sera vendue à des sociétés minières industrielles étrangères et à l’Afrique du Sud alors que les congolais manquent l’électricité dans leurs propres ménages et aucune intention d’améliorer la situation de l’accès à l’énergie qui ne fait que se dégrader d’avantage n’est perceptible: les grandes rues des villes de la République sont dans le noir, les citadins et les populations de la zone où est produit l’électricité vivent sans énergie électrique. Et il n’y a aucunement l’intention d’améliorer cette situation car déjà les barrages hydroélectriques Inga 1 et Inga 2 qui devraient être remises à niveau ne le sont jamais.

Notons qu’entre temps, la cité de l’Union Africaine abrite, du 13 au 16 octobre 2018, les travaux du 11ème sommet ordinaire de la grande commission mixte RDC – Afrique du Sud. L’accent avait été mis sur le projet énergétique de construction du barrage de Inga 3 dont le contrat avait déjà été signé entre les deux pays. Joseph Kabila et Jacob Zuma avaient encouragé les institutions financières africaines à apporter leur concours à la mise en œuvre du projet du Grand Inga dont l’ambition est de fournir du courant électrique à toute l’Afrique. Inga 3 doit produire, à terme, 4.800 Mw sur lesquels 2.500 Mw sont dédiés à l’Afrique du Sud.

JBBP/CONGOPROFOND.NET


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“Les rébellions rwandaises au Kivu ( 1996-2024)” de Nicaise Kibel’Bel : Mettre fin à l’instrumentalisation de Kigali et batir, enfin, un système de défense digne d’un Congo convoité

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Question : Monsieur Nicaise, votre dernier ouvrage dérange par son titre « Les rébellions rwandaises au Kivu ». Pourquoi avoir choisi ce titre ?

Nicaise Kibel’Bel Oka : Un titre n’est jamais choisi au hasard. Son choix répond au contenu et aux réalités du livre. Effectivement, le livre décrit toutes ces rébellions rwandaises depuis 1996 qui ont trouvé un terrain d’expérimentation sur le sol congolais. Pour l’illustrer par un exemple. A chaque fois qu’il y a dialogue entre le gouvernement et les « rebelles » congolais, avez-vous déjà vu les rebelles remettre armes et équipements militaires ? Ils ne peuvent pas le faire parce que ces armes ne sont pas les leurs. Et pire, ce ne sont pas les Congolais qui les manient au front.

Q. : Comment expliquez-vous alors cette stratégie du régime Kagame d’instrumentaliser des Congolais ?

N.K.O. : C’est une stratégie simple qui fonde toute la philosophie du pouvoir au Rwanda. Elle consiste à créer des zones de tensions et à les maintenir indéfiniment. Il y a des personnes, des médias et institutions payées pour alimenter ces conflits. Ces tensions sont à la base de la guerre hybride dans la région. En réalité, Kigali n’a que faire des « rebelles » congolais pour qui il n’a aucune considération. Depuis Laurent-Désiré Kabila jusqu’à Corneille Nangaa, ils sont vilipendés et jamais leurs noms ne sont cités au Rwanda.

Q. : Les rébellions rwandaises au Kivu. Comment comprendre que derrière elles, ce sont des revendications des populations d’expression kinyarwanda qui sont mises en avant ?

N.K.O. : Il faut apporter un bémol. Paul Kagame ne défend pas les populations d’expression kinyarwanda comme il a voulu longtemps le faire croire. Il défend selon lui les populations martyrisées Hamites en RDC. C’est toute la différence idéologique. Et tant qu’on ne comprendra pas cette distinction, on naviguera à vue dans la déstabilisation de la région.

Q. : Pouvez-vous être plus explicite dans ce que vous avancez ?

N.K.O. : Au Rwanda comme au Burundi, il y a trois ethnies (Hutu, Tutsi et Twa). Les Hutu et les Tutsi parlent tous le kinyarwanda mais ne sont pas des Hamites. Défendre les populations d’expression kinyarwanda signifierait défendre les Tutsi et les Hutu. Or, Kagame voue une haine viscérale contre les Hutu qu’il qualifie à tous les niveaux des « génocidaires ». Et donc, à défaut de les défendre et de les protéger, il doit les combattre, les neutraliser. C’est ce qu’il demande au gouvernement congolais. Comment la RDC perçoit la notion du génocide ? Est-ce que tous les Hutu même ceux qui sont Congolais sont des génocidaires ? Les populations Hamites du Congo subissent-elles de réprimandes ?

Q. : Selon vous, comment mettre fin alors à toutes ces rébellions rwandaises au Kivu ?

N.K.O. : Tout d’abord il faut établir une nette différence entre le Rwanda et la RDC. Cet exercice pédagogique poursuit deux finalités. Primo, faire comprendre aux populations Hamites du Congo que ce n’est pas Kigali qui va résoudre leurs problèmes. On ne peut pas indéfiniment vivre en seigneur de guerre au bénéfice d’un autre État contre son pays. Secundo, le pouvoir au Rwanda a été construit sur la violence, sur les oppositions entre Hutu et Tutsi. Ce qui n’est pas le cas pour la RDC. Il faut d’abord aider le Rwanda à trouver des solutions aux problèmes de la cohabitation entre Hutu et Tutsi. Il n’y a que le dialogue et la réconciliation comme thérapie à des tensions ethniques.

Nicaise Kibel’Bel Oka, journaliste d’investigation et auteur du livre, en méditation. Archives Les Coulisses). 

Q. : Apparemment vous êtes le seul à faire ce diagnostic. N’est-ce pas que vous rêvez ?

N.K.O. : C’est le vrai diagnostic pour une paix dans la région. Et je ne suis pas le seul. De nombreux rwandais (Hutu comme Tutsi) sont convaincus qu’il faille un dialogue pour une réconciliation au Rwanda. Ceci, pour éviter le cycle infernal de tensions et de guerre. Aucune ethnie ne prendra indéfiniment le dessus sur l’autre.

L’ex-président Hutu du Rwanda, Pasteur Bizimungu, prédécesseur de Paul Kagame, a exprimé ce regret devant le Parlement avant d’être démis.

Q. : « Toutes les composantes au niveau national ne se sentent pas représentées dans l’autorité du Rwanda ».

Et d’ajouter à notre micro en 2001 : « Ce qui a déchiré le Rwanda, c’est plus particulièrement l’exclusion de certaines sections de la population. Pendant 150 années, se sont succédé des luttes de pouvoir entre les élites tutsi et hutu. Chaque fois que l’une arrivait au pouvoir, elle monopolisait à son profit excluant d’autres tout en violant les droits fondamentaux. Le FPR a suivi malheureusement le sentier bâti.

De par l’histoire de notre pays, il est démontré que les gens qui se sont emparés du pouvoir par la force militaire n’ont jamais réussi quelle que soit la durée au pouvoir. Toute exclusion mène forcément à la force ».

Au Rwanda, comme l’écrit Gaël Faye dans son livre « Jacaranda » : « La paix n’est qu’une guerre suspendue ». Le cycle de violence au Rwanda n’est que momentanément suspendu.

Q. : Votre livre parle de l’impunité dont jouit le régime de Kigali. Pourquoi les deux poids, deux mesures ? Pensez-vous que l’Occident ne comprend pas le drame de la région ?

N.K.O. : Les Occidentaux jouent au sapeur-pompier pour maintenir les tensions qui garantissent leurs intérêts. En choisissant le « Bon » et le « Mauvais » au Rwanda, ils ont tout fait pour que le FPR ne puisse jamais répondre de ses actes devant la justice internationale. Ce qui lui donne la force de narguer les autres. La logique des Occidentaux ne résiste pas à la logique normale. Prenez le cas de l’Ukraine. Ils livrent des armes à l’Ukraine mais lui interdisent de frapper des cibles russes. C’est exactement un embargo qui ne dit pas son nom. C’est le même cas avec la RDC. On nous impose de négocier avec le Rwanda qui occupe des pans entiers de notre territoire. Qui arme le Rwanda ?

Notre livre essaie de passer au peigne fin cette mésaventure tout en épinglant aussi les faiblesses dans notre système de défense qui est resté dans le ghetto et aujourd’hui incapable de faire face aux menaces actuels et à venir. Ce livre baigne dans la couleur locale. Mon livre est un appel à la prise de conscience contre l’instrumentalisation rwandaise et à la mise en place d’un système de défense digne du Congo. Rome a été hospitalière tout en étant expansionniste.

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A bâtons rompus avec Nicaise Kibel’Bel Oka


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Bientôt le magazine CONGO PROFOND dans les kiosques à journaux : Simplicité, Pertinence et Découverte