Diplomatie
L’accord France-RD Congo : Un pacte de traçabilité ou un acte d’exploitation ?

Dans un récent développement diplomatique déconcertant, l’accord entre la France et la RD Congo pour cartographier les ressources minières congolaises suscite un débat passionné. Alors que la transparence et la traçabilité semblent être les objectifs annoncés, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer un accord perçu comme une intrusion néo-coloniale insidieuse.
Cette initiative, présentée comme un progrès vers une gestion responsable des ressources, soulève des questions cruciales sur la souveraineté nationale et l’autonomie économique du peuple congolais. Loin d’être applaudie, cette collaboration soulève des inquiétudes quant à une possible exploitation déguisée sous le couvert de la coopération.
Alors que la RD Congo regorge de richesses naturelles, cette démarche soulève des doutes sur les véritables motivations des parties prenantes et ravive des cicatrices historiques profondes. La géopolitique continentale plaidait pour une tout autre solution. Au moment où les pays de la zone CFA s’éloignent de la France, la RD Congo choisit de naviguer à contre-courant.
Est-ce une approche pragmatique ou un coup politique qui pourrait se retourner contre le peuple congolais ? Au-delà des discours officiels, il est impératif de rester vigilant et de garantir que cet accord ne devienne pas un instrument de domination déguisé, mais plutôt un pas vers un partenariat véritablement équitable et respectueux de la dignité et des intérêts du peuple congolais.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
À la Une
« Visit Rwanda » renouvelé au PSG : Une gifle pour la RDC, un électrochoc pour relancer notre tourisme ? ( Par John Katumba, expert en tourisme)

Le renouvellement du partenariat entre le club parisien PSG et la marque Visit Rwanda suscite une profonde indignation parmi les Congolais. Pour l’expert en tourisme John Katumba, ce contrat n’est pas anodin : il illustre une hypocrisie internationale criante et pose une question cruciale pour la RDC, celle de l’absence totale de stratégie touristique face à ses voisins.
« Visit Rwanda, c’est la vitrine touristique du Rwanda Development Board, une entité qui collecte les recettes touristiques pour financer, entre autres, les invasions, massacres et viols perpétrés en RDC », dénonce-t-il. Il rappelle que le tourisme, à l’origine, est un secteur humanitaire, conçu pour soutenir les communautés locales et préserver les écosystèmes. « Le tourisme, c’est la paix, pas la guerre », insiste-t-il.
Silence des autorités congolaises : une erreur stratégique
Face à ce partenariat controversé, John Katumba regrette l’absence totale de réaction stratégique de la part des autorités congolaises. Il propose symboliquement que le Président de la République remette lui-même un maillot du PSG pour protester contre cette alliance « insultante pour les victimes congolaises ».
À ses yeux, la solution ne réside ni dans les pétitions, ni dans les lettres individuelles de la diaspora, mais dans une diplomatie touristique offensive. « Ce n’était pas le rôle des diplomates, encore moins de simples citoyens. Il fallait une action structurée, menée par le ministre du Tourisme, en lien avec les tours opérateurs français, européens, américains et asiatiques. Ce sont eux qui décident de la visibilité des destinations africaines. »
Un secteur touristique sacrifié par les calculs politiques
La RDC reste aujourd’hui un « pays potentiellement touristique », mais non fréquenté. La faute, selon Katumba, à une politisation excessive du ministère du Tourisme, confié à des figures sans expertise technique, dans le seul cadre du partage du pouvoir. « Les ministères sont devenus des agences événementielles. Aucun touriste ne vient via des circuits organisés. Aucun tour operator ne propose la RDC, faute de crédibilité. »
Un appel à réformer en profondeur : créer une véritable industrie touristique
Face à ce marasme, John Katumba propose une série de réformes concrètes :
- La nomination d’un expert confirmé à la tête du ministère du Tourisme.
- La création d’un Guichet Unique du Tourisme (GUT) à travers la Société Congolaise d’Ingénierie Touristique (SCIT), destinée à structurer l’offre touristique, accompagner les investisseurs, et piloter le lobbying international.
- La digitalisation du visa congolais, pour faciliter l’entrée des visiteurs.
- L’implantation de bureaux d’information touristique dans les grands aéroports internationaux (Europe, États-Unis, Chine, Japon…).
- Le développement de sites touristiques écologiques le long du fleuve Congo, à Moanda, dans les cataractes et autres zones à fort potentiel.
- La création de bases statistiques, de systèmes de classification hôtelière et d’une administration dédiée à la qualité de l’accueil touristique.
« Nous avons tué notre potentiel touristique à cause de nos intérêts politiques. Il est temps d’agir, de manière professionnelle, stratégique et déterminée », conclut John Katumba.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET