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La « Fondation Etienne Tshisekedi » interrompt la projection d’un film à Boboto : Le « Sphinx de Limete » étranglé par ses propres héritiers !
Ce qui devait être un moment de recueillement, de transmission et de mémoire collective s’est transformé en une scène de tension brutale, indigne de l’héritage invoqué. La projection du film documentaire « Vision et héritage politique d’Étienne Tshisekedi Wa Mulumba », organisée ce dimanche 21 décembre à la grande salle du Centre culturel Boboto, dans la commune de la Gombe à Kinshasa, s’est achevée dans un climat de peur, marqué par une intervention musclée attribuée à des animateurs de la « Fondation Étienne Tshisekedi », escortés par des éléments armés de la Garde Républicaine.

Annoncé depuis plusieurs jours dans les médias et sur les réseaux sociaux, l’événement avait pourtant débuté sous de bons auspices. Devant une salle attentive, silencieuse et visiblement émue, les organisateurs, Placide Nzazi Matobo (producteur), Martin Kitudi Baruani (réalisateur) et Daddy Kakasa Ndiongo (directeur artistique), ont présenté une œuvre cinématographique de près de deux heures trente, retraçant avec rigueur le parcours politique, humain et idéologique de celui que l’histoire congolaise retient comme le « Sphinx de Limete ».
La projection a été ponctuée de témoignages rares et poignants de figures ayant côtoyé Étienne Tshisekedi de son vivant, notamment Paul Kapita Shabani, Freddy Mulumba et Charles Dimandja. L’atmosphère, empreinte de respect et de mémoire, semblait rendre hommage à l’homme dont le combat central fut celui de la liberté, de la démocratie et du pluralisme politique.
Mais cette solennité a volé en éclats à l’approche de la fin de la projection.

Selon plusieurs témoins concordants, une jeep blanche, attribuée à la Fondation Étienne Tshisekedi, a fait irruption sur les lieux, escortée par des éléments en tenue de la Garde Républicaine. Un homme vêtu d’une tenue safari kaki, identifié comme Shaggy Kanza, présenté comme membre de ladite Fondation, s’en est violemment pris aux organisateurs, ciblant principalement le producteur du film.
« Je vous avais prévenu que le nom d’Étienne Tshisekedi est protégé. Vous vous entêtez. Dans votre documentaire, il y a des figures qui fâchent, notamment Théophile Mbemba, Tharcisse Loseke… Si vous résistez, il y aura des sanctions sévères », aurait-il lancé, sur un ton menaçant.

Dans la foulée, des hommes armés ont procédé au démontage de la banderole annonçant l’événement, à la saisie des roll-ups et du matériel promotionnel, et ont contraint les invités à quitter la salle avant la fin de la projection. Sous la pression, journalistes, réalisateurs et invités ont été réduits au silence, empêchés de recueillir des interviews ou d’échanger librement. « On a tendance à donner plus de valeur aux productions étrangères et à étouffer la création locale. Faut-il désormais l’autorisation d’une fondation privée pour exposer à l’opinion publique l’œuvre politique d’un icône national ? », s’est indigné le producteur Placide Matobo, rappelant que deux années de travail ont été nécessaires pour produire ce documentaire.
Plusieurs invités ont exprimé leur consternation face à une contestation qui n’a emprunté ni les voies artistiques, ni les canaux juridiques ou institutionnels, mais une démonstration de force jugée disproportionnée et traumatisante.

Il convient de rappeler que les organisateurs avaient, bien avant l’événement, adressé des invitations officielles à la Présidence de la République, à la Primature, à la Maison civile du Chef de l’État, ainsi qu’à de nombreuses personnalités sociopolitiques, afin d’assister à cette projection marquée par des témoignages inédits d’une trentaine de figures ayant côtoyé Étienne Tshisekedi, parmi lesquelles Alexis Mutanda, Nicolas Kazadi, Pasteur Godé Mpoy, Acacia Bandubola, Jacquemin Shabani, Emmanuel Albert Moleka, Eve Bazaiba, Freddy Mulumba, Jean-Charles Okoto, Paul Kapika et Tharcisse Loseke( Ancien médecin personnel du leader de l’UDPS), etc.

La soirée s’est néanmoins conclue dans la panique. Des menaces d’arrestation, des échanges particulièrement tendus entre certains civils, dont Sylvain Mutombo, ancien membre du gouvernement, et les militaires affectés à l’escorte ont été signalés. Des propos évoquant des sommations et des tirs ont circulé, accentuant un sentiment d’insécurité généralisée.
Selon les organisateurs, ces événements n’étaient pas une surprise. Ils affirment avoir reçu, les jours précédant la projection, des menaces téléphoniques annonçant précisément ce scénario.
« J’ai pourtant été coopératif envers vous, cher frère… », aurait même déclaré Shaggy Kanza au journaliste Placide Matobo, quelques jours avant les faits.

L’incident, qui s’est étendu de 16h à 18h, a profondément choqué les invités, contraints de quitter les lieux dans la crainte. Pour de nombreux observateurs, il s’agit d’une fin malheureuse, inutilement brutale et paradoxale pour une activité culturelle dédiée à la mémoire d’un homme qui avait fait de la liberté d’expression et du débat démocratique le socle de son combat politique.
Les organisateurs rejettent avec fermeté toute accusation de sabotage ou de dénigrement politique. Ils rappellent que le documentaire vise exclusivement à honorer le combat et l’héritage d’Étienne Tshisekedi Wa Mulumba. « Si Étienne Tshisekedi a laissé un héritage, c’est bien celui de la tolérance, du pluralisme et de la liberté de parole », a confié le réalisateur Martin Baruani.
« Ce qui s’est passé ici ressemble davantage à une négation de ces valeurs qu’à leur défense. », a-t-il conclu.
Barca Horly Fibilulu Mpia & Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Muanda en ville-morte : La population réclame la tête de l’administratrice du territoire
Ce lundi 22 décembre 2025, la cité côtière de Muanda s’est réveillée dans un silence peu habituel. Boutiques fermées, taxis-motos aux abonnés absents, artères désertes : la population a massivement observé une journée ville-morte, répondant à l’appel de la société civile locale.

Devant le bâtiment administratif du territoire, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés, pancartes à la main, scandant des slogans hostiles à la gestion de l’actuelle administratrice du territoire, Amina Panda, dont ils exigent le départ.
Des voix qui s’élèvent
Sur place, la colère est palpable. « Nous ne voulons plus de cette gestion autoritaire », dénonce un commerçant, visiblement excédé. À ses côtés, une étudiante renchérit : « L’administration doit servir le peuple, pas l’opprimer. »
Ces témoignages traduisent un ras-le-bol généralisé, alimenté par des accusations persistantes de dérives administratives et d’abus de pouvoir.
De lourdes accusations en toile de fond
Le malaise est également relayé au sein même de l’administration. Deux administrateurs assistants, Nicolas Kinduelo Ndombasi et Christophe Bietu Ntambue, ont récemment adressé une lettre ouverte au Gouverneur du Kongo Central, dans laquelle ils dénoncent une administration qualifiée de « gangstérisée », marquée par des pratiques arbitraires et un climat de peur.
Pour la société civile, ce document constitue une preuve que la crise actuelle dépasse le simple mécontentement populaire et révèle une fracture profonde dans la gouvernance territoriale.
Une pression citoyenne organisée
La synergie des associations locales s’impose désormais comme le principal moteur de la contestation. Elle privilégie des actions pacifiques mais à fort impact symbolique, telles que les sit-in et les journées ville-mortes, afin de contraindre les autorités provinciales à se prononcer.
« C’est notre droit en tant que citoyens », confie un membre de la société civile à la rédaction de CongoProfond.net. « Nous resterons mobilisés jusqu’à obtenir une réponse concrète. »
Silence des autorités et incertitudes
Jusqu’à présent, le Gouverneur du Kongo Central n’a pas réagi publiquement à cette mobilisation. Ce silence alimente davantage la frustration des habitants, certains y voyant une forme de complaisance.
Pour plusieurs observateurs, cette crise pourrait aboutir soit à un remaniement administratif, soit à une remise en question plus large des mécanismes de gouvernance locale à Muanda.
Mfumu DIASILUA K. / CONGOPROFOND.NET
