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Kwango : Les diplômes des institutions d’enseignement supérieur basés à Kasongo-Lunda bloqués depuis plusieurs années !

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L’ISP/Kasongo-Lunda, l’Istm/Kasongo-Lunda, l’ISDR/Kasongo-Lunda, l’ISP/Kitenda, l’ISP/Pelende, et autres établissements d’enseignement supérieur et universitaire basés dans le territoire de Kasongo-Lunda, au Kwango, ne délivrent pas de diplôme. Les étudiants qui y finissent leurs études se contenteront longtemps des certificats ou des “attestations”, après leur cycles de graduat et de licence. Et pour cause ! Ces instituts ne versent pas la quotité réservée à l’entérinement de diplômes.

D’après un inspecteur de la territoriale que CONGOPROFOND.NET a rencontré dans cette partie du pays, les dirigeants de ces instituts de Kasongo-Lunda n’ont pas versé la quotité depuis plusieurs années académiques. Pour les années 2020-2021 et 2021-2022 courant, plusieurs directeurs généraux ont détourné d’importantes sommes destinées à l’homologation de diplômes.

L’Institut Supérieur Pédagogique de Kasongo-Lunda (ISP/Kasongo-Lunda), par exemple, aucun rond n’a été versé depuis 2017. Cette situation montre qu’aucun étudiant n’a payé. Selon notre source [dont nous taisons le nom], plusieurs étudiants se sont acquittés, mais les autorités de cet institut n’ont pas versé l’argent à la Dgrad. Selon cette source, “plusieurs étudiants détiennent des preuves de payement de cet argent, mais se résignent et ne veulent pas dénoncer, par crainte de représailles”.

À l’ISDR (Institut supérieur de développement rural), l’année académique 2020-2021 a souffert. Plusieurs étudiants bénéficient de la prise en charge de l’État. Cette année, les inspecteurs viennent de réceptionner 200.000 francs congolais après rappel à l’ordre et sensibilisation.

L’Institut supérieur des techniques médicales de Kitenda, selon l’inspecteur, est l’enfant le plus pauvre de la terre ! Aucun rond n’a été payé.

L’ISP/Pelende est côté comme modèle. Les étudiants s’acquittent bien de leurs payements. L’inspecteur de la territoriale qui est passé par là a photographié des preuves de payement (reçus). Mais les autorités de cet établissement bouffent l’argent. Notre source renseigne qu’il n’existe pas de traces à la Dgrad/Kasongo-Lunda de ces différents payements.

Pour lui, le DG et les membres du comité de gestion vont comparaître pour expliquer la situation. “Ils feront la prison s’il s’avère qu’ils ont effectivement détourné de l’argent”, prédit l’inspecteur.

A l’Istm/Kasongo-Lunda, l’établissement le plus connu et le plus peuplé de Kasongo-Lunda, ce sont 21 étudiants qui ont payé, selon la situation présentée à l’inspection. Mais au lieu de payer au taux de 25$, les étudiants ont payé à l’ancien taux de 5$, s’inquiète l’équipe de l’inspection.

Les inspecteurs déplorent le fait que le pourcentage d’acquittement de la quotité d’enterinement des diplômes au trésor public n’est pas significatif. Pour notre source, les comités de gestion payeront avec pénalités et nombreux d’entre eux, qui seront reconnus coupables de détournement, seront arrêtés.

Émile Yimbu/CONGOPROFOND.NET


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Le tribalisme institutionnel en RDC : un frein majeur au développement national

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La République Démocratique du Congo (RDC), pays d’une immense diversité ethnique et culturelle, fait face à un défi de taille : le tribalisme institutionnel. Ce phénomène, s’est amplifié ces dernières années et constitue un obstacle majeur au développement harmonieux du pays. Notre analyse se penche sur la manière dont cette pratique s’est enracinée dans les sphères religieuses et académiques, deux piliers essentiels de la société congolaise.

L’héritage colonial et ses répercussions actuelles

L’histoire de la RDC est profondément marquée par son passé colonial. La stratégie du “diviser pour régner” employée par les autorités belges a laissé des cicatrices durables dans le tissu social du pays. Cette politique a exacerbé les divisions ethniques, créant un terrain fertile pour le tribalisme qui persiste jusqu’à aujourd’hui.

Les données démographiques, bien qu’anciennes, témoignent de la complexité ethnique du pays. Le dernier recensement officiel, datant de 1984, dénombrait plus de 350 groupes ethniques distincts. Cette diversité, qui pourrait être une source de richesse culturelle, est souvent instrumentalisée à des fins politiques et économiques.

Les communautés religieuses : un miroir des divisions ethniques

Les grandes communautés religieuses de la RDC, notamment les églises évangéliques, sont au cœur de cette problématique. Des observations sur le terrain et des analyses de la composition des organes de direction de ces institutions révèlent une tendance inquiétante à la surreprésentation de certains groupes ethniques.

Prenons l’exemple de la Communauté Baptiste du Centre de l’Afrique (CBCA), une institution majeure dans l’est du pays. Bien qu’opérant dans une région multi-ethnique, la composition de ses instances dirigeantes semble favoriser de manière disproportionnée les membres d’une ethnie particulière.

De même, la Communauté Presbytérienne de Kinshasa (CPK), qui se veut une église nationale, présente une structure de leadership qui reflète une forte concentration régionale, avec une majorité de ses cadres supérieurs provenant d’une seule province.

Ces pratiques, loin d’être isolées, semblent être répandues dans de nombreuses institutions religieuses à travers le pays. Elles soulèvent des questions importantes sur l’inclusivité et l’équité au sein de ces communautés, censées promouvoir l’unité et l’égalité.

Le monde académique : reproduction des schémas tribaux

Le secteur de l’enseignement supérieur n’échappe pas à cette dynamique. Des observations dans plusieurs universités majeures du pays, tant publiques que privées, mettent en lumière des schémas similaires de favoritisme ethnique.

L’analyse de la composition du corps professoral et des postes administratifs dans certaines institutions révèle une surreprésentation flagrante de certains groupes ethniques. Cette situation est particulièrement prononcée dans les universités régionales, où le corps enseignant et l’administration reflètent souvent la composition ethnique locale, au détriment de la diversité nationale.

Cette pratique a des conséquences graves sur la qualité de l’enseignement et de la recherche. Elle limite la diversité des perspectives, freine l’innovation et perpétue un système où le mérite est souvent secondaire par rapport à l’appartenance ethnique.

Impact sur le développement national

Les répercussions du tribalisme institutionnel vont bien au-delà des murs des églises et des campus universitaires. Elles affectent profondément le développement économique et social du pays dans son ensemble.

Les indicateurs de développement placent systématiquement la RDC parmi les pays les moins avancés. Selon l’Indice de Développement Humain, la RDC se classe régulièrement dans le dernier quart du classement mondial. Bien que de nombreux facteurs contribuent à cette situation, le tribalisme institutionnel joue un rôle non négligeable en entravant la méritocratie et l’allocation efficace des ressources humaines.

Dans le secteur privé, des enquêtes menées auprès d’entrepreneurs révèlent que la discrimination basée sur l’origine ethnique reste un obstacle majeur dans l’accès aux opportunités d’affaires et aux financements. Cette situation freine l’innovation et la croissance économique, privant le pays de talents et d’idées qui pourraient contribuer à son développement.

Le jeu dangereux des alliances politiques

L’analyse des nominations à des postes clés au sein des institutions religieuses et académiques révèle souvent des coïncidences troublantes avec les changements politiques au niveau national ou provincial. Ces observations suggèrent l’existence d’un système d’échange de faveurs entre certaines communautés religieuses, des universités et le pouvoir politique.

Ce système de clientélisme basé sur l’appartenance ethnique perpétue un cercle vicieux où le mérite et les compétences sont relégués au second plan. Il contribue à maintenir en place des structures de pouvoir qui ne reflètent pas la diversité du pays et ne servent pas nécessairement ses intérêts à long terme.

Vers des solutions : initiatives et perspectives

Face à ce constat, des voix s’élèvent dans la société civile congolaise pour demander un changement. Des propositions émergent, telles que l’instauration de quotas ethniques dans les institutions publiques et parapubliques pour garantir une représentation équitable de toutes les communautés.

Certaines universités ont commencé à mettre en place des programmes visant à promouvoir la diversité ethnique au sein de leur corps enseignant et étudiant. Bien que ces initiatives soient encore à leurs débuts, elles représentent un pas dans la bonne direction.

L’inclusion : un défi pour l’avenir de la RDC

Le tribalisme institutionnel en RDC est un phénomène complexe, profondément enraciné dans l’histoire et la culture du pays. Son éradication nécessitera des efforts concertés de la part de tous les acteurs de la société congolaise.

La lutte contre cette pratique est essentielle pour l’avenir du pays. Elle est indispensable pour garantir l’égalité des chances pour tous les Congolais, indépendamment de leur origine ethnique, et pour permettre au pays de tirer pleinement parti de la richesse de sa diversité.

Le chemin vers une société plus égalitaire et méritocratique sera long, mais il est crucial pour la cohésion nationale et le développement durable du pays. Les années à venir seront déterminantes pour voir si la nation congolaise saura relever ce défi et transcender ses divisions pour construire un avenir commun prospère.

Franck Tatu


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