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Kuluna à Kisenso : centre de santé saccagé, infirmières et malades violées !
Le centre de santé Révolution Kisenso, situé sur l’avenue Kitona num 7/8 au quartier Révolution dans la commune de Kisenso, a vécu une de ses pires nuits ce vendredi 11 septembre 2020 .
Selon différents témoignages, c’est vers 1h 55 que les assaillants , environs 60 personnes identifiés comme les enfants en conflit avec la loi communément appelés « Kuluna » ont fait irruption dans l’enceinte dudit centre en escaladant le mur.
Après que les éclaireurs aient réussi à ouvrir le portail à leurs camarades, ceux-ci ont neutralisé d’abord la sentinelle.
Armes blanches en mains (machettes et autres objets contondants), ils ont terrorisé le personnel de santé et les malades. S’en est suivi, la confiscation violente des biens des malades et du médecin de garde qui était surpris en train de dormir sur une table de fortune. Dans la poche de son pantalon 15000fc que les kulunas ont pris. Des chaussures et pantalons accrochés au mur sont également partis.
Dans leur projet macabre, les assaillants ont emporté tous les biens de valeur du centre de santé de référence du coin, notamment chaises des médecins (don de » Médecins sans frontières « ). Les produits pharmaceutiques de la Mespe (Mutuelle de santé des enseignants) et du centre lui-même, ont été emportés et d’autres vandalisés.
Le labo, cerveau moteur de détection de toutes les maladies, a été vidé, des réactifs de labo vandalisés et deux microscopes emportés.
Quant à la banque de sang, elle a été aussi visitée et des poches de sang trouées.
Un coffre-fort avec une somme d’argent importante, a été également emporté.
L’aspirateur de la salle d’accouchement, don de Ipas emporté lui aussi…
À la pédiatrie, les enfants sous transfusion et perfusion, retirés de leur séance de nuit .
Et comme si cela ne suffisait pas, ils ont atteint le sommet de leur forfaiture en violant 7 femmes dont 5 malades et deux jeunes infirmières sous les regards impuissants des autres personnels. Ces femmes ont saignée toute la journée de ce vendredi et sont sous le choc. Elles font déjà l’objet de stigmatisation alors que leurs blessures sont très fraîches.
Le médecin directeur, le Dr Minga, qui relate les faits en appelle à l’ implication des autorités provinciales dans le renforcement de la sécurité dans ce coin de la capitale qui, selon lui, semble être classé dans les oubliettes.
Ayant eu vent de cette triste nouvelle, « Ipas RDC » et « Afia mama » se sont déplacés pour s’enquérir de la situation, encourager les équipes et voir dans quelle mesure leur apporter soutien tant psychologique que logistique afin que les services de santé de qualité ne connaissent pas d’arrêt.
Le Dr JC Mulunda a rassuré ses partenaires de l’implication de sa structure pour les besoins de la population de Kisenso.
Ensuite, l’équipe Ipas et Afia mama s’est entretenue avec le directeur du bureau de la coordination de la zone de santé de Kisenso, lui rassurant de son soutien dans le domaine de la SSR. Ce dernier a, quant à lui, profité pour lancer le cri d’alarme à Ipas pour que celui-ci leur vienne en aide en logistique .
Signalons que la commune de Kisenso est dominée par plusieurs maux et la principale activité génératrice des revenus reste l’activité sexuelle. Beaucoup de femmes et jeunes filles sont exposées aux grossesses non désirées et recourent aux avortements cladestins. D’où la nécessité de l’implication des acteurs sociaux et étatiques pour des solutions idoines.
Petit Ben Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Guerre du M23/Rwanda : Des milliers de personnes fuient les combats en direction de Goma et au-delà
Les violents affrontements autour de la localité de Sake, dans l’est de la RDC, qui opposent l’armée congolaise, appuyée par ses alliés locaux, et le M23, soutenu par le Rwanda, poussent des milliers d’habitants de la région à fuir les combats. Si la plupart vont chercher refuge à Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu situé à seulement une vingtaine de kilomètres de là, d’autres préfèrent aller au-delà et franchir la frontière avec le Rwanda. Reportage.
À Goma, en RDC, l’angoisse est palpable sur la route principale qui relie les quartiers de Ndosho et de Katindo. Des colonnes de déplacés circulent à pied, à moto ou en bus en direction du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Désespérées, Alice et Kanyere racontent leur calvaire. « Il y a de nombreuses détonations et des avions qui bombardent là d’où nous venons. Il y a aussi beaucoup de militaires sur la route. Tout le monde s’enfuit ! », confie la première. « Beaucoup de bombes explosent et les balles sifflent. Nous avons dû quitter les huttes de notre camp, témoigne la seconde, dépitée, avant de poursuivre : je n’ai pas de famille à Goma. Il faut que le gouvernement termine la guerre ! »
Âgé d’une trentaine d’années, Haguma Banga marche, lui, avec un matelas sur la tête. Après avoir fui Sake, il est toujours sans nouvelle de sa famille. « Je ne sais pas où sont ma femme et mes cinq enfants. Ce serait un miracle de les retrouver », se désole-t-il.
A l’hôpital CBCA Ndosho, le personnel soignant s’active pour recevoir les blessés qui affluent également en masse, comme Mariam Kashindi, 22 ans, qui a quitté Sake en urgence après avoir reçu un éclat d’obus dans le bras. « Nous avions commencé à fuir, nous étions devant le marché de Mubambiro quand ma fille a été touchée par une bombe dont les éclats m’ont atteint, raconte-t-elle avant de poursuivre : nous fuyons le M23. J’ai trois enfants. L’un a été blessé, quant à l’autre, je ne sais pas où il est ».
« Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup »
Un peu plus loin, Neema Jeannette pleure allongée sur un lit. Elle a été touchée par une explosion alors qu’elle se trouvait avec un groupe d’amies. « Une bombe est tombée sur nous. Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup. Moi, je suis la seule survivante. Je remercie le CICR de m’avoir prise en charge à l’hôpital », sanglote-t-elle.
Cheffe de la sous-délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Nord-Kivu, Miriam Favier explique que l’établissement a été contraint d’activer ses quatre blocs opératoires en raison de l’afflux de blessés. « Depuis ce matin, plus de 70 patients sont déjà arrivés et ce n’est pas fini. C’est assez inquiétant », déplore-t-elle.
Si, à Goma, les autorités militaires comme la société civile appellent au calme, des écoles et plusieurs boutiques ont toutefois fermé leurs portes, tout comme l’Institut français, qui a décidé de suspendre temporairement ses activités. Les billets de tous les spectacles annulés seront intégralement remboursés, explique la structure dans un communiqué.
« Même ici, on vient d’entendre un obus tomber »
Anticipant une nouvelle dégradation de la situation sécuritaire, certains habitants ont, quant à eux, décidé de prendre les devants et sont passés au Rwanda voisin, où ils ont trouvé refuge dans la ville frontalière de Rubavu pour la plupart. « Mon mari habite ici, il m’a dit de le rejoindre pour fuir la panique qui s’empare de la ville de Goma », déclare ainsi Amina, une valise à la main et accompagnée de ses deux enfants.
Innocent, lui, a trouvé une chambre dans un hôtel. « Il y avait foule au niveau de la douane, c’était plein à craquer, rapporte-t-il. Alors, quand on a des enfants en bas âge, on ne va pas attendre la dernière minute pour partir, car on ne sait pas vraiment ce qu’il va se passer, on n’est pas sur la ligne de front. Même ici, on vient d’entendre un obus tomber, alors imaginez : quand on est à Goma, c’est comme si l’explosion avait lieu dans la parcelle d’à côté. Voilà pourquoi on a décidé de partir » poursuit celui-ci.
Comme beaucoup d’autres habitants du chef-lieu du Nord-Kivu, Innocent prévoit de rester à Rubavu, le temps de voir comment évolue la situation, avec l’espoir de pouvoir rentrer chez lui le plus rapidement possible.
RFI
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