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Kinshasa et la lutte contre l’homosexualité : Constant Mutamba ou la limite du populiste
Depuis plusieurs mois, la RD Congo est le théâtre d’un débat enflammé autour de la question de l’homosexualité, un sujet souvent tabou et controversé. Le ministre de la Justice Constant Mutamba Tungunga, porté par un populisme exacerbé, a récemment mis la lutte contre l’homosexualité au cœur de ses préoccupations.
Sa vidéo, toujours visible sur les réseaux sociaux, a déclenché des vagues de réactions tant sur le plan national qu’international. Comme tout populiste qui se respecte, le ministre d’état Constant Mutamba tente un rétropédalage insincère. Un changement de ton qui illustre une volonté contrainte de rétablir un certain équilibre dans le discours public.
Le ministre Constant Mutamba a récemment tenté de clarifier la position du gouvernement en affirmant que « nous ne nous attaquons pas aux homosexuels » et que « si vous voulez faire ces pratiques, faites-le dans votre maison ». Cette déclaration, tout en cherchant à apaiser les tensions, soulève des questions sur la nature même de la politique actuelle du gouvernement congolais.
Quelles sont les véritables motivations derrière cette soudaine volonté de rassurer une partie de la population ? Est-ce un rétropédalage opportuniste ou une réelle prise de conscience des enjeux sociétaux ? La rhétorique populiste qui a initialement placé l’homosexualité au centre du débat public semble avoir été motivée par un besoin de capitaliser sur des valeurs traditionnelles et conservatrices.
En ciblant une communauté déjà marginalisée, le gouvernement espérait sans doute renforcer son soutien auprès d’un électorat peu enclin à accepter des changements sociaux rapides. Cependant, cette stratégie a conduit à une polarisation accrue et à des violences verbales, voire physiques, contre les personnes LGBTQ+ dans un pays déjà champion du viol comme arme de guerre.
En rétablissant une certaine distance avec cette agitation, le ministre Mutamba semble reconnaître que la stigmatisation ouvertement affichée par lui-même ne fait qu’envenimer un climat déjà tendu. En affirmant « qu’aucun homosexuel ne sera arrêté dans la rue », le gouvernement tente de dissiper les craintes d’une persécution systématique observée depuis peu dans le pays.
Tout en maintenant une position qui laisse entendre que la déviance sexuelle est à cacher et à réprimander, le très populiste Constant Mutamba met le pays à cran. Le débat sur l’homosexualité en RDC ne se limite pas à une question de droits individuels comme il semble le dire entre les lignes. Il touche profondément aux valeurs culturelles et aux normes sociales.
Les propos du ministre d’état Mutamba, qui mentionnent une volonté d’assainir la vie publique, révèlent une préoccupation plus large pour le moral et l’ordre social. Néanmoins, cette approche soulève des interrogations sur la définition de ce qui constitue une « vie publique saine » et sur la manière dont les différences individuelles sont perçues et acceptées.
Le gouvernement congolais a la responsabilité de naviguer avec prudence dans ces eaux troubles. En réaffirmant que la répression ne cible pas des individus en tant que tels mais plutôt des comportements perçus comme indésirables, il semble vouloir éviter de provoquer des réactions violentes tout en maintenant une façade de contrôle social. Ce qui relève purement de ce fait du populisme.
Le rétropédalage du ministère de la Justice de la RDC sur la question de l’homosexualité marque un tournant dans la manière dont les autorités envisagent les droits et les pratiques des minorités. Alors que les tensions demeurent palpables, il est essentiel que le dialogue continue, non seulement pour protéger les individus, mais aussi pour construire une société plus tolérante et ouverte.
Dans un contexte où les droits humains sont souvent bafoués, la RDC doit réfléchir à la manière dont elle souhaite être perçue sur la scène internationale. La lutte contre l’homosexualité ne doit pas masquer les véritables défis auxquels le pays est confronté. Nul ne peut, Constant Mutamba Tungunga soit-il, se faire une notoriété publique sur le dos des populations fragiles et marginalisées.
Au lieu de cela, il est impératif de promouvoir des discussions constructives et respectueuses qui favorisent l’inclusion plutôt que l’exclusion. La question se pose désormais : ce tournant vers la modération est-il le début d’un changement durable ou simplement une manœuvre pour apaiser les esprits dans un climat politique tendu ? Seul l’avenir le dira.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
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10e édition MAKUTANO : “Nous allons lancer officiellement en RDC le projet BUILD HER FUTURE (Construire son futur) !” (Cathy Latiwa Allara)
En marge de la tenue prochaine de la dixième édition de l’International Business « MAKUTANO », à Kinshasa, capitale de la RD Congo, Cathy Latiwa a accordé, ce dimanche 03 novembre, une interview à la rédaction de CONGOPROFOND.NET sur les contours de ce grand événement qui sera axé sur “Un new deal pour une RDC et une Afrique fortes et prospères”.
Tout en encourageant les femmes entrepreneures à développer des affaires dans les secteurs dominés par les hommes (male dominited sectors), Cathy Latiwa a annoncé le lancement officiel du projet “BUILD HER FUTURE” (Traduire par Construire son futur), lequel est déjà en cours au Nigeria.
Conseillère principale en partenariat stratégique et mobilisation des fonds pour les Nations-Unies, ambassadrice globale et chargée de partenariats pour MAKUTANO, cette juriste est également conseillère en programmes, experte en inclusion et en genre travaillant dans le secteur du développement et de la gouvernance. En 2014, elle a fondé la « Fondation Latiwa pour le développement », une organisation philanthropique enregistrée en République démocratique du Congo, en République fédérale du Nigeria, au Cameroun et en Belgique, axée sur l’autonomisation économique des femmes et des filles.
CONGOPROFOND.NET : Avec la Fondation Latiwa pour le développement et grâce à MAKUTANO, dans quel sens comptez-vous participer au développement économique des femmes africaines et congolaises en particulier ?
Cathy Latiwa : Avec et grâce au réseau d’affaires MAKUTANO,
– Nous développons et mettons en place des stratégies pour les femmes d’affaires (et à tous) et des ouvertures aux nouveaux marchés régionaux, continentaux et internationaux sont légions ;
– Ouvertures aux nouveaux partenariats adéquats ;
– Nous sommes une plateforme qui permet de trouver les investisseurs et les financements locaux comme régionaux pour les CEO ;
– Au travers nos conférences, tables rondes et déplacements d’affaires, les femmes d’affaires sont mises à jour sur les voies et moyens d’établir et/ou de développer leurs affaires de manière adéquate selon leurs ambitions.
Tout ceci permet aux femmes d’affaires et entrepreneures congolaises comme africaines de se développer personnellement et professionnellement tout en développant l’économie de leur environnement (pays, régions et continents) en créant de l’emploi dans tous les secteurs.
CONGOPROFOND.NET : En tant que leader et femme entrepreneure, quelles sont les perspectives et les actions concrètes que vous envisagez pour la transformation et le développement du continent Africain ?
Cathy Latiwa : La mise en place des plateformes et tables rondes bilatérales d’échanges sectorielles avec la participation massive des femmes entrepreneures africaines, ceci permettrait de développer de manière efficace les partenariats bilatéraux d’affaires mais aussi de s’inspirer des leçons de réussite d’autres pays et continents.
Encourager les femmes entrepreneures à développer des affaires dans les secteurs dit ” male dominated sectors ” comme l’agrotech business, la gestion des déchets, les énergies renouvelables, la technologie, ceci par le soutien des formations et stages.
Cette année, le projet BUILD HER FUTURE sera lancé officiellement en RD Congo lors de la 10eme édition du MAKUTANO, lequel projet a déjà commencé au Nigeria. Il soutient et accompagne les petites et moyennes entreprises dans les secteurs de recyclage, d’énergie verte et d’agriculture.
CONGOPROFOND.NET: Parlez-nous de vos expériences des éditions précédentes de l’International Business MAKUTANO et vos quelques réalisations en tant qu’ambassadrice globale et chargée de partenariats pour Makutano.
Cathy Latiwa : Depuis plus de 5 années, chaque édition a sa particularité. Partant des rencontres professionnelles locales comme internationales enrichissantes et des perspectives d’affaires plus réalistes. Mon réseau personnel et professionnel continental a quadruplé. Nous avons fait partie de ceux qui ont développé le “Business Council RDC-Nigeria”, depuis deux ans (facilitant alors les échanges commerciales et d’affaires entre les deux pays).
L’événement Makutano “Hors les murs” à Abidjan a permis de renforcer les relations économiques entre la RDC et la Côte d’Ivoire. Makutano a pu être présent au Forum Economique Mondiale de Davos en janvier 2024 et à l’Assemblée Générale des Nations Unies 2024 (UNGA) multipliant les opportunités d’investissement avec le monde. Ceci a contribué à améliorer l’image et la confiance du climat des affaires au Congo.
CONGOPROFOND.NET: Avec ces expériences vécues avec MAKUTANO, que pourront être, selon vous, le rôle et l’impact des femmes dans le développement du continent et de la RDC ?
Cathy Latiwa : La Congolaise comme Africaine joue un rôle crucial dans le développement du continent et a un impact significatif dans des nombreux domaines tels que l’agricole et de la sécurité alimentaire partant de la production, transformation à la commercialisation; l’éducation et les soins de santé.
Depuis peu en RDC comme dans le continent Africain, l’accès à l’éducation, à la formation professionnelle et celui de la gouvernance et du leadership pour les femmes est de plus en plus évoqué et amélioré. Le nombre des femmes entrepreneurs africains est le plus élevé dans le monde, les réseaux d’affaires, d’investissements se multiplient et le taux des CEO dans différents secteurs porteurs comme l’agriculture, la technologie, les finances augmentent.
L’Afrique est devenue, en quelques années, le premier continent de l’entreprenariat féminin, 27% des femmes y créent une entreprise, soit le taux le plus important à l’échelle mondiale et contribuent entre 300 et 350 milliards USD à la croissance économique africaine. Grâce aux réseaux comme MAKUTANO, les femmes comprennent les différents moyens d’investissements autres que les banques.
Nous avons plus de femmes dans les gouvernements (exemple de la RDC en 2024) africains et à la tête des pays.
Ceci permet une présence féminine non seulement représentative mais significative. Les femmes restent une opportunité économique pour l’Afrique. Promouvoir l’égalité des genres avec l’accès aux opportunités entraînerait une augmentation de 10% du PIB sur le continent, soit 316 milliards de dollars d’ici 2025 selon le partenariat mondial de l’éducation.
Le programme inclusif de Makutano 10 cette année, au travers des panels sectoriels, a démontré la présence des femmes dans l’impact des affaires au Congo comme en Afrique. Une “Women House” a même été dédié aux échanges d’opportunités d’affaires pour une présence significative des femmes.
CONGOPROFOND.NET: En tant que membre de la société civile, connaissant les réalités, les difficultés et les défis de votre société (congolaise), quel plaidoyer feriez-vous en faveur de vos compatriotes au président et aux membres du gouvernement qui prendront également part à ces assises ?
Cathy Latiwa : – Nous souhaiterions avoir plus d’infrastructures adéquats dans l’éducation et la formation professionnelles
– Nous souhaiterions avoir dans le budget prioritaire du gouvernement plus d’infrastructures adéquates dans l’éducation et la formation professionnelle et celles-ci accessibles à tous ;
– Intégrer dans le système éducatif universitaire ou/et professionnelles des secteurs porteurs prioritaires qui répondent aux besoins des populations congolaises comme la technologie et le numérique; l’agrobusiness, l’économie verte, les énergies renouvelables…
– Une loi qui réglemente le pourcentage/le quota des femmes dans les postes de décisions et de directions des institutions publiques et privés ;
– Continuer à assainir et promouvoir un climat des affaires inclusif pour attirer les investisseurs et les partenaires.
Propos recueillis par Tchèques Bukasa & Exaucé Kaya/CONGOPROFOND.NET
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