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Kinshasa en mode « CONFINEMENT TOTAL VOLONTAIRE ! »

Malgré le report du confinement total par le gouverneur de la ville, Gentiny Ngobila Mbaka, la population de Kinshasa a carrément refusé de sortir et de vaquer à ses occupations, ce samedi 28 mars 2020.
Un calme insolite et inédit a régné dans plusieurs communes de la ville-province de Kinshasa, toute la matinée et en ce début d’après-midi.
Les grandes artères sont quasiment vides. Dans quelques bus, taxis-bus et d’autres transports en commun publics, on compte pas plus de 5 passagers à l’intérieur.
Boutiques, salons de coiffure et autres n’ont pas ouvert leurs portes ce samedi.
Les quelques marchés visités par les reporters de CONGOPROFOND.NET sont quasiment vides. Sauf quelques vendeuses des pondu, matembele, et autres condiments n’ont pas joué aux abonnés absents.
Une situation jamais vécue sur le bord du fleuve Congo, mais qui a révélé l’incapacité des autorités locales à communiquer sur les vrais problèmes.
Le rétropédalage du gouvernement provincial de Kinshasa sur la mesure de confinement total, a créé des doutes sur l’existence du virus pour les uns et pour les autres les autorités mettent en danger la population.
Un habitant de Lemba qui a répondu aux questions de CONGOPROFOND.NET explique en des termes clairs le pourquoi de ce confinement volontaire. » J’avais déjà tout acheté pour les quatre jours et si le gouverneur a annulé sa décision, moi je reste à la maison d’ailleurs on est samedi. Pas de bars, je ne sais où aller et je profite pour passer le temps avec mes enfants, mais sinon nos autorités doivent apprendre à être sérieux à un moment où les vies des gens sont en danger… », a-t-il regretté.
Rappelons que la ville de Kinshasa était mouvementée ce vendredi par les achats des denrées alimentaires et autres produits de premières nécessités. Sans protection adéquate, plusieurs personnes en panique se sont frottées dans ces marchés durant toute la journée d’hier. Ce qui pourrait, selon certains observateurs, favoriser la grande contamination de la population.
Sur le plan sanitaire, personne ne saura douter de l’augmentation vertigineuse des cas si seulement un positif faisait parti des groupes des gens sans protection.
Un analyste des faits de société propose de réduire les lieux de rassemblement des populations et leurs raisons dans la ville. Il faut par ailleurs réglementer les motifs de déplacement en imposant des règles strictes.
Pour l’instant l’auto-prévention est utile en restant à la maison, suivre et respecter les recommandations des médecins sur le moyen de prévenir le coronavirus.
Petit Ben Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Kinshasa perd une plume d’or : Sénado alias « Général Bowane » s’en est allé

Kinshasa pleure l’un de ses enfants prodiges. Sénado Mananasi, connu encore sous le nom de « Général Bowane », s’est éteint, emportant avec lui un pan discret mais fondamental de l’histoire musicale congolaise. Auteur, compositeur, parolier de l’ombre, il était pourtant la source lumineuse derrière des tubes devenus cultes dans les années 80 et 90.
Natif de Kingasani, dans le district populaire de la Tshangu, Sénado a été bercé dès l’enfance par l’effervescence musicale de Kinshasa. Vers le milieu des années 1980, il entre dans les orchestres Balafon et Select Musica de Malembe Chant, où sa voix suave et son sens inné de la mélodie le rendent vite incontournable.
Mais c’est surtout par la plume que le Général Bowane se distingue. Il signe en effet « Sai Sai », chanson mythique interprétée par Papa Wemba, devenue un succès planétaire. Un titre qui a traversé les frontières du Congo pour résonner jusqu’en Europe et dans les diasporas africaines. Peu savent que derrière cette pépite, se cachait ce parolier modeste, attaché à sa Tshangu natale.
Sénado a également prêté son talent à de nombreuses formations musicales de Kinshasa. Plusieurs chansons interprétées par le clan Wenge Musica portent sa signature, preuve de son ancrage profond dans la sève artistique qui a nourri une génération entière. Les archives officieuses de la musique congolaise regorgent de ces refrains populaires dont il fut l’architecte discret.
Par ailleurs, il était le grand frère de Chai Ngenge, ancien membre éminent du groupe Wenge BCBG de JB Mpiana. Une fratrie musicale donc, dont l’influence s’étend sur plusieurs décennies de rumba, de ndombolo et de toutes les hybridations qui ont fait la renommée du « son kinois ».
L’annonce de sa mort a suscité une vive émotion parmi les mélomanes, les artistes, et ceux qui, dans l’ombre comme lui, œuvrent à l’immortalité de la culture congolaise. Les hommages affluent, mais nombreux sont ceux qui regrettent que Sénado n’ait jamais reçu de reconnaissance à la mesure de son apport. Comme tant d’autres génies silencieux de la scène congolaise, il s’en va sans disques d’or, mais avec l’or des cœurs.
Son parcours rappelle cruellement combien la mémoire musicale congolaise est souvent injuste avec ses bâtisseurs. Le Général Bowane n’était pas une figure de paille : il était un passeur d’émotion, un faiseur de classiques, un pilier invisible d’une époque d’or.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET