Société
Kananga : les commerçants « Bayanda » dénoncent des tracasseries et extorsions sur la route de Nganza
Les commerçants à vélo, surnommés les « Bayanda », qui approvisionnent la ville de Kananga en produits agricoles, ont lancé un cri d’alarme ce vendredi 19 septembre. Ils dénoncent des tracasseries routières et des extorsions systématiques de la part des forces de l’ordre postées à une barrière illégale érigée sur la rivière Lubi, dans la commune de Nganza.
Selon les témoignages recueillis, une barrière non officielle a été mise en place dans le village de Kandibu. À cet endroit, les éléments de l’ordre rackettent les commerçants à vélo. Chaque « Bayanda » serait contraint de payer une somme allant de 2 000 à 3 000 francs congolais, à l’aller comme au retour.
Ceux qui refusent de payer subissent des violences. Les commerçants affirment être forcés de rebrousser chemin ou, pire, de céder une partie de leurs marchandises. Certains d’entre eux ont même rapporté avoir perdu leurs vélos et leurs biens, ou avoir été violemment tabassés.
Les « Bayanda » accusent directement le bourgmestre de la commune de Nganza d’être derrière cette situation. Ils affirment qu’il serait à l’origine de l’installation de cette barrière, en collaboration avec les éléments de l’ordre qui y sont affectés.
Les commerçants soulignent l’importance vitale de l’axe Nganza-Dibaya, une route de desserte agricole essentielle pour l’approvisionnement de Kananga. Ce tronçon est la principale source de produits de première nécessité, tels que les tomates, les aubergines, le maïs et le manioc. Les pratiques d’extorsion freinent l’écoulement de ces produits vers les marchés locaux, ce qui a un impact direct sur la chaîne d’approvisionnement et, par conséquent, sur les prix des denrées pour les consommateurs de la ville.
Face à cette situation qui compromet à la fois leur sécurité et leurs activités économiques, les commerçants « Bayanda » lancent un appel pressant aux autorités politico-administratives du Kasaï Central et de la ville de Kananga. Ils les exhortent à intervenir rapidement pour mettre fin à ces tracasseries et garantir la libre circulation des personnes et des biens.
Félicien MK | CONGOPROFOND.NET
À la Une
Ndanu, cité engloutie : Chronique d’un quartier que Kinshasa laisse mourir
Coincé entre Kingabwa, Salongo et Masina, enserré par les courbes capricieuses de la rivière Ndjili, le quartier Ndanu (dans la commune de Limete) sombre chaque saison dans un cauchemar hydraulique sans échéance. Les ruelles s’effacent, les maisons s’affaissent, les habitants avancent au rythme des crues, comme suspendus à une apocalypse qui ne dit plus son nom. Entre enclavement, inondations et digue de fortune, une clameur résonne : « Sauvez Ndanu ! »

Un quartier au bord de l’effacement
Lors d’une descente à la mi-journée, le constat s’impose sans détours : Ndanu n’est plus un quartier, mais un archipel humain, morcelé par les eaux, perdant chaque année une part de son territoire et un fragment de sa dignité urbaine. Depuis les années 1990, les inondations frappent ce sol marécageux comme une sentence.
« Ici, nous vivons dans les eaux comme des amphibiens », lâche un habitant, évoquant en parallèle le royaume fictif de Talokan du film Black Panther 2. L’image n’est pas exagérée.
« Quand il pleut au Kongo-Central, Ndanu coule »
Le paradoxe frise l’absurde. Selon les habitants, il suffit parfois qu’un orage s’abatte sur le Kongo-Central pour que la Ndjili déborde à Kinshasa.
« Même quand il ne pleut pas ici, les eaux viennent nous gifler », témoigne une mère installée à Ndanu depuis 1986.
Le danger est double :
– la rivière Ndjili, dont les crues rongent la berge ;
– le fleuve Congo, dont les poussées renforcent la pression sur ses affluents.
– Une mécanique hydraulique infernale.
La digue de fortune : le dernier souffle d’un peuple abandonné
À Ndanu, la « digue » est une fiction : une muraille précaire faite de sacs de sable entassés, reconstruite après chaque désastre.
« Ce n’est plus une protection, c’est un pansement sur une plaie béante », déplore un maître d’arts martiaux, visage connu du quartier.
Aux premières pluies, les ruelles, dont l’avenue Musa, se muent en couloirs de boue. Même les postes de police et la paroisse catholique Saint-Bernard n’échappent pas à la liste des sinistrés chroniques.
Ici, la pluie ne féconde plus : elle tue.
Un quartier sans État, mais pas sans courage
L’État est presque absent, si ce n’est dans quelques abris de fortune utilisés comme postes de police. Ce qui reste debout tient à la résilience des habitants : la paroisse Saint-Bernard, son école primaire et secondaire, un marché improvisé pour survivre.
Selon les témoins, le ministre des ITPR a déjà foulé les lieux lors d’inondations passées. Mais aucune solution, aucun projet durable n’a suivi.
Les habitants se disent « orphelins de la planification », négligés par l’urbanisme, l’aménagement, le transport et les voies de désenclavement.
Ndanu, micro-Lesotho oublié au cœur de Kinshasa
Pour entrer ou sortir de Ndanu, trois itinéraires improbables :
– par l’avenue Fikisi vers Terrain Salongo, via un pont rural au bord de l’effondrement ;
– par la même Fikisi, via Saint-Bernard, jusqu’à l’usine Efablo et Kingabwa ;
– ou en pirogue, direction l’abattoir de Ndjili et la paroisse Don Bosco.
Comme un Lesotho miniature, Ndanu est une enclave que les eaux isolent du reste de la capitale.
Terre fertile, mémoire brisée
Un notable rappelle qu’autrefois, Ndanu fut un domaine agricole chinois avant l’arrivée progressive des familles sous le chef Mayudu dans les années 1980.
La terre y demeure fertile, la pêche y reste généreuse.
Ironie tragique : la nature qui nourrit est aussi celle qui détruit.
Crépuscule, orage et présage d’Armageddon
Au terme de la visite, le soleil s’est éteint derrière un amas de nuages lourds. Puis la pluie est tombée d’un seul bloc.
« Encore la pluie… Elle annonce la méchanceté », murmure un habitant.
À Ndanu, chaque goutte porte la peur d’un nouveau malheur.
Ndanu, un SOS avant disparition
Comme Atlas sous le poids des cieux, Ndanu porte chaque saison le fardeau des eaux.
Les habitants ne réclament pas des promesses : ils demandent une action claire, immédiate.
L’Hôtel de Ville et le gouvernement central doivent trancher :u rbaniser, consolider les digues, désenclaver, ou organiser une relocalisation digne, si le danger s’avère irréversible.
Sans intervention urgente, Ndanu risque de devenir le premier quartier officiellement englouti de Kinshasa.
« Quand finira cette punition des eaux ? », questionne une habitante. La réponse appartient désormais à l’État, et au temps.
Barca Horly Fibilulu Mpia
