À la Une
Internationale Socialiste : Augustin Kabuya défend la cause congolaise à Niamey
Les 16 et 17 juin 2023, Augustin Kabuya a conduit, à Niamey (Niger), une forte délégation de son parti, l’UDPS, à la réunion du Comité Afrique de l’Internationale Socialiste, organisation mondiale des partis socialistes et progressistes dans laquelle il occupe le poste de vice-président depuis le congrès de Madrid(Espagne) de novembre 2022. En vue de cerner le fond de ces instances, CONGOPROFOND.NET a recueilli les propos de Me Elvis Mayo Bieme, son Directeur de cabinet. ( Interview)
Congoprofond.net : Quel a été l’objet de ces assises internationales ?
Me Elvis Mayo Bieme : Comme membre de l’Internationale Socialiste, l’Udps a répondu à l’invitation pour participer à cette réunion du comité Afrique ayant pour thème « Consolider la démocratie et renforcer les capacités des Etats dans la région Africaine ». Hormis le traitement de ce sujet, il était aussi question de la présentation des rapports nationaux, de l’élaboration d’un plan d’action pour la Déclaration de Dakar et de l’élection d’un nouveau président pour le comité Afrique.
Congoprofond.net : Comme à l’habituel, nous avons vu M. Augustin Kabuya avec une forte délégation, quel message – a- t-il porté ?
Me Elvis Mayo Bieme : Depuis le congrès de Madrid de l’an dernier, M. Augustin Kabuya a été élu vice –président de cette organisation. Il participe régulièrement et activement aux réunions du présidium et s’est fait accompagner des cadres du Parti provenant respectivement de l’exécutif du Parti, de la ligue des femmes, de la convention démocratique du parti, de la ligue des jeunes et de son cabinet. Du haut de la tribune, le vice – président a défendu la cause de notre pays concernant l’agression et la présence des troupes rwandaises sur notre sol sous couvert du M23. Du pillage de nos richesses à l’insécurité croissante dans la partie Est du pays, en passant par l’impact dévastateur de cette agression sur l’éducation des enfants – au moins 2 100 écoles du Nord-Kivu et Ituri contraintes de cesser les activités- M. Augustin Kabuya a solliciter l’accompagnement de l’Internationale Socialiste afin que la paix soit définitivement rétabli à l’Est.
Congoprofond.net : M. Augustin Kabuya n’-a-t-il pas tenu un mot sur la politique interne, notamment sur le processus électoral ?
Me Elvis Mayo Bieme : Le vice- président, partisan de l’unité nationale, a dénoncé l’attitude malsaine de l’opposition politique qui multiplie des efforts pour fouler au pied le progrès enregistré dans le bon fonctionnement des institutions depuis l’avènement de Felix – Antoine Tshisekedi au pouvoir. « L’opposition développe un discours de haine tribale visant à dresser 450 tribus contre une seule à laquelle appartient le chef de l’Etat, c’est qui est inacceptable en plein 3ème millénaire où le vivre collectif est universellement encouragé pour le progrès de l’humanité et de la nation congolaise en particulier » a-t-il dit. Il l’a évidemment imagé par le flagrant cas des deux députés d’une partie de l’opposition et bien identifiés (l’un national et l’autre provincial) qui ont fait scandale sur des plateaux de télévision. Sur le processus électoral, il a exprimé le souhait que l’Internationale Socialiste obtient le statut d’observateur lors des élections de décembre 2023.Congoprofond.net :
Congoprofond.net : En bref, quel a été l’essentiel des travaux réalisés dans cette réunion ?
Me Elvis Mayo Bieme : Essentiellement, il y a eu des discours introductifs- Président du Pnds Tarayya du Niger- Secrétaire générale de l’Is- Président de l’Is et 1er ministre espagnol- ; beaucoup d’interventions des partis politiques sur le thème de la réunion ; des travaux sur l’élaboration du plan d’action pour la Déclaration de Dakar consistant en 14 résolutions sur l’Afrique politique, la démocratie, la paix, le multilatéralisme, les droits des femmes, la jeunesse africaine, la transition écologique et l’agir contre le repli identitaire de l’Internationale Socialiste. Un fait marquant aussi, celui de l’élection du nouveau président du comité Afrique en la personne de Monsieur Saleh Kebzabo, l’actuel premier ministre tchadien. Les membres du présidium ont été reçus successivement par l’ancien président Mahamadou Issoufou et par l’actuel Mohamed Bazoum. Un communiqué final et une conférence de presse ont clôturé la réunion.
Propos recueillis par Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
There is no ads to display, Please add some
À la Une
“Les rébellions rwandaises au Kivu ( 1996-2024)” de Nicaise Kibel’Bel : Mettre fin à l’instrumentalisation de Kigali et batir, enfin, un système de défense digne d’un Congo convoité
Question : Monsieur Nicaise, votre dernier ouvrage dérange par son titre « Les rébellions rwandaises au Kivu ». Pourquoi avoir choisi ce titre ?
Nicaise Kibel’Bel Oka : Un titre n’est jamais choisi au hasard. Son choix répond au contenu et aux réalités du livre. Effectivement, le livre décrit toutes ces rébellions rwandaises depuis 1996 qui ont trouvé un terrain d’expérimentation sur le sol congolais. Pour l’illustrer par un exemple. A chaque fois qu’il y a dialogue entre le gouvernement et les « rebelles » congolais, avez-vous déjà vu les rebelles remettre armes et équipements militaires ? Ils ne peuvent pas le faire parce que ces armes ne sont pas les leurs. Et pire, ce ne sont pas les Congolais qui les manient au front.
Q. : Comment expliquez-vous alors cette stratégie du régime Kagame d’instrumentaliser des Congolais ?
N.K.O. : C’est une stratégie simple qui fonde toute la philosophie du pouvoir au Rwanda. Elle consiste à créer des zones de tensions et à les maintenir indéfiniment. Il y a des personnes, des médias et institutions payées pour alimenter ces conflits. Ces tensions sont à la base de la guerre hybride dans la région. En réalité, Kigali n’a que faire des « rebelles » congolais pour qui il n’a aucune considération. Depuis Laurent-Désiré Kabila jusqu’à Corneille Nangaa, ils sont vilipendés et jamais leurs noms ne sont cités au Rwanda.
Q. : Les rébellions rwandaises au Kivu. Comment comprendre que derrière elles, ce sont des revendications des populations d’expression kinyarwanda qui sont mises en avant ?
N.K.O. : Il faut apporter un bémol. Paul Kagame ne défend pas les populations d’expression kinyarwanda comme il a voulu longtemps le faire croire. Il défend selon lui les populations martyrisées Hamites en RDC. C’est toute la différence idéologique. Et tant qu’on ne comprendra pas cette distinction, on naviguera à vue dans la déstabilisation de la région.
Q. : Pouvez-vous être plus explicite dans ce que vous avancez ?
N.K.O. : Au Rwanda comme au Burundi, il y a trois ethnies (Hutu, Tutsi et Twa). Les Hutu et les Tutsi parlent tous le kinyarwanda mais ne sont pas des Hamites. Défendre les populations d’expression kinyarwanda signifierait défendre les Tutsi et les Hutu. Or, Kagame voue une haine viscérale contre les Hutu qu’il qualifie à tous les niveaux des « génocidaires ». Et donc, à défaut de les défendre et de les protéger, il doit les combattre, les neutraliser. C’est ce qu’il demande au gouvernement congolais. Comment la RDC perçoit la notion du génocide ? Est-ce que tous les Hutu même ceux qui sont Congolais sont des génocidaires ? Les populations Hamites du Congo subissent-elles de réprimandes ?
Q. : Selon vous, comment mettre fin alors à toutes ces rébellions rwandaises au Kivu ?
N.K.O. : Tout d’abord il faut établir une nette différence entre le Rwanda et la RDC. Cet exercice pédagogique poursuit deux finalités. Primo, faire comprendre aux populations Hamites du Congo que ce n’est pas Kigali qui va résoudre leurs problèmes. On ne peut pas indéfiniment vivre en seigneur de guerre au bénéfice d’un autre État contre son pays. Secundo, le pouvoir au Rwanda a été construit sur la violence, sur les oppositions entre Hutu et Tutsi. Ce qui n’est pas le cas pour la RDC. Il faut d’abord aider le Rwanda à trouver des solutions aux problèmes de la cohabitation entre Hutu et Tutsi. Il n’y a que le dialogue et la réconciliation comme thérapie à des tensions ethniques.
Nicaise Kibel’Bel Oka, journaliste d’investigation et auteur du livre, en méditation. Archives Les Coulisses).
Q. : Apparemment vous êtes le seul à faire ce diagnostic. N’est-ce pas que vous rêvez ?
N.K.O. : C’est le vrai diagnostic pour une paix dans la région. Et je ne suis pas le seul. De nombreux rwandais (Hutu comme Tutsi) sont convaincus qu’il faille un dialogue pour une réconciliation au Rwanda. Ceci, pour éviter le cycle infernal de tensions et de guerre. Aucune ethnie ne prendra indéfiniment le dessus sur l’autre.
L’ex-président Hutu du Rwanda, Pasteur Bizimungu, prédécesseur de Paul Kagame, a exprimé ce regret devant le Parlement avant d’être démis.
Q. : « Toutes les composantes au niveau national ne se sentent pas représentées dans l’autorité du Rwanda ».
Et d’ajouter à notre micro en 2001 : « Ce qui a déchiré le Rwanda, c’est plus particulièrement l’exclusion de certaines sections de la population. Pendant 150 années, se sont succédé des luttes de pouvoir entre les élites tutsi et hutu. Chaque fois que l’une arrivait au pouvoir, elle monopolisait à son profit excluant d’autres tout en violant les droits fondamentaux. Le FPR a suivi malheureusement le sentier bâti.
De par l’histoire de notre pays, il est démontré que les gens qui se sont emparés du pouvoir par la force militaire n’ont jamais réussi quelle que soit la durée au pouvoir. Toute exclusion mène forcément à la force ».
Au Rwanda, comme l’écrit Gaël Faye dans son livre « Jacaranda » : « La paix n’est qu’une guerre suspendue ». Le cycle de violence au Rwanda n’est que momentanément suspendu.
Q. : Votre livre parle de l’impunité dont jouit le régime de Kigali. Pourquoi les deux poids, deux mesures ? Pensez-vous que l’Occident ne comprend pas le drame de la région ?
N.K.O. : Les Occidentaux jouent au sapeur-pompier pour maintenir les tensions qui garantissent leurs intérêts. En choisissant le « Bon » et le « Mauvais » au Rwanda, ils ont tout fait pour que le FPR ne puisse jamais répondre de ses actes devant la justice internationale. Ce qui lui donne la force de narguer les autres. La logique des Occidentaux ne résiste pas à la logique normale. Prenez le cas de l’Ukraine. Ils livrent des armes à l’Ukraine mais lui interdisent de frapper des cibles russes. C’est exactement un embargo qui ne dit pas son nom. C’est le même cas avec la RDC. On nous impose de négocier avec le Rwanda qui occupe des pans entiers de notre territoire. Qui arme le Rwanda ?
Notre livre essaie de passer au peigne fin cette mésaventure tout en épinglant aussi les faiblesses dans notre système de défense qui est resté dans le ghetto et aujourd’hui incapable de faire face aux menaces actuels et à venir. Ce livre baigne dans la couleur locale. Mon livre est un appel à la prise de conscience contre l’instrumentalisation rwandaise et à la mise en place d’un système de défense digne du Congo. Rome a été hospitalière tout en étant expansionniste.
Nous vous donnons la vraie information et nous en payons le prix. Soutenez-nous. Votre contribution financière est attendue. Contacts utiles : +243 998 190 250 et/ou +243 824 244 844
A bâtons rompus avec Nicaise Kibel’Bel Oka
There is no ads to display, Please add some