Analyses et points de vue
Guy Loando réinvente le dialogue institutionnel : trois réformes pour une démocratie congolaise renouvelée
En cent jours seulement, le Ministre d’État Guy Loando transforme un ministère technique en un levier stratégique de modernisation et de transparence. Il est des nominations qui passent inaperçues, et d’autres qui, dès les premiers instants, tracent une nouvelle voie. Celle de Guy Loando Mboyo au ministère des Relations avec le Parlement appartient résolument à la seconde catégorie.
Cent jours après sa prise de fonction, le Ministre d’État Guy Loando a présenté une feuille de route aussi audacieuse que nécessaire, dévoilant trois réformes structurantes qui promettent de revitaliser en profondeur le dialogue entre le Gouvernement et le Parlement. Premier pilier de cette renaissance : la création de l’Académie Parlementaire de la RDC (APA-RDC).
Loin d’être une simple structure de formation, cette académie incarne une vision à long terme. Il s’agit ni plus ni moins de forger l’excellence parlementaire congolaise de demain. En professionnalisant l’ensemble des acteurs – des élus eux-mêmes à leurs collaborateurs – cette institution inédite vise à élever le niveau du débat législatif, à améliorer la qualité technique des lois et à ancrer le travail parlementaire dans les réalités socio-économiques du pays.
C’est un investissement sur le capital humain, le plus précieux pour une démocratie apaisée et performante. Deuxième innovation majeure : l’instauration d’un Mécanisme National de Redevabilité Gouvernementale. Cette initiative marque un tournant historique vers une culture de la transparence et de la responsabilité. En documentant et en clarifiant systématiquement les engagements de l’exécutif devant les chambres, ce mécanisme offre enfin une boussole aux parlementaires et aux citoyens.
Il s’agit de remplacer les promesses floues par un suivi rigoureux, transformant le dialogue gouvernement-parlement en un exercice concret, évaluable et orienté vers les résultats pour la population. Enfin, avec le lancement du magazine “L’Hémicycle”, Guy Loando s’attaque à un défi fondamental : la fracture entre les institutions et les citoyens. Ce média institutionnel se veut une passerelle, un outil de pédagogie qui ouvre les portes d’un univers trop souvent perçu comme distant ou réservé aux initiés.
En décryptant le fonctionnement de la machine étatique, il œuvre à restaurer la confiance et à permettre à chaque Congolais de s’approprier le débat démocratique. Une démocratie ne peut être vivante que si elle est comprise par tous. Sous l’impulsion de Guy Loando, le ministère des Relations avec le Parlement se métamorphose. Il cesse d’être une simple courroie de transmission technique pour devenir un véritable architecte d’un dialogue institutionnel modernisé, robuste et tourné vers l’avenir.
Ces trois réformes, imbriquées et complémentaires, forment un cercle vertueux : des institutions plus compétentes (par l’Académie), un exécutif plus redevable (par le Mécanisme) et une démocratie plus inclusive (par le magazine). C’est le début d’une refondation prometteuse, qui place la rigueur, la transparence et le service de l’intérêt général au cœur de l’action publique. La RDC dispose désormais des outils pour construire un dialogue d’État à la hauteur de ses aspirations.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
Actualité
Népotisme en Tanzanie : Suluhu Samia lance la révolution dynastique en carton
C’est une époque bénie que nous vivons. Une époque où le mérite, la compétence et l’intégrité, ces vieilles lunes ringardes de la gouvernance, sont enfin reléguées au musée des antiquités politiques. À la place, la présidente tanzanienne Suluhu Samia nous offre une leçon de modernité : la généalogie comme seul et unique critère de recrutement ministériel.
Dans un geste audacieux qui a dû faire rougir de jalousie les monarchies les plus absolutistes, Mme la Présidente a en effet décidé que le sang était plus épais que le CV. Ainsi, sa propre fille, Wanu Hafidh Ameir, se voit propulsée au rang de vice-ministre de l’Éducation, des Sciences et de la Technologie. Parallèlement, son gendre, Mohammed Mchengerwa, déjà en poste, se voit confirmé dans son rôle de ministre de la Santé.
Le couple power, c’est tendance. Pourquoi se fatiguer à chercher les talents dans la nation entière quand on peut faire ses courses dans son salon ? Il faut saluer l’efficacité de cette démarche. Plus besoin de commissions de sélection fastidieuses, d’entretiens d’embauche ou de vérification des antécédents. Le processus est simplifié à l’extrême : “Es-tu de ma lignée ? Oui ? Bienvenue au gouvernement.” C’est une véritable révolution administrative.
Une grille de compétences entièrement nouvelle, où “être l’enfant de” est la compétence suprême, surpassant de loin des détails insignifiants comme l’expérience, l’expertise ou la vision politique. On imagine la scène à la table du petit-déjeuner familial. “Chéri, passe-moi le sel. Au fait, le ministère de la Santé, ça te dirait ?” Maman, tu peux me donner un peu plus de confiture ? Et aussi, un poste de vice-ministre, ce serait parfait pour moi.
La gouvernance devient un affairisme domestique, une histoire de famille au sens le plus littéral du terme. Bien sûr, les communicants du pouvoir tenteront de nous noyer le poisson en évoquant les qualifications des intéressés. Mais soyons sérieux. Dans un pays de près de 60 millions d’habitants, rempli de médecins, d’ingénieurs, de professeurs et de chercheurs émérites, le hasard a-t-il vraiment fait si bien les choses que les deux personnes les plus qualifiées pour ces postes stratégiques se trouvent être la fille et le gendre de la cheffe de l’État ?
Quelle coïncidence astronomique ! Il faudrait jouer au Loto immédiatement. Ce coup de maître nous rappelle que le népotisme n’est pas une pratique archaïque ; c’est un art qui se modernise. On ne parle plus de petits postes obscurs, mais des portefeuilles clés pour l’avenir du pays : la Santé et l’Éducation. L’avenir de la jeunesse tanzanienne, les politiques de recherche, la gestion des hôpitaux… tout cela est désormais une affaire de famille.
C’est rassurant, non ? De savoir que des décisions cruciales sont prises autour d’une tablée où la dynamique beau-père / belle-fille prime peut-être sur l’intérêt national. Le message envoyé à la jeunesse tanzanienne est d’une clarté cristalline : “Travaille dur, étudie, bats-toi… mais surtout, choisis bien tes parents.” C’est la fin du rêve méritocratique. À quoi bon gravir les échelons par l’effort quand la clé du pouvoir se trouve dans son arbre généalogique ?
Suluhu Samia, qui avait hérité d’un mandat dans des circonstances tragiques et avait suscité un semblant d’espoir, enterre aujourd’hui cet espoir sous le ciment lourd du copinage et du népotisme le plus éhonté. Elle ne construit pas un héritage, un legs, elle édifie une dynastie. Une dynastie en carton-pâte, qui repose non pas sur la légitimité du peuple ou la grandeur des accomplissements, mais sur les liens du sang. Félicitations, Madame la Présidente.
Vous venez d’offrir à la Tanzanie un gouvernement qui a le visage… de votre famille. Un cadeau empoisonné, un retour en arrière qui fait passer le pays pour une propriété privée. L’Histoire retiendra que sous votre égide, le plus grand ministère de Tanzanie fut, et reste, celui de la Famille.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
