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Gouvernement : le FCC écarte définitivement Bahati Lukwebo

À l’issue des consultations formelles initiées par le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba en vue de la formation du prochain gouvernement, Néhémie Mwilanya Wilondja, coordonnateur du Front commun pour le Congo ( FCC) a fait savoir, ce mercredi 07 août 2019, que Modeste Bahati Lukwebo ne devrait pas faire partie du prochain gouvernement.
« Les affaires de la nation ne se traitent pas en fonction des individus. Je vous ai dit qu’il y a un accord de coalition et cet accord engage les forces politiques qui ont la majorité parlementaire au sein de l’Assemblée. Je sais que l’AFDC de BAHATI LUKWEBO s’est bien définie en dehors de deux forces politiques qui constituent la majorité parlementaire qui s’est engagée à accorder la légitimité au Premier ministre », a-t-il déclaré devant la presse.
Au sujet de la décision du Premier ministre de recevoir trois noms pour chaque portefeuille, le coordonnateur du FCC Néhémie Mwilanya Wilondja a fait savoir que la formation d’un gouvernement est tout un processus. » Je crois que la tradition veut que le Premier ministre qui forme le gouvernement ait une base suffisante pour juger le profil de ceux qui vont faire partie du gouvernement », a-t-il appuyé.
Par ailleurs, il s’est également prononcé sur la probabilité de voir une session extraordinaire à l’Assemblée nationale.
« La session ordinaire, c’est le 15 septembre. On a plus d’un mois. Si la population a fait pression sur les négociateurs que nous sommes, si nous étions parvenus à cet accord politique avant la session ordinaire, il n’est que normal que le premier ministre puisse avoir le temps nécessaire pour former son gouvernement qui devra s’atteler à préparer la session budgétaire », a-t-il conclu.
Bien avant, le chef du gouvernement de la République Démocratique du Congo Sylvestre Ilunga a remis aux chefs des files de ces deux délégations deux documents, à savoir : le chronogramme sur la durée de désignation des ministrables et le fil conducteur contenant les critères devant permettre à chaque composante de désigner des ministres. Tout en leur rappelant qu’au moment de grands enjeux, il est important de doter le pays d’un gouvernement des hommes » braves, intègres » pour pouvoir répondre aux besoins de développement et des désidératas de la population.
Enfin, il a rendu un hommage mérité au Chef de l’État, Félix Antoine TSHISEKEDI, pour avoir placé sa confiance en lui en le nommant au poste de Premier ministre, par la même occasion, il a fait pareil à Joseph KABILA Kabange, autorité morale du FCC qui l’avait choisi parmis ses nombreux camarades qui étaient aussi cités pour ce poste.
MUAMBA CLÉMENT/CONGOPROFOND.NET
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Ouganda-RDC : Muhoozi aligne Kampala derrière Tshisekedi

Le chef des forces armées ougandaises, le général Muhoozi Kainerugaba, a pris une position remarquablement directe sur l’avenir politique de la République démocratique du Congo (RDC). Dans une série de tweets percutants publiés vendredi, il a déclaré que l’ancien président Joseph Kabila ne devait en aucun cas revenir au pouvoir, tout en exprimant un soutien clair au président Félix Tshisekedi.
« Je ne laisserai pas Joseph Kabila redevenir président de la RDC ! Oubliez cette idée », a tweeté le général Muhoozi. Il a critiqué Kabila pour avoir permis aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle d’origine ougandaise, de s’installer dans l’est du Congo pendant près de deux décennies. « Kabila a laissé les ADF prospérer dans l’est de la RDC pendant 17 ans. Il ne nous a jamais autorisés à agir contre eux. Son Excellence Tshisekedi est bien meilleur à cet égard », a-t-il ajouté, avant de conclure : « Mon grand frère, Son Excellence Félix Tshisekedi, est le président de la RDC, et je le soutiendrai autant que possible. »
Ces déclarations sont intervenues à un moment clé, quelques heures après la signature, à Washington, d’une Déclaration de principes pour la paix entre le Rwanda et la RDC, sous l’égide des États-Unis et en présence du secrétaire d’État Marco Rubio. Cet accord engage les deux pays à respecter leur souveraineté respective, à promouvoir l’intégration régionale et à démanteler les groupes armés opérant le long de leurs frontières communes.
Les relations Ouganda-RDC : un enjeu économique majeur
Les liens entre l’Ouganda et la RDC se sont considérablement renforcés au cours de la dernière décennie. Selon la Banque de l’Ouganda, la RDC est désormais la deuxième destination des exportations ougandaises, après le Kenya. En 2023, les exportations officielles vers la RDC ont dépassé 500 millions de dollars, auxquelles s’ajoutent environ 200 millions de dollars via le commerce transfrontalier informel. Les principaux produits exportés incluent le ciment, l’acier, les denrées alimentaires et les produits pétroliers.
L’intégration de la RDC dans la Communauté est-africaine (EAC) en 2022 a encore accéléré ces échanges, soutenue par des investissements dans les infrastructures, comme le poste frontalier de Mpondwe et les routes reliant l’Ouganda aux villes de l’est congolais. Maintenir la paix et renforcer les relations avec Kinshasa est donc crucial pour la croissance économique de l’Ouganda.
Une coopération sécuritaire renforcée sous Tshisekedi
Contrairement à l’administration de Kabila, qui bloquait les initiatives ougandaises sous prétexte de souveraineté, Tshisekedi a permis une coopération militaire accrue. L’opération conjointe « Shujaa », lancée par l’Ouganda et les forces congolaises, vise à neutraliser les ADF dans l’est du Congo. Par ailleurs, des rapports de l’ONU et des services de renseignement congolais accusent des réseaux proches de Kabila de soutenir des groupes armés comme le M23 et l’Alliance Fleuve Congo (AFC), qui déstabilisent l’est du pays et menacent les corridors commerciaux ougandais.
Tshisekedi a lui-même accusé Kabila d’être le « véritable leader » de l’AFC, qui s’est alliée au M23 pour combattre son gouvernement. Lors d’une récente visite à Goma, ville contrôlée par l’AFC/M23, Kabila a déclaré s’y sentir « plus en sécurité » qu’ailleurs en RDC, laissant entendre des liens étroits avec ces mouvements rebelles.
Les risques d’un retour de Kabila
Un retour de Kabila au pouvoir pourrait raviver l’insécurité le long des frontières ougandaises, compromettre le commerce et annuler les progrès sécuritaires obtenus. En dénonçant publiquement Kabila et en soutenant Tshisekedi, Muhoozi aligne l’Ouganda sur un agenda de stabilité régionale, alors que les voisins du Congo et les acteurs internationaux, notamment les États-Unis, œuvrent pour des accords de paix durables. Ses propos rassurent également Kinshasa de la loyauté de l’Ouganda, dans un contexte où des intérêts régionaux concurrents menacent les alliances.
Un marché stratégique pour l’Ouganda
Au-delà de la sécurité, l’est du Congo représente un marché inexploité pour les produits ougandais, avec des opportunités d’investissement dans l’agriculture, l’énergie, la construction et la logistique. Soutenir Tshisekedi permet à l’Ouganda de sécuriser ces intérêts économiques et de renforcer son rôle dans l’intégration régionale.
Les tweets de Muhoozi, bien que d’une franchise inhabituelle pour un haut responsable militaire, traduisent une stratégie calculée : l’avenir de l’Ouganda passe par un partenariat renforcé avec un leadership légitime et stable en RDC. Ils envoient un message clair : Kampala soutient les alliés de la stabilité, de la coopération économique et des efforts de paix internationaux, tout en se distanciant des acteurs accusés d’alimenter les conflits dans l’une des régions les plus riches mais les plus instables d’Afrique.
Alors que la RDC se prépare à sa prochaine transition politique, la bataille pour son futur leadership aura des répercussions majeures, non seulement pour les Congolais, mais aussi pour toute l’Afrique de l’Est.
FNK