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Gouvernement d’Union nationale : Quand l’offre révèle la « BÉGUITÉ » des calculs politiques tant du pouvoir que de l’opposition (Tribune d’Ambroise Mamba/Journaliste et Chercheur en Sciences Politiques)

C’est le moment de le dire, ça passe ou ça casse entre l’opposition et le pouvoir après l’annonce du gouvernement d’Union nationale. L’offrant tend une main pleine de triomphalisme, juste ce qu’il faut pour susciter le courroux du consommateur qui bombe le torse: « Nous ne sommes pas demandeur du dialogue, mais il s’impose ». Bienvenue à la BÉGUITÉ des calculs de ces deux blocs politiques.
La perche
La constitution d’un gouvernement d’Union nationale avait été annoncée, par le chef de l’État, Félix Tshisekedi le samedi 22 février 2025, lors d’un échange avec les sociétaires de l’Union Sacrée de la Nation, à la cité de l’Union Africaine. C’était quelques heures après sa participation au forum sur la sécurité tenu en Allemagne, alors que la ville de Bukavu venait de tomber « sous le contrôle du RDF/M23/AFC ».
Pourquoi Félix Tshisekedi avait-il annoncé cette ouverture, pendant qu’il était farouchement opposé à un dialogue direct avec le M23 ?
Il faut reconnaître que les données de terrain ne lui étaient pas favorables. Bukavu, une deuxième grande ville du pays venait de chuter sans résistance côté FARDC. Dès cet instant, tout le monde voyait une avancée rapide de la « révolution » vers la capitale, pour renverser le pouvoir de Félix Tshisekedi. Le président de la République n’avait pas d’autres choix que de se montrer ouvert à des pourparlers avec ses opposants, pendant qu’il était même appelé à la démission.
C’est ici que les calculs politiques débutent. La première chose est que les opposants pensent avoir pris le dessus sur le président de la République et soutiennent l’initiative de la CENCO et l’ECC. L’objectif, ici, est de faire du chef de l’État un interlocuteur au même niveau que tous, et l’empêcher de se mettre au dessus de la mêlée. Une position qui s’est fragilisée après les sanctions occidentales contre le Rwanda.
L’impact des sanctions contre le Rwanda
Les premières sanctions américaines sont tombées le jeudi 20 février 2025, contre le ministre rwandais de l’Intégration régionale, James Kabarebe, et le porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka. S’en est suivie la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies demandant au Rwanda de retirer ses troupes du territoire congolais, avant les sanctions de l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Belgique, le Canada et l’Allemagne. Toutes ces sanctions, sans oublier celles du sommet conjoint SADC-EAC, ont eu à peser dans le développement de la situation sur le terrain. La coalition RDF-AFC-M23 est restée dans ses positions occupées et les FARDC, pour leur part se sont abstenues d’attaquer, par respect au cessez-le-feu exigé par la Communauté internationale.
Ici, la « victoire » diplomatique de Félix Tshisekedi affaiblit un peu le Rwanda qui arrête la poursuite de la conquête de nouveaux territoires. Pendant ce temps, la main du président de la République reste tendue aux opposants pour la formation du gouvernement d’Union nationale. Ici, intervient le deuxième calcul de l’opposition. « Si on laisse Tshisekedi dans une position de force, il nous malmène ». C’est là que Joseph Kabila fait sa sortie médiatique pour rééquilibrer les choses. L’objectif est de montrer à la Communauté internationale que la situation en RDC, est un problème congolo-congolais. Mais cette thèse, ne semble, malheureusement pas, pour l’opposition, séduire la communauté internationale.
Participation de l’opposition au gouvernement d’Union nationale
L’opposition politique armée et non armée, considère sa participation au gouvernement d’Union nationale comme un pari risqué. Déjà 2028 arrive, va-t-il quitter le pouvoir ? Quel rapport existerait-il entre le gouvernement d’Union nationale non issue de la majorité parlementaire et l’Assemblée nationale issue des élections ? Des questions dont les réponses ne sont pas rassurantes. Ainsi, elle (l’opposition ) ne souhaite pas faire des cadeaux au chef de l’Etat. Elle souhaite parler d’egal à égal avec celui dont les ambitions sont de se mettre au dessus de la mêlée. Jean-Marc Kabund, Mike Mukebayi et Seth Kikuni sortent de la prison et deviennent de plus en plus virulents. Ils disent ne pas être demandeurs du Dialogue, mais indiquent que le dialogue s’impose, soutenant par ricochet, l’initiative de la CENCO et l’ECC, sans laquelle leurs poids politiques ne sauraient être reconnus par les tenants du pouvoir.
Qui va faire quoi et qui prendra quoi ?
En annonçant l’ouverture, le président de la République a, en réalité, tendu la main à l’opposition de lui venir en aide, pour que la cohésion nationale lui permette de l’emporter sur l’agresseur. Mais l’offre manque de déclic, puisque la main tendue est pleine de triomphalisme qui repousse en même temps l’opposition. Ici, le pouvoir veut obtenir une cohésion sans véritables concessions, en mettant en avant ses victoires diplomatiques. L’opposition se voit, pour sa part, embarquée dans un projet où on lui donne le statut de quemandeur. C’est là, qu’elle bombe le torse et montre ses biceps : « Nous ne cherchons pas le dialogue, mais il s’impose « .
Le calcul de l’opposition est simple. Intégrer le gouvernement d’Union nationale sans revendications est suicidaire pour elle. Elle se propose de soutenir la démarche de la CENCO-ECC pourtant suspectée par le pouvoir. Une cohésion nationale par l’initiative de la CENCO-ECC renforce l’opposition et amoindrit le pouvoir. Celle initiée par le chef de l’État, par son conseiller spécial en matière de sécurité, amoindrit l’opposition et réconforte le pouvoir. Qui va faire quoi et qui prendra quoi ? La réponse à cette question est à trouver dans l’évolution de la situation sécuritaire sur le terrain.
Minerais aux Américains ou aux Chinois ?
Après les sanctions de la communauté internationale contre le Rwanda, la diplomatie congolaise a été créditée d’une victoire. Mais au fil du temps, il s’est révélé s’agir d’une affaire des minerais congolais comme contre partie du pouvoir de Kinshasa à ce que d’aucuns qualifient de victoire diplomatique. Certaines indiscrétions rapportent que le pouvoir en place aurait cedé des minerais aux Américains pour qu’ils pèsent de leur poids dans la sécurité de la RDC et pour son intégrité territoriale. Ce projet, une fois réalisé, donnerait une large victoire au pouvoir sur l’opposition, dont la présence dans le gouvernement d’Union nationale serait indésirable. Minerais contre sécurité, comme ce fut le cas de minerais contre infrastructures.
Mais la question qu’il faut se poser est celle-ci : « Quels minerais Félix Tshisekedi donnerait-il aux Américains ? Ceux appartenant déjà aux Chinois ou ceux n’existant plus ? ». Dans un passé récent, l’ancien PCA de la Gecamines Albert Yuma révélait que presque tous les minerais de la RDC étaient déjà bradés pour une durée de 50 ans. Il apparaît donc que la promesse du pouvoir à offrir des minerais aux Américains semble chimérique, sauf si l’on veut rééditer l’exploit de vendre des minerais déjà cédés à des tiers, comme ce fut le cas d’une mine d’or d’autrui vendue au Qatar.
C’est ici que la sincérité tant du pouvoir que de l’opposition est indispensable. Personne n’est fort. Tout le monde est fragile. La BÉGUITÉ des calculs tant du pouvoir que de l’opposition nourrira les egos au détriment de la patrie. Ressaisissez-vous pendant qu’il est encore temps.
Ambroise Mamba Ntambwe
Directeur des informations/ Congoweb et Chercheur en sciences politiques
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Katanda : Quand le pacte de paix révèle son pouvoir mystique

La localité de Katanda est le théâtre d’événements pour le moins insolites depuis la signature d’un pacte de paix et de vivre-ensemble historique entre les communautés Bena Muembia, Bena Kapuya et Bena Nshimba. Cet accord, fruit de longues négociations et de la médiation des grands chefs coutumiers de la région, visait à mettre un terme aux tensions et aux conflits intercommunautaires qui ont, par le passé, assombri la vie de ces populations.
Si le pacte a engendré une atmosphère d’harmonie et de fraternisation inédite, des incidents récents ont suscité l’étonnement et l’interprétation au sein de la communauté, certains y voyant la manifestation d’un pouvoir mystique inhérent à cet engagement solennel.
Les faits rapportés, bien que distincts, ont en commun leur caractère singulier et leur survenance dans la période consécutive à la signature du pacte de paix. Le premier incident concerne une femme de la communauté Bena Nshimba qui s’était rendue à Katabua, une localité voisine, dans le but de collecter du bois mort. Selon les témoignages recueillis sur place, alors qu’elle déterrait des maniocs dans un champ qui ne lui appartenait pas, elle a été victime de la morsure simultanée de trois serpents.
Le second incident, tout aussi étrange, s’est déroulé à Dipumba. Un jeune homme, dont l’appartenance communautaire n’a pas été officiellement précisée mais qui, selon certaines sources locales, serait lié à l’une des communautés autrefois en conflit, se serait accidentellement tiré dessus en manipulant une arme à feu. L’arme en question aurait été initialement apportée dans le but d’une attaque, vestige des anciennes animosités intercommunautaires.
Ces deux incidents, survenus dans un laps de temps relativement court après la signature du pacte de paix, sont perçus par une partie significative de la population locale comme étant plus que de simples coïncidences. Certains habitants y voient une manifestation tangible du pouvoir mystique qui sous-tend l’accord de paix et de vivre-ensemble, auquel ont participé les plus hauts dignitaires coutumiers de la région. L’interprétation dominante suggère que ces événements pourraient être des avertissements ou des conséquences liés au non-respect des termes tacites ou explicites du pacte, ou encore des manifestations de forces spirituelles veillant au maintien de la nouvelle harmonie.
Mike Tyson Mukendi / CONGOPROFOND.NET