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Fermeture des frontières, interdiction des vols et des mouvements migratoires, etc. : État d’urgence décrété en RDC

Afin de combattre efficacement la progression à grand pas du coronavirus en RDC, le Chef de l’Etat a décrété, ce mardi 24 mars, l’État d’urgence sur l’ensemble du territoire national.
À l’en croire, en effet, le pays est dans une situation de guerre. Il s’agit d’une guerre asymétrique aux conséquences désastreuses que nous pouvons éviter. L’ennemi, l’adversaire étant invisible, le Chef de l’Etat a décrété une nouvelle série de mesures pour le contenir.
*LE PRESIDENT A DECIDE :*
1. Interdiction de tous les voyages de Kinshasa vers les Provinces et des Provinces vers Kinshasa, afin de permettre le confinement de la Ville de Kinshasa, foyer de la pandémie. Ceci implique :
2. L’interdiction de tous les vols des passagers dans les deux sens Kinshasa – Provinces,
à l’exception des avions transportant du fret et dont les équipages seront soumis à
un contrôle d’usage strict au départ comme à l’arrivée ;
• L’interdiction de tous les mouvements migratoires, par les transports en com-
mun, des bus, camions et autres véhicules de l’intérieur vers Kinshasa et
de Kinshasa vers l’intérieur. Des barrières doivent être érigées par les Gouver-
neurs, et les équipages devront se soumettre au contrôle de rigueur en matière
du Coronavirus ;
• L’interdiction des tous les transports fluviaux des passagers de Kinshasa vers
les Provinces et vice-versa.
Seuls les bateaux et les embarcations transportant les marchandises avec
équipages et convoyeurs seront autorisés ;
3. La fermeture de toutes les frontières du pays aux passagers et à toute personne, sauf
pour les camions, navires, avions cargos avec fret ;
4. L’obligation pour le Gouverneur de la Ville Province de Kinshasa d’instruire tous
les Bourgmestres de chaque commune de la Ville d’éviter tout attroupement.
Et de placer plusieurs points de lavage des mains avec désinfectant ou savon, surtout
dans des agglomérations à grandes affluences où le manque d’eau et d’électricité est
quasi permanent.
Ici, j’instruis le Gouvernement de trouver les moyens de ravitailler ces quartiers pour
assurer l’hygiène. En même temps, il faudra multiplier les points de lavage des mains
à l’aéroport International de N’Djili et appuyer les équipes de la RVA et de la DGM pour
que nul n’échappe au contrôle d’hygiène
5. Mise en place d’un service minimum au sein du gouvernement et des institutions pour
palier au confinement, à leurs domiciles des autres agents de l’État.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Ouganda-RDC : Muhoozi aligne Kampala derrière Tshisekedi

Le chef des forces armées ougandaises, le général Muhoozi Kainerugaba, a pris une position remarquablement directe sur l’avenir politique de la République démocratique du Congo (RDC). Dans une série de tweets percutants publiés vendredi, il a déclaré que l’ancien président Joseph Kabila ne devait en aucun cas revenir au pouvoir, tout en exprimant un soutien clair au président Félix Tshisekedi.
« Je ne laisserai pas Joseph Kabila redevenir président de la RDC ! Oubliez cette idée », a tweeté le général Muhoozi. Il a critiqué Kabila pour avoir permis aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle d’origine ougandaise, de s’installer dans l’est du Congo pendant près de deux décennies. « Kabila a laissé les ADF prospérer dans l’est de la RDC pendant 17 ans. Il ne nous a jamais autorisés à agir contre eux. Son Excellence Tshisekedi est bien meilleur à cet égard », a-t-il ajouté, avant de conclure : « Mon grand frère, Son Excellence Félix Tshisekedi, est le président de la RDC, et je le soutiendrai autant que possible. »
Ces déclarations sont intervenues à un moment clé, quelques heures après la signature, à Washington, d’une Déclaration de principes pour la paix entre le Rwanda et la RDC, sous l’égide des États-Unis et en présence du secrétaire d’État Marco Rubio. Cet accord engage les deux pays à respecter leur souveraineté respective, à promouvoir l’intégration régionale et à démanteler les groupes armés opérant le long de leurs frontières communes.
Les relations Ouganda-RDC : un enjeu économique majeur
Les liens entre l’Ouganda et la RDC se sont considérablement renforcés au cours de la dernière décennie. Selon la Banque de l’Ouganda, la RDC est désormais la deuxième destination des exportations ougandaises, après le Kenya. En 2023, les exportations officielles vers la RDC ont dépassé 500 millions de dollars, auxquelles s’ajoutent environ 200 millions de dollars via le commerce transfrontalier informel. Les principaux produits exportés incluent le ciment, l’acier, les denrées alimentaires et les produits pétroliers.
L’intégration de la RDC dans la Communauté est-africaine (EAC) en 2022 a encore accéléré ces échanges, soutenue par des investissements dans les infrastructures, comme le poste frontalier de Mpondwe et les routes reliant l’Ouganda aux villes de l’est congolais. Maintenir la paix et renforcer les relations avec Kinshasa est donc crucial pour la croissance économique de l’Ouganda.
Une coopération sécuritaire renforcée sous Tshisekedi
Contrairement à l’administration de Kabila, qui bloquait les initiatives ougandaises sous prétexte de souveraineté, Tshisekedi a permis une coopération militaire accrue. L’opération conjointe « Shujaa », lancée par l’Ouganda et les forces congolaises, vise à neutraliser les ADF dans l’est du Congo. Par ailleurs, des rapports de l’ONU et des services de renseignement congolais accusent des réseaux proches de Kabila de soutenir des groupes armés comme le M23 et l’Alliance Fleuve Congo (AFC), qui déstabilisent l’est du pays et menacent les corridors commerciaux ougandais.
Tshisekedi a lui-même accusé Kabila d’être le « véritable leader » de l’AFC, qui s’est alliée au M23 pour combattre son gouvernement. Lors d’une récente visite à Goma, ville contrôlée par l’AFC/M23, Kabila a déclaré s’y sentir « plus en sécurité » qu’ailleurs en RDC, laissant entendre des liens étroits avec ces mouvements rebelles.
Les risques d’un retour de Kabila
Un retour de Kabila au pouvoir pourrait raviver l’insécurité le long des frontières ougandaises, compromettre le commerce et annuler les progrès sécuritaires obtenus. En dénonçant publiquement Kabila et en soutenant Tshisekedi, Muhoozi aligne l’Ouganda sur un agenda de stabilité régionale, alors que les voisins du Congo et les acteurs internationaux, notamment les États-Unis, œuvrent pour des accords de paix durables. Ses propos rassurent également Kinshasa de la loyauté de l’Ouganda, dans un contexte où des intérêts régionaux concurrents menacent les alliances.
Un marché stratégique pour l’Ouganda
Au-delà de la sécurité, l’est du Congo représente un marché inexploité pour les produits ougandais, avec des opportunités d’investissement dans l’agriculture, l’énergie, la construction et la logistique. Soutenir Tshisekedi permet à l’Ouganda de sécuriser ces intérêts économiques et de renforcer son rôle dans l’intégration régionale.
Les tweets de Muhoozi, bien que d’une franchise inhabituelle pour un haut responsable militaire, traduisent une stratégie calculée : l’avenir de l’Ouganda passe par un partenariat renforcé avec un leadership légitime et stable en RDC. Ils envoient un message clair : Kampala soutient les alliés de la stabilité, de la coopération économique et des efforts de paix internationaux, tout en se distanciant des acteurs accusés d’alimenter les conflits dans l’une des régions les plus riches mais les plus instables d’Afrique.
Alors que la RDC se prépare à sa prochaine transition politique, la bataille pour son futur leadership aura des répercussions majeures, non seulement pour les Congolais, mais aussi pour toute l’Afrique de l’Est.
FNK