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Fatshi à Oyo : “Paix et Élections”, les 2 attentes de la Société civile du Nord-Kivu 

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La paix à l’Est du pays” et “Les élections”. Voilà ce que la Société civile du Nord-Kivu attend du séjour du président de la République Félix Antoine Tshisekedi à Oyo au Congo-Brazzaville.

Pour Edgard Mateso, premier-vice-président des forces vives du Nord-Kivu, cette visite arrive au moment où le pays est agressé par les M23 et d’autres rebelles à l’Est de la RDC. A l’en croire, la paix est la seule denrée rare qui manque à l’est du pays et la pacification de cette partie doit être de mise pour le numéro un de la RDC.

Pour lui, les autres ministres qui sont en train de voyager à l’extérieur du pays, doivent parler de la paix dans la partie orientale du pays. « Nous sommes en train de traverser deux contextes différents actuellement dans notre pays. Le premier contexte est celui de la guerre et que donc, dans tous les échanges que le chef de l’Etat peut effectuer avec ses homologues ou avec ses partenaires, nous aurions souhaité que l’on puisse discuter la question de la guerre au Nord-Kivu, la question de la pacification du Nord-Kivu, la question du M23, la question de la condamnation du Rwanda pour agression de la RDC. Ici, c’est ce qui peut nous intéresser, c’est ce qui peut nous enchanter et nous aurions souhaité que partout où le chef de l’Etat passe ou les membres du gouvernement passent, qu’ils ne puissent pas mettre de côté cette question », indique-t-il.

La deuxième attente est celle liée au processus électoral. Edgar Katembo Mateso estime que les élections doivent se passer dans la quiétude et l’inclusivité. C’est ainsi qu’il demande aux autorités, à tous les niveaux, à prendre au sérieux cette question qui ne peut pas être résolue que par la situation sécuritaire dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Lubero et Beni, etc. C’est pour, d’après lui, permettre à tous les citoyens de participer à la gestion de la chose publique. « Au deuxième contexte, celui de préparation des élections dans notre pays. On aurait souhaité qu’elles puissent se dérouler dans le délais, mais quand le Nord-Kivu est déjà pacifié, pour permettre à la population qui a fui ses villages de pouvoir y retourner et participer au processus électoral comme tous les autres citoyens de la République Démocratique du Congo dans la quiétude. Dans tous les voyages du chef de l’Etat, dans les contacts avec ses partenaires, nous aurions souhaité que ces questions soient prioritaires pour permettre à ce que notre pays puisse être pacifié et faire participer la population à la vie politique de notre pays », précise-t-il.

Notons que c’est depuis le week-end dernier que le président de la république Félix Antoine Tshisekedi sejourne à Oyo en République sœur du Congo-Brazzaville dans le cadre des échanges bilatéraux entre ces deux Etats voisins.

Dalmond Ndungo/CONGOPROFOND.NET


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Le tribalisme institutionnel en RDC : un frein majeur au développement national

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La République Démocratique du Congo (RDC), pays d’une immense diversité ethnique et culturelle, fait face à un défi de taille : le tribalisme institutionnel. Ce phénomène, s’est amplifié ces dernières années et constitue un obstacle majeur au développement harmonieux du pays. Notre analyse se penche sur la manière dont cette pratique s’est enracinée dans les sphères religieuses et académiques, deux piliers essentiels de la société congolaise.

L’héritage colonial et ses répercussions actuelles

L’histoire de la RDC est profondément marquée par son passé colonial. La stratégie du “diviser pour régner” employée par les autorités belges a laissé des cicatrices durables dans le tissu social du pays. Cette politique a exacerbé les divisions ethniques, créant un terrain fertile pour le tribalisme qui persiste jusqu’à aujourd’hui.

Les données démographiques, bien qu’anciennes, témoignent de la complexité ethnique du pays. Le dernier recensement officiel, datant de 1984, dénombrait plus de 350 groupes ethniques distincts. Cette diversité, qui pourrait être une source de richesse culturelle, est souvent instrumentalisée à des fins politiques et économiques.

Les communautés religieuses : un miroir des divisions ethniques

Les grandes communautés religieuses de la RDC, notamment les églises évangéliques, sont au cœur de cette problématique. Des observations sur le terrain et des analyses de la composition des organes de direction de ces institutions révèlent une tendance inquiétante à la surreprésentation de certains groupes ethniques.

Prenons l’exemple de la Communauté Baptiste du Centre de l’Afrique (CBCA), une institution majeure dans l’est du pays. Bien qu’opérant dans une région multi-ethnique, la composition de ses instances dirigeantes semble favoriser de manière disproportionnée les membres d’une ethnie particulière.

De même, la Communauté Presbytérienne de Kinshasa (CPK), qui se veut une église nationale, présente une structure de leadership qui reflète une forte concentration régionale, avec une majorité de ses cadres supérieurs provenant d’une seule province.

Ces pratiques, loin d’être isolées, semblent être répandues dans de nombreuses institutions religieuses à travers le pays. Elles soulèvent des questions importantes sur l’inclusivité et l’équité au sein de ces communautés, censées promouvoir l’unité et l’égalité.

Le monde académique : reproduction des schémas tribaux

Le secteur de l’enseignement supérieur n’échappe pas à cette dynamique. Des observations dans plusieurs universités majeures du pays, tant publiques que privées, mettent en lumière des schémas similaires de favoritisme ethnique.

L’analyse de la composition du corps professoral et des postes administratifs dans certaines institutions révèle une surreprésentation flagrante de certains groupes ethniques. Cette situation est particulièrement prononcée dans les universités régionales, où le corps enseignant et l’administration reflètent souvent la composition ethnique locale, au détriment de la diversité nationale.

Cette pratique a des conséquences graves sur la qualité de l’enseignement et de la recherche. Elle limite la diversité des perspectives, freine l’innovation et perpétue un système où le mérite est souvent secondaire par rapport à l’appartenance ethnique.

Impact sur le développement national

Les répercussions du tribalisme institutionnel vont bien au-delà des murs des églises et des campus universitaires. Elles affectent profondément le développement économique et social du pays dans son ensemble.

Les indicateurs de développement placent systématiquement la RDC parmi les pays les moins avancés. Selon l’Indice de Développement Humain, la RDC se classe régulièrement dans le dernier quart du classement mondial. Bien que de nombreux facteurs contribuent à cette situation, le tribalisme institutionnel joue un rôle non négligeable en entravant la méritocratie et l’allocation efficace des ressources humaines.

Dans le secteur privé, des enquêtes menées auprès d’entrepreneurs révèlent que la discrimination basée sur l’origine ethnique reste un obstacle majeur dans l’accès aux opportunités d’affaires et aux financements. Cette situation freine l’innovation et la croissance économique, privant le pays de talents et d’idées qui pourraient contribuer à son développement.

Le jeu dangereux des alliances politiques

L’analyse des nominations à des postes clés au sein des institutions religieuses et académiques révèle souvent des coïncidences troublantes avec les changements politiques au niveau national ou provincial. Ces observations suggèrent l’existence d’un système d’échange de faveurs entre certaines communautés religieuses, des universités et le pouvoir politique.

Ce système de clientélisme basé sur l’appartenance ethnique perpétue un cercle vicieux où le mérite et les compétences sont relégués au second plan. Il contribue à maintenir en place des structures de pouvoir qui ne reflètent pas la diversité du pays et ne servent pas nécessairement ses intérêts à long terme.

Vers des solutions : initiatives et perspectives

Face à ce constat, des voix s’élèvent dans la société civile congolaise pour demander un changement. Des propositions émergent, telles que l’instauration de quotas ethniques dans les institutions publiques et parapubliques pour garantir une représentation équitable de toutes les communautés.

Certaines universités ont commencé à mettre en place des programmes visant à promouvoir la diversité ethnique au sein de leur corps enseignant et étudiant. Bien que ces initiatives soient encore à leurs débuts, elles représentent un pas dans la bonne direction.

L’inclusion : un défi pour l’avenir de la RDC

Le tribalisme institutionnel en RDC est un phénomène complexe, profondément enraciné dans l’histoire et la culture du pays. Son éradication nécessitera des efforts concertés de la part de tous les acteurs de la société congolaise.

La lutte contre cette pratique est essentielle pour l’avenir du pays. Elle est indispensable pour garantir l’égalité des chances pour tous les Congolais, indépendamment de leur origine ethnique, et pour permettre au pays de tirer pleinement parti de la richesse de sa diversité.

Le chemin vers une société plus égalitaire et méritocratique sera long, mais il est crucial pour la cohésion nationale et le développement durable du pays. Les années à venir seront déterminantes pour voir si la nation congolaise saura relever ce défi et transcender ses divisions pour construire un avenir commun prospère.

Franck Tatu


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