Analyses et points de vue
Enjeux politiques : J. Kabila doit nettoyer la Cour FCC pour affronter 2023 ( JJ Mwanza, analyste politique)

L’image du Front Commun pour le Congo( FCC), plateforme politique de Joseph Kabila, est mitigée au sein de l’opinion publique nationale. L’adhésion de la grande masse à ses initiatives bègue à plusieurs coups.
La réaction instinctive d’une bonne partie de la population contre les propositions des lois Minaku-SAKATA, le choix de Ronsard Malonda et tant d’autres sujets sont des exemples éloquents de la mauvaise posture actuelle du « kabilisme ». La tendance est-elle réversible ? Oui, répond sans hésiter Jean Jeff Mwanza, analyste politique, ajoutant que seul Joseph Kabila peut lui-même d’un coup changer la donne. « On le connait brillant politicien, fin stratège pour ses idées de génies, ses schémas de plus rationnels que surprenants », affirme-t-il.
» Joseph Kabila, le même qu’on accuse de tous les maux, endossant mauvaise foi et incompétence de quelques caciques de son régime passé, doit aujourd’hui surmonter des égos et des considérations et faire un grand ménage, question de tenter un nouveau départ , une nouvelle réputation pour son camp politique », estime Jean Jeff Mwanza, ancien candidat député national et provincial.
Puisque les communications du FCC ne passent plus au sein de l’opinion, Jean-Jeff Mwanza pense que les cadres commis à cette tâche dans cette plateforme politique seraient l’une des causes de ce blocage. Il estime qu’il est temps de penser à « de nouvelles figures qui jouissent encore de peu de confiance de la population pour redorer l’image de la plateforme et mieux passer les projets de la famille politique de Joseph Kabila ».
« Si le FCC veut des bons résultats aux élections de 2023, c’est le moment de revoir ses relations avec la population car sans cela la sanction en 2023 risque d’être plus sévère que celle de 2018 qui l’a fait perdre la présidence de la République malgré tous les moyens mis à sa disposition », ajoute cet analyste politique.
Il rappelle que le FCC regorge des « colombes » telles que Gaston Musemena, Thierry Monsenepwo, Serge Kadima, Antoine Ghonda, Dieudonné Nkishi, Me Guy Mafuta Kabongo, Richard Muyej Mangez Mans, ou encore André Kimbuta qui jouissent d’une certaine aura au sein de leur communauté. Cette aura pourra servir au clan de l’ex président de la République en panne de communion avec la majeure partie de la population.
Jean-Jeef Mwanza pense que le FCC peut également miser sur la gente féminine. » Il y a des femmes dynamiques comme Bernadette Mpundu, Béatrice Lomeya, Collette Tshomba, Elysée Munembwe,… Question de mieux passer ses messages et redresser son front grâce à la crédibilité que la population accorde à ces figures ».
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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RDC-USA : Un partenariat stratégique qui redéfinit l’équilibre régional et humilie l’incurie rwandaise

Alors que l’administration Trump revenait au pouvoir en janvier 2025 avec une doctrine « America First » plus agressive, peu auraient parié sur un ré-alignement stratégique aussi audacieux que celui proposé par Félix Tshisekedi, Président de la République démocratique du Congo à l’administration du Président américain Donald Trump.
Pourtant, la tournée africaine achevée le 17 avril par Massad Boulos, conseiller principal de Donald Trump pour l’Afrique, a scellé un partenariat gagnant-gagnant qui non seulement consolide la position de la RDC sur l’échiquier géo-économique, mais réduit aussi à néant les manœuvres déstabilisatrices du Rwanda. C’est un tournant historique pour la RDC qui réaffirme par cet accord sa souveraineté retrouvée.
La RDC, avec ses réserves colossales de cobalt (70 % des réserves mondiales), de cuivre, de lithium et de coltan, est au cœur de la bataille pour les minerais critiques indispensables à la transition énergétique et aux technologies de pointe . Face à la domination chinoise (80 % du secteur minier congolais), Kinshasa a intelligemment joué la carte américaine pour changer la donne sur le terrain.
La RDC a proposé aux USA un accès privilégié à ses ressources en échange de garanties sécuritaires et d’infrastructures. Massad Boulos l’a confirmé : « Le renforcement des investissements du secteur privé américain en RDC, particulièrement dans le secteur minier, est un objectif partagé. Cet engagement est gagnant-gagnant » contrairement aux accords opaques liant la RDC à la Chine signé sous Joseph Kabila.
Ce nouveau partenariat inclut des clauses de transparence, de respect des normes environnementales et de transformation locale des minerais – une première pour un pays trop souvent pillé. L’annonce phare de Massad Boulos concerne l’engagement américain dans le corridor de Lobito, un axe ferroviaire et routier reliant les mines congolaises au port atlantique angolais.
« Nous discutons avec l’administration Tshisekedi pour travailler sur les chemins de fer, les autoroutes et les projets hydroélectriques », a-t-il déclaré. C’est cet axe économique qui est l’arme utilisée par Kinshasa pour isoler Kigali. Ce projet, financé en partie par l’U.S. Development Finance Corporation (DFC), vise à désenclaver l’Est congolais, réduisant ainsi l’emprise des milices terroristes soutenues par le Rwanda.
Il vise à contrer l’influence chinoise en offrant une alternative crédible au modèle minerais contre infrastructures de Pékin et à stabiliser la région en créant des emplois et en coupant les financements illicites aux groupes armés. C’est l’humiliation stratégique du Rwanda qu’il faut comprendre dans cette démarche pendant que Kigali s’enlise dans son soutien au RDF/M23, dénoncé par l’ONU et désavoué par Washington.
C’est au même moment que la RDC assoit sa légitimité grâce à ce partenariat. Massad Boulos a été sans équivoque : « Le Rwanda doit cesser tout soutien militaire au RDF/M23 et retirer ses troupes du territoire congolais » . Les récentes avancées diplomatiques, notamment les pourparlers au Qatar, montrent que les États-Unis privilégient désormais Kinshasa, isolant diplomatiquement Paul Kagame.
Ironie de l’histoire, cette avancée survient alors que l’administration Trump réduit son aide internationale. Mais comme le souligne Massad Boulos, « America First promeut des investissements qui servent nos intérêts stratégiques ». Loin de l’assistanat, les États-Unis misent sur un capitalisme pragmatique : sécuriser les minerais tout en développant les infrastructures congolaises.
Ce partenariat marque un tournant majeur. La RDC, longtemps perçue comme un État failli, prouve qu’elle peut négocier d’égal à égal avec les grandes puissances. En marginalisant le Rwanda et en diversifiant ses alliances, Kinshasa envoie un message clair : l’ère de la prédation est révolue. La RDC, enfin maître de son destin ? « Le temps dira qui sont les meilleurs partenaires de la RDC », a lancé Massad Boulos . À en juger par les récentes avancées, le choix semble déjà fait.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR