« Tête de liste » ou « tête de la liste », avez-vous dit ? Ce concept désigne, dans le jargon politico-électoral, une personne considérée comme le leader de la liste électorale ou du regroupement politique dans le système électoral de la RDC.

Ce terme, tout comme celui d' »autorité morale », semble provenir des mêmes contextes culturels, sortant de l’imagination des acteurs politiques de ce pays. Il est propulsé par les militants des partis politiques, les fanatiques, les médias ou encore la musique, qui cherchent à trouver une expression pour symboliser au mieux ce qu’ils pensent d’un leader estimé. Alors que le terme « autorité morale » renvoie à l’idée d’une personnalité qui dépasse même les responsabilités d’un coordonnateur ou d’un président de parti politique (né lors de la restructuration du Pprd pour désigner le leader Joseph Kabila, pour qui le simple qualificatif de « président du parti » ne semblait pas suffisant), celui de « tête de liste » renvoie à l’idée d’une personnalité politique qui, dans l’imaginaire politique de la RDC, est considérée comme l’ayant droit devant être proclamée élue parmi plusieurs membres du regroupement politique qui se présente aux élections sur une liste, indépendamment du score qu’elle obtient dans les urnes.

Ce « tête de liste » est présenté comme le porte-étendard de la liste.

Lors des élections en cours en 2023, des candidats de partis politiques et de regroupements politiques se sont bousculés pour être considérés comme des « têtes de liste ». À Kenge (chef-lieu de la province du Kwango), un leader local d’un parti politique a demandé à l’antenne de la Ceni (Commission Électorale Nationale Indépendante) à être classé comme « tête de liste » de son regroupement pour les élections des députés provinciaux.

Comme de nombreux Congolais et candidats, cet homme pense que le fameux « tête de liste » remporte les suffrages de tous les autres candidats de son regroupement, ce qui en fait un député. Il convient de reconnaître que plusieurs autres candidats, notamment les leaders de partis politiques, considèrent les autres membres de la liste comme des accompagnateurs censés récolter des voix en leur faveur.

Un responsable de la Ceni à l’antenne provinciale de Kenge a informé Congoprofond.net que l’institution électorale en RDC ne reconnaît pas cette autorité de regroupements politiques appelée « tête de liste ». Selon la Ceni, le candidat qui, sur une liste, obtient le plus grand nombre de voix parmi tous les autres membres de cette liste peut être considéré comme tel.

Le responsable de la Ceni, dont nous taisons le nom, a ainsi réconforté et éclairé l’opinion du candidat député provincial de Kenge-territoire en lui expliquant que, selon l’institution, les noms des candidats sont classés par ordre alphabétique.

Il est maintenant clair : avant la publication des résultats des élections, il n’existe pas de candidat privilégié portant le titre honorifique de « tête de liste ».

Émile YIMBU, Congoprofond.net