Connect with us

Société

« Des sandales recousues, des vies recollées : portrait de trois cordonniers à Bandal »

Published

on

À Bandalungwa, au coin d’une rue marquée par les inondations, un petit tapis est discrètement étalé. Dessus, des chaussures abîmées, des sandales déchirées, des babouches qu’on dirait prêtes pour la poubelle… Mais pour trois hommes, c’est ici que commence chaque jour une nouvelle mission : réparer, recoudre, redonner forme à ce que d’autres abandonnent.

Ce sont des cordonniers. Leur atelier improvisé devient un point de secours pour ceux dont les chaussures lâchent en route. L’un cire, l’autre coud, un troisième observe et apprend. Gabi et Nono sont beaux-frères. Gabi a épousé la sœur de Nono. Ils travaillent ensemble depuis plus de cinq ans, dans une complémentarité naturelle. Et récemment, le petit frère de Nono, venu du Bandundu, les a rejoints. Il est encore apprenti.

Tous vivent à Camp Luka. Mais chaque matin, ils prennent la route pour venir travailler à Bandal. Leur “bureau”, c’est ce bout de rue, leur tapis, leurs outils, et leur savoir-faire.

« Avec la cordonnerie, on pouvait gagner en moyenne 15 000 francs par jour », explique Nono.

Mais depuis les récentes inondations à Bandal, la donne a changé. Les riverains cherchent de la main-d’œuvre pour vider l’eau des parcelles, creuser, curer, remblayer. Les trois hommes ont donc adapté leur activité : les deux aînés se sont mis à fond dans ces travaux de carrière, pendant que le plus jeune tient encore la cordonnerie.

« Là, quand on creuse ou qu’on vide une maison, on peut rentrer avec 25 000, même 30 000 francs », confie Gabi.

Gabi élève seul cinq enfants. Sa femme, la sœur de Nono, est décédée l’année dernière après l’accouchement de leur dernier-né, qui n’avait que deux jours. Malgré la douleur, il continue à se battre, entre cordonnerie et petits chantiers.

Longtemps méprisés, les cordonniers sont traités de “Bayaka”, de “mouillards”, de “rien du tout” dans l’imaginaire populaire. On les insulte, on les néglige, mais on oublie qu’ils tiennent debout, qu’ils ont des familles, qu’ils travaillent honnêtement.

« On ne vole pas. On ne demande pas. On travaille. Ce n’est pas parce qu’on est cordonnier qu’on ne mérite pas du respect », affirme Nono.

Et c’est vrai. Ces hommes ne font pas que réparer les chaussures : ils recollent des vies. La leur, celle de leurs enfants, et parfois même un peu la nôtre. Car chaque fois qu’on passe par eux, c’est aussi un peu de notre humanité qu’on entretient.

Dorcas Mwavita/CongoProfond.net

Spread the love

À la Une

Nuit d’angoisse à Ngaliema : Des bandits armés attaquent le domicile d’un professeur de l’UPN 

Published

on

L’insécurité continue de ronger les nuits de Kinshasa. Dans la commune de Ngaliema, quartier Maman Yemo, la peur s’est à nouveau invitée dans les foyers. Dans la nuit du samedi 12 juillet 2025, vers 2 heures du matin, des bandits armés ont fait irruption dans la résidence du Professeur Achille Bundjoko Iyolo, enseignant à l’Université Pédagogique Nationale (UPN).

Selon le témoignage du professeur encore sous le choc, les assaillants ont escaladé le mur d’enceinte avant de fracturer les portes d’entrée. À l’intérieur, ils ont exigé de savoir où se trouvait le maître des lieux, menaçant la famille sous la menace de leurs armes. « J’ai vu un homme armé devant ma chambre. Ils ont demandé aux enfants : ‘Où est votre père ?’ », confie le professeur Bundjoko.

Le cambriolage a été brutal : les malfrats ont emporté une somme importante d’argent, des téléphones, un téléviseur et plusieurs ordinateurs. Une jeune fille a été blessée durant l’attaque et transportée d’urgence à l’hôpital.

C’est grâce à l’intervention des gardes d’un colonel voisin, qui ont tiré en l’air pour disperser les assaillants, que le pire a été évité. Les bandits ont pris la fuite avant l’arrivée de la police criminelle, qui a ouvert une enquête.

Cette attaque vient s’ajouter à une série d’agressions récentes dans cette partie de Ngaliema, où les habitants, exaspérés, dénoncent une montée inquiétante de l’insécurité et un sentiment d’abandon face à la recrudescence des actes criminels.

Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET 

Spread the love
Continue Reading