Culture
Culture : Vernissage du livre « Traité de la civilisation des Bahunde » de Bukondo Wa Hangi Delamanne

Le jeune écrivain Bukondo Wa Hangi, également connu sous le nom de FAZBI, basé à Goma, dans le Nord-Kivu, a lancé son tout premier ouvrage intitulé « Traité de la civilisation des Bahunde ». Le lancement officiel a eu lieu le jeudi 23 novembre 2023 à l’Institut Français de Goma. Ce livre est un condensé de l’histoire, de la spiritualité, de la mythologie, des contes, des traditions, de la culture et de l’art du peuple autochtone « Hunde » des territoires de Masisi, Nyiragongo, Rutshuru, ainsi qu’une partie de Walikale et Kalehe.
Selon ce jeune poète, sa motivation réside dans le fait que la jeunesse s’intéresse de moins en moins à la culture et qu’elle perd progressivement le lien avec ses origines. Dans son ouvrage, il met principalement l’accent sur la culture, l’histoire, l’art, la mythologie et les contes relatifs à la civilisation des Bahunde.
« Il est primordial pour moi de partager cette connaissance méconnue sur le peuple Bahunde et de permettre à d’autres chercheurs congolais et étrangers d’accéder aux données historiques des communautés locales », déclare-t-il.
Il ajoute également : « J’ai constaté que peu de personnes parlent de la civilisation négro-africaine. J’ai confiance que mon ouvrage apporte une contribution significative à l’appropriation de l’identité culturelle en immortalisant les patrimoines matériels et immatériels des civilisations négro-africaines ».
Après cette première édition lancée par le Musée national de Goma, Bukondo Wa Hangi se dit prêt à entreprendre une nouvelle édition à l’échelle internationale, afin que son livre puisse être largement diffusé. Il lance un appel aux personnes bienveillantes pour les soutenir dans cette entreprise.
Selon lui, cet ouvrage constitue un héritage pour les générations présentes et futures. Il encourage les populations du Nord-Kivu, en particulier les jeunes, à s’adonner à la lecture afin de prendre en main leur présent et leur futur.
Il est à noter que ce livre est actuellement disponible au prix de 20 $ en format papier en contactant les numéros de service de vente suivants : +243973984407, +243974716269 pour une livraison à Goma et dans d’autres villes du Nord-Kivu. Il sera prochainement disponible dans différents points de vente à Goma, dont la liste sera annoncée ultérieurement. Des stratégies sont en cours de planification pour permettre aux personnes résidant à l’étranger d’accéder également à l’ouvrage.
Cedrick Sadiki Mbala
Société
« Des sandales recousues, des vies recollées : portrait de trois cordonniers à Bandal »

À Bandalungwa, au coin d’une rue marquée par les inondations, un petit tapis est discrètement étalé. Dessus, des chaussures abîmées, des sandales déchirées, des babouches qu’on dirait prêtes pour la poubelle… Mais pour trois hommes, c’est ici que commence chaque jour une nouvelle mission : réparer, recoudre, redonner forme à ce que d’autres abandonnent.
Ce sont des cordonniers. Leur atelier improvisé devient un point de secours pour ceux dont les chaussures lâchent en route. L’un cire, l’autre coud, un troisième observe et apprend. Gabi et Nono sont beaux-frères. Gabi a épousé la sœur de Nono. Ils travaillent ensemble depuis plus de cinq ans, dans une complémentarité naturelle. Et récemment, le petit frère de Nono, venu du Bandundu, les a rejoints. Il est encore apprenti.
Tous vivent à Camp Luka. Mais chaque matin, ils prennent la route pour venir travailler à Bandal. Leur “bureau”, c’est ce bout de rue, leur tapis, leurs outils, et leur savoir-faire.
« Avec la cordonnerie, on pouvait gagner en moyenne 15 000 francs par jour », explique Nono.
Mais depuis les récentes inondations à Bandal, la donne a changé. Les riverains cherchent de la main-d’œuvre pour vider l’eau des parcelles, creuser, curer, remblayer. Les trois hommes ont donc adapté leur activité : les deux aînés se sont mis à fond dans ces travaux de carrière, pendant que le plus jeune tient encore la cordonnerie.
« Là, quand on creuse ou qu’on vide une maison, on peut rentrer avec 25 000, même 30 000 francs », confie Gabi.
Gabi élève seul cinq enfants. Sa femme, la sœur de Nono, est décédée l’année dernière après l’accouchement de leur dernier-né, qui n’avait que deux jours. Malgré la douleur, il continue à se battre, entre cordonnerie et petits chantiers.
Longtemps méprisés, les cordonniers sont traités de “Bayaka”, de “mouillards”, de “rien du tout” dans l’imaginaire populaire. On les insulte, on les néglige, mais on oublie qu’ils tiennent debout, qu’ils ont des familles, qu’ils travaillent honnêtement.
« On ne vole pas. On ne demande pas. On travaille. Ce n’est pas parce qu’on est cordonnier qu’on ne mérite pas du respect », affirme Nono.
Et c’est vrai. Ces hommes ne font pas que réparer les chaussures : ils recollent des vies. La leur, celle de leurs enfants, et parfois même un peu la nôtre. Car chaque fois qu’on passe par eux, c’est aussi un peu de notre humanité qu’on entretient.
Dorcas Mwavita/CongoProfond.net