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Crimes de guerre en RDC : Un homme d’affaires suisse sous enquête

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Le Ministère public de la Confédération Suisse (MPC) ouvre une enquête pénale sur un ressortissant suisse soupçonné d’avoir pillé des ressources naturelles en République démocratique du Congo (RDC) pendant la guerre, selon l’agence de presse Bloomberg.

Le Ministère public a confirmé jeudi après-midi avoir ouvert en mars 2018 une enquête pénale pour pillage.
Ce délit est considéré comme crime de guerre, selon le droit international humanitaire et aux yeux de la loi suisse.

Le code pénal prévoit une peine de prison d’au moins trois ans. L’affaire étant toujours en cours, le MPC ne fait pas de commentaires supplémentaires.

C’est TRIAL International, une ONG qui lutte contre l’impunité des crimes internationaux, en collaboration avec l’Open Society Justice Initiative (OSJI), qui a dénoncé pénalement cet homme en novembre 2016. Les deux ONG se félicitent de sa mise sous enquête.

Selon elles, l’homme d’affaires est soupçonné de commerce illicite de minerais au cours de la deuxième guerre du Congo entre 1998 et 2003. Le Suisse aurait exploité quatre mines sous le contrôle de « RCD-Goma », un groupe armé accusé de crimes de guerre.

« Le fait de s’accaparer des biens en profitant d’un contexte de conflit armé, c’est aussi un crime de guerre. Les conséquences sont désastreuses, les ressources sont celles du peuple, qui en a été privé par un groupe armé qui faisait du commerce directement avec cette homme d’affaires suisse », explique Bénédict De Moerloose, responsable du programme Procédures et enquêtes internationales de TRIAL International, dans Forum.

Les ONG expliquent avoir commencé à enquêter en 2013 en travaillant avec des partenaires « qui risquaient leur vie » pour trouver des éléments de preuve. « On a réussi à mettre la main sur des documents, notamment commerciaux, des contrats et des documents du RCD-Goma qui citent ce Suisse et lui octroie des concessions minières immenses, où il pouvait s’approprier ces ressources sans droit », explique Bénédict De Moerloose. L’homme d’affaires accusé n’a pas répondu aux sollicitations de la RTS.

Quatre fois le canton de Genève
D’une superficie de près de 1100 km2, ces mines auraient contenu des gisements de cassitérite et de wolframite. La cassitérite contient de l’étain, largement utilisé par l’industrie. La wolframite contient du tungstène, qui entre dans le processus de fabrication de filaments d’ampoules, de tubes pour rayons X ou de projectiles militaires.

Selon le contrat signé entre les deux parties, relayé par TRIAL, l’accusé devait reverser 20% du prix de la cassitérite au groupe armé qui était lui chargé de la sécurité des gisements. L’homme aurait par ailleurs été impliqué dans le commerce de minerais dans cette région depuis 1997 pour le compte d’autres entreprises, y compris suisses.

Le commerce illégal pour financer la guerre

Selon l’ONG Global Witness, c’est grâce au contrôle et à l’exploitation illégale de ressources naturelles que le groupe RCD-Goma a pu financer son occupation, durant laquelle il a commis des violations généralisées des droits humains à l’encontre de la population civile.

« À l’heure où le public exige un engagement accru du secteur privé en faveur du respect des droits humains, l’ouverture d’une enquête sur les agissements d’un homme d’affaires occidental impliqué dans un commerce illégal en zone de conflit envoie un message fort à tout le secteur minier », déclare Bénédict De Moerloose.

Si le Ministère public condamnait le ressortissant, cela constituerait un précédent historique, affirme l’ONG TRIAL dans son communiqué: « Aucun acteur économique n’a été condamné pour pillage des matières premières depuis les procès qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, cette pratique a atteint des proportions alarmantes au cours des dernières décennies. »

Bishop Mfundu/CONGOPROFOND.NET

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Scrabble : Le Luxembourgeois Garcia Ndunga défie l’élite mondiale au Canada

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À 49 ans, Garcia Ndunga s’apprête à relever un défi de taille : représenter le Luxembourg lors du 53ᵉ Championnat du monde de Scrabble francophone, du 11 au 18 juillet 2025. Originaire du Grand-Duché mais né au Congo, ce passionné de lettres croisées défendra les couleurs de son pays dans plusieurs catégories, face à des centaines de joueurs issus d’une quinzaine de nations.

Un passionné méthodique et tenace

Membre actif du seul club francophone de Scrabble au Luxembourg, basé à Beggen, Garcia Ndunga n’est pas un débutant dans l’univers du jeu. Régulièrement classé premier au niveau national, ses performances au sein du club lui ont valu son billet pour ce prestigieux rendez-vous international. Il y disputera les compétitions dans les catégories « Élite », « Blitz », « Parties Originales » et « Par Paires ».

« Finir dans les 50 premiers serait un excellent résultat », confie-t-il avec réalisme, mais aussi ambition. Dans la catégorie « Élite », il devra faire preuve de concentration, de vocabulaire étendu et de stratégie : toutes les parties y sont jouées en duplicate, un mode où chaque joueur utilise exactement les mêmes lettres, garantissant une égalité parfaite des chances. Le talent, dès lors, fait toute la différence.

Le « Blitz », quant à lui, reprend les mêmes règles que le duplicate mais en version accélérée : la réactivité est primordiale. Ajoutez à cela les parties originales, avec des variantes surprenantes, et l’épreuve en duo, et l’on obtient un programme dense, exigeant, mais exaltant.

Un visage de la francophonie luxembourgeoise

Garcia Ndunga incarne aussi une diversité précieuse : celle d’une francophonie active, bien vivante au Luxembourg. Originaire de République démocratique du Congo, il représente un visage multiculturel du Scrabble, tout en contribuant à faire rayonner ce sport cérébral dans un pays où il reste encore discret.

« On suppose qu’il y a des joueurs dans des villes comme Esch-sur-Alzette, Dudelange ou Ettelbruck. Mais ils ne savent pas forcément que notre club existe », déplore-t-il. Avec une quarantaine de membres, le club de Beggen, qu’il souhaite voir devenir une fédération nationale reconnue, ambitionne d’élargir son impact au-delà de la capitale. « Une reconnaissance officielle nous permettrait d’organiser des tournois, de mieux nous faire connaître et de dynamiser la pratique dans tout le pays. »

Un rêve en lettres majuscules

Et pourquoi pas un jour viser le sommet ? Garcia n’écarte pas l’idée de devenir champion du monde : « J’aimerais bien, mais cela demande un gros investissement en temps. Pour l’instant, ce n’est pas possible, mais pourquoi pas plus tard », lance-t-il, le regard tourné vers l’avenir.

Son parcours inspire. Dans un univers où les figures médiatisées sont rares, il incarne une passion tranquille, rigoureuse, portée par la conviction que les lettres aussi peuvent faire voyager. Après tout, de Beggen à Trois-Rivières, il n’y a que quelques milliers de kilomètres et quelques bons mots à aligner.

Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET

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