À la Une
COVID19 : bientôt la désinfection de la Cour Constitutionnelle, la Primature et d’autres ministères

Claude Nyamugabo, ministre de l’Environnement et développement durable, a été reçu ce mercredi 29 avril 2020 à la Primature par le Chef du Gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Il était question au cours de cette rencontre de faire le point sur les travaux d’assainissement et de désinfection des édifices publics dans le cadre des mesures de prévention contre la propagation du COVID-19.
« La Direction d’assainissements du ministère de l’environnement va procéder incessamment à la désinfection de la Cour Constitutionnelle, la Primature et les bâtiments qui abritent d’autres ministères »a fait savoir le patron de l’environnement au sortir de sa réunion avec le Chef du Gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba.
Et de préciser : »Les opérations de désinfection et d’assainissement des édifices publics vont se poursuivre, et s’étendre notamment aux aéroports et autres édifices des points d’entrée du territoire national. »
Plusieurs édifices publics ont déjà été désinfectés, a-t-il rappelé, parmi lesquelles le Palais du Peuple où députés et sénateurs peuvent à nouveau siéger dans le respect des mesures de distanciation sociale.
Ces travaux d’après le Ministre Nyamugabo, sont réalisés grâce à l’expertise de la Direction de l’Assainissement de son Ministère, opérationnelle depuis plus de 40 ans, et qui par ailleurs dispose d’équipements neufs et en quantité suffisante. »Il a fallu attendre l’avènement du Gouvernement Ilunga pour qu’il soit fait recours à cette expertise nationale », s’est il réjoui.
MUAMBA MULEMBUE CLÉMENT/CONGOPROFOND.NET
À la Une
Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.
Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.
Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.
Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.
Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.
Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.
« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».
Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR