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Covid-19 : la filière café n’est pas encore sortie d’affaire(Tribune d’Aldo Kamwanga, chercheur CEVIST)

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Dans la mise à jour de ses perspectives de l’économie mondiale en juin dernier, le Fonds Monétaire International (FMI), interpellé par le Covid 19, estime que cette année 2020 sera marquée par la récession en général. Le FMI estime que la croissance mondiale pour cette année sera de -4,9%. Pour l’institution de Bretton Wood, sera aussi impacté le secteur des matières premières à l’exemple du café. La filière café n’est pas encore sortie d’affaire.

Sur le terrain les observateurs constatent que le confinement décrété par certains pays a conduit à la fermeture des lieux où l’on consomme le café. Les mesures de distanciation sociale aujourd’hui en vigueur continuent dans une certaine mesure à avoir des conséquences négatives sur ces commerces. Cette situation défavorable liée au COVID-19 a surtout touché la variété arabica qui est jugée noble, donc plus cher, sert à préparer les expressos servis au comptoir.

La variété robusta qui sert surtout à fabriquer le café bu à la maison a, quant à elle, moins souffert que l’arabica. La baisse des prix de l’arabica consécutive au COVID-19 est à présent résorbée. Les deux variétés se négociaient aux alentours de 11% par rapport à leurs valeurs du début d’année.

Des américains pessimistes

Mais cela ne veut pas dire que la filière café est sortie d’affaire car les perspectives ne s’annoncent pas très favorables.

En effet, d’après le service agricole extérieur (Foreign Agricultural Service, FAS) du ministère américain de l’agriculture (US Department of Agriculture), la période 2020/2021 va voir augmenter une production mondiale. Cette dernière devrait doper les exportations, largement dépasser la consommation et donc mener les réserves mondiales de café à un niveau record depuis 6 ans. Cette situation est surtout due à la bonne récolte qui s’annonce au Brésil. La conjonction de tous ces éléments aura forcément un impact négatif de sur les prix.

En ce qui concerne les implications sur notre pays, le think tank CEVIST, rappelle que la production de la RD Congo est essentiellement destinée à l’exportation. Les producteurs locaux sont liés de près au marché international. Il rappelle qu’environ 4,5 millions de Congolais vivent du café. La production et les exportations de café du pays n’est plus que l’ombre d’elle-même.

Après avoir culminé autour de 120 000 tonnes dans les années 1980, la production congolaise s’est effondrée aux alentours de 30 000 tonnes à la fin de la décennie suivante d’après l’Organisation Internationale du Café (OIC).

 

Une production caféière balbutiante en RDC

Aujourd’hui encore, la production de la RD Congo peine à décoller pour atteindre le niveau qui était encore le sien au début des années 1990.

Il plafonne depuis ces dix dernières années en-dessous de 25 000 tonnes par an.

D’après le programme ÉLAN qui s’occupe de développer des systèmes de marché en RDC, la production congolaise de café quand elle était au sommet était constituée à 80% de la variété robusta. Force est de constater que cette variété qui pousse à des altitudes plus basses que l’arabica ne représentait plus qu’un peu moins de la moitié de la production totale du pays en 2018/2019 d’après l’OIC.

La chute des prix à laquelle nous nous attendons au cours des prochains mois doit inciter à l’action de la part des acteurs publics afin de soutenir un secteur qui ne se porte pas vraiment au mieux.

En effet, l’indicateur du prix du café de l’OIC était de 138,22 cents de dollars US en septembre 2016 contre 123,29 quatre ans plus tard soit une baisse de 10,8%.

En ce qui concerne le robusta, la situation est plus grave car les prix négociés à Londres se sont effondrés durant la même période de près de 30% sur la même période. Cette variété doit encore plus focaliser l’attention des pouvoirs publics car en plus de ne plus être celle qui est la plus produite et exportée par notre pays, elle souffre de prix en chute libre mais aussi de manière anachronique est soumise à un prélèvement sur les exportations bien plus élevé que l’arabica (4,5% contre 3,5).

La RD Congo veut prendre la balle au bond

La RD Congo affiche actuellement la volonté de diversifier son économie trop dépendante du secteur minier.

Ainsi, le président Félix Tshisekedi a pris récemment l’engagement d’en faire plus pour le développement de l’agriculture et le sol devrait selon ses dires prendre sa revanche sur le sous-sol.

Le Président s’est exprimé ainsi le 8 octobre 2019 au cours de l’inauguration du laboratoire de biotechnologie de l’Institut International de l’Agriculture Internationale (IITA) à Kalambo près de Bukavu. Cette volonté d’augmenter la part de l’agriculture dans le PIB du pays doit nécessairement passer par le café.

Si CEVIST considère que toutes les variétés devront être soutenues, il estime néanmoins qu’une plus grande attention doit être portée au robusta.

En plus de revoir à la baisse les charges qui pèsent sur elle notamment celles de l’Office National des Produits National du Congo (ONAPAC), il faudra aussi sérieusement trouver les voies et moyens de relancer la production du café robusta en RDC où elle a pratiquement disparu.

A ce sujet, le think tank Cevist compte organise dans un bref délai un webinaire sur l’enjeux et perspective sur le café en RD Congo.


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ONU, Francophonie, processus de Luanda : La RD Congo est de retour en force !

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On ne l’attendait sans doute pas à ce niveau-là. Surtout pas en un moment où les éléments semblaient s’aligner pour précipiter la chute de la « bête », et offrir sa peau aux prédateurs. L’hallali était décrété mais les étoiles en ont décidé autrement.

Dans son rôle de porte-parole de toutes les causes perdues, Fridolin Ambongo Besungu a de nouveau embouché sa trompette pour entonner l’arlésienne de la faillite de l’état congolais, dont il se garde de situer le début dans le temps et l’espace, apparemment pour mieux épouser le tempo des réseaux sociaux et récolter leurs vivats.

Le cardinal ne s’est pas contenté de tâter le terrain. Il est allé plus loin en revendiquant les attaques les plus invraisemblables déversées par les croisés de la nouvelle révolution. Ces derniers, comble d’ironie, se sont comme par hasard donné rendez-vous dans la capitale du Royaume de Belgique transformée comme dans les années Mobutu en place forte de la subversion. Mais aussi à Genève devant le Conseil des Nations Unies pour les droits de l’homme, ainsi qu’à New York pour ceux qui ont fait le choix des soirées arrosées en copinant avec les multinationales, ou de se faire coacher par quelques démocrates dans l’espoir d’arracher une improbable légitimité.

Bref, le casting comme le timing avaient permis de surfer sur des relations qui se dégradent à vue d’œil entre la RDC et l’Union Européenne. Dont les principaux leaders ont fait le choix incroyable du double standard plutôt que celui de la justice pour asseoir des relations internationales plus saines et plus équitables ; mais aussi dans l’ambiguïté de l’attitude américaine face à la crise aujourd’hui tri-décennale de l’Est de la République Démocratique du Congo. Avec des conflits qui se suivent et se ressemblent, attisant les tribalismes et les irrédentismes, entretenant les égoïsmes pour mieux souffler sur les braises de la division et du pillage des ressources.

Les observateurs congolais sont des gens si subtils que ce qu’ils proclament comme analyses ne sont en réalité que des litanies d’émotions et frustrations qu’ils espèrent cacher à leurs compatriotes forcément naïfs sous le drap d’un flux d’informations ramassées vaille que vaille et qui n’ont pas toujours entre elles un lien logique.

Seulement voilà. Il y a des moments où la réalité, après avoir atteint et dépassé le stade de la fiction, confine au paradoxe pour les faibles d’esprit. Ceux qui voyaient, notamment, dans les voyages de Félix Antoine Tshisekedi de simples villégiatures destinées à égayer ses proches et à distraire ses compatriotes avouent désormais, quoique du bout des dents, leur surprise. Un : la plupart des états du monde n’hésitent plus aujourd’hui pour considérer le Rwanda comme un pays agresseur, tout en lui exigeant de retirer ses troupes de la RDC et de stopper les pillages découlant de son occupation. Deux : lentement mais sûrement, l’armée congolaise se reconstruit et conclut des alliances qui portent sur la durée. Trois : un nouveau rapport de force se dessine de plus en plus en s’inscrivant dans la durée face à des voisins qui regardent désormais la RDC d’un œil moins condescendant et plus respectueux.

La RD Congo est de retour

La politique des petits pas offre cette vertu rare que, comme la marche du caméléon, elle tient à s’assurer de ne pas se jeter les yeux fermés juste pour flatter son orgueil blessé, sans offrir la garantie de la justesse et de la fermeté de chaque pas engagé.

Qu’on le veuille ou non, qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, la République Démocratique du Congo est bel et bien de retour sur la scène internationale. Passé les effets pervers et déformants de la communication cathodique, souvent boursouflée et chaotique, où chacun des acteurs a tendance à se considérer comme le « nec plus ultra » sinon le nombril de la terre, force est de se rendre à l’évidence que, bon an mal an, la RD Congo est de nouveau là, en tout cas sur tous les théâtres où le dossier congolais se traite, afin d’être défendu par ses propres enfants.

La récente sortie fracassante de Félix Antoine Tshisekedi de son 19ème sommet de Paris a sonné comme l’amorce d’une nouvelle ère au sein de la francophonie, faisant bouger les lignes au point d’aboutir à la condamnation de la présence du Rwanda sur le territoire congolais et à la réaffirmation du principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Le prochain rendez-vous de Luanda devrait entériner cette évolution en exigeant un plan détaillé des troupes de Kigali, l’acceptation du principe de la responsabilité et de la judiciarisation des actes posés dans le cadre d’un éventuel accord.

Alors qu’on attend dans les prochaines semaines le dénouement du dossier du vote des membres non permanents du Conseil de sécurité (2025-2027), pour lequel la RDC jouit des chances réelles, force est de saluer, du coup, les efforts de la diplomatie de Félix Tshisekedi, même s’il y en a toujours parmi les Congolais qui trouvent des raisons de faire la fine bouche. La RDC est à nouveau un acteur sur lequel on peut compter et avec lequel il faut compter. Tous ces développements sont adossés à la signature d’une série d’accords inédits et dans plusieurs secteurs avec Pékin, mais aussi d’un partenariat non exclusif, centré sur la sécurité et la défense, avec la Russie.

L’amertume des partisans d’une approche par émotions, genre coup sur coup excluant une démarche réfléchie sur le long terme, ne se consolent pas. Leur amertume les pousse jusqu’à bouder le fait pourtant visible que la marge de manœuvre du Rwanda se réduit chaque jour sensiblement, et qu’à l’intérieur du pays des mille collines, le volcan de la contestation est proche de vomir sa lave incandescente.

Consolider le front intérieur

Il restera évidemment à assainir la scène politique nationale en l’expurgeant de tous ses moutons noirs au profit des cadres compétents certes, mais surtout, dont la loyauté est indiscutable. D’ici-là, Il est pour le moins symptomatique que pour des besoins de positionnement personnel sur la scène politique ou de buzz sur les réseaux sociaux, certains Congolais ne s’accordent aucune limite. Quitte, par exemple, à remettre à des calendes incertaines l’urgence de la question de la constitution, au motif pernicieux qu’elle ne résout ni celle du pain ni celle du miel.

S’il est vrai que ventre affamé n’a point d’oreille, il est tout aussi vrai, d’expérience, que ceux qui ont vendu leurs pays à travers l’histoire avaient toujours ventre rebondi et panse pleine, estimant néanmoins que leur boulimie ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin.

Sont tout aussi pathétiques ceux qui, après avoir soutenu à cors et à cris la loi Tshiani sur la nationalité lors de la campagne électorale, récusent désormais le principe d’une constitution qui lui accorderait pourtant la préférence, en raison des motivations et des frustrations d’ordre manifestement personnel. Au nom des mêmes motivations personnelles, on devrait ainsi s’abstenir de corriger les dérives du parlementarisme, l’impact négatif des assemblées provinciales et de leur émanation qui est le sénat, l’excès des immunités accordées aux anciens dirigeants, le poids des critères excessivement complaisants dans le choix des candidats aux fonctions politiques et managériales, la question de l’abandon de la souveraineté au profit d’une hypothétique unité africaine…

L’homme, dit le Sage, ne vit pas que du pain. Mais aussi de l’esprit qui est en lui et qui s’abreuve à la seule source qui le relie aux générations présentes, passées et à venir. Une évaluation rigoureuse de leur démarche globale devrait convaincre les Congolais que la faillite de l’état que déplore avec un certain aplomb le cardinal Ambongo, s’il n’était pas complaisant, plonge en réalité ses racines loin dans une décolonisation ratée depuis 1960 et non depuis l’accession au pouvoir de Félix Tshisekedi.

Jean Kenge Mukengeshayi


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Bientôt le magazine CONGO PROFOND dans les kiosques à journaux : Simplicité, Pertinence et Découverte