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Coupures d’électricité à Kinshasa : Triangle maffieux entre agents SNEL, tenanciers de terrasses et Ligue des champions !
Des perturbations en fourniture d’électricité sont monnaie courante dans la ville de Kinshasa et touchent pratiquement la quasi-totalité de ses quartiers.
La Société nationale d’électricité, SNEL, est une entreprise de l’Etat qui assure la production et la distribution de l’énergie électrique, avec un quasi-monopole dans ce secteur.
Avec l’extension de la ville de Kinshasa ayant entrainé le surpeuplement, les infrastructures de desserte en énergie électrique n’ont pas suivi cette explosion démographique.
Elles sont non seulement saturées, mais aussi très vétustes. Cette situation ne permet pas à la Snel d’approvisionner en électricité tous les coins et recoins de la grande megapole de plus de 10 millions d’âmes.
Depuis la reprise de la Ligue des Champions, avec ses affiches alléchantes, les tenanciers de bars et terrasses de Kinshasa ont aussi dejà pris de dispositions pour attirer le plus de monde en mettant à leur disposition des écrans et des groupes électrogènes pour pallier aux coupures intempestives de l’énergie électrique.
La Ligue des champions, convient-il de souligner, est une véritable opportunité d’affaires pour l’UEFA, les multinationales, le pays qui abritera la finale, les équipes participantes, les diffuseurs et même les téléspectateurs, notamment les parieurs.
Bien qu’aucune équipe de la République démocratique du Congo ne participe pas à cette fête du ballon rond, les Congolais ne vont pas se priver du plaisir de soutenir les équipes de leurs choix d’autant plus que quelques uns de leurs compatriotes joueurs y participeront.
Et les barmans eux, saisissent l’occasion d’augmenter leurs recettes en proposant aux clients de suivre toutes les rencontres dans un cadre plus ou moins propre.
Sur l’avenue Victoire, dans son tronçon compris entre la rivière Kalamu et la chaussée de Kimwenza, un des coins de la capitale congolaise les plus mouvementés, la bière a coulé à flot au cours de la dernière journée de la Ligue des Champions et tout porte à croire que les ventes vont augmenter.
« Nous nous attendions à une grande affluence notamment ce mardi pour le match Bayern Munich- Barcelone et celui de Real Madrid face à Leipzig. Il y a eu beaucoup des clients. Les affaires étaient bonnes. 50 casiers ont été mis au frais. On a accueilli du monde », s’est réjoui le gérant du bar Chez Tonton.
Il a ajouté que son établissement a enregistré une augmentation des recettes journalières de 10% et que ces chiffres seraient plus élevés si le courant ne s’était pas rétabli à la mi-temps.
Qu’est ce qui motive les clients à suivre le match dans les terrasses plutôt que dans leurs domiciles respectifs?
Hormis l’ambiance festive qui y règne, les coupures intempestives du courant avant et pendant les matchs sont aussi l’un des facteurs de cette affluence.
Des habitants de cette partie de Kinshasa citent des arrangements entre les propriétaires des bars et des agents de la Société Nationale d’Electricité (SNEL) pour couper le courant afin de favoriser leurs affaires.
Le constat est que ces coupures du courant lors de la période des matchs de la Ligue des Champions ne sont que rarement anodines.
Certes la vétusté des câbles du réseau de la SNEL y est pour beaucoup.
Mais généralement, elles surviennent en période des compétitions sportives et surtout de la Champion’s League.
Et les journaliers ou intervenants occasionnels de la Snel se font rémunérer soit en espèces sonnantes et trébuchantes soit en nature.
Question d’orienter la population vers les terrasses et bars.
Et cela est d’autant manifeste que lors des grandes joutes de la Champion’s League, il est de notoriété publique que de noter qu’il y aura panne ou coupure soit dès très tôt le matin.
« Exactement, les coupures du courant interviennent souvent en période des matchs de la Ligue des Champions. Si elles n’interviennent pas la veille ou avant le match, vous aurez toujours des problèmes. La situation semble toujours réglée quelques minutes après le coup de sifflet final. Soit à quelques minutes du début de la rencontre », nous raconte Stephane Kamba, un habitant du quartier Kauka.
En voilà où en sommes nous parvenus avec l’esprit très très « spirituel » du Congolais en général et du Kinois en particulier.
Interrogé en incognito, un agent monteur-ligne du Centre des Ventes et Services de Matonge, situé au croisement avenue Ikelemba et Kasa Vubu, reconnait qu’il y a une entente entre certains agents et les tenanciers des bars et terrasses.
« Ils nous payent soit en argent, soit 50 USD pour le mois et en nature. On a la possibilité de prendre 2 ou 3 bières chaque soir ou lors des dits matchs si nous remplissons nos obligations. », nous confie cet agent de la SNEL.
Il nous apprend aussi que les chefs sont non seulement informés de ces arrangements mais ils y sont aussi parties prenantes.
« Bien sûr, nos chefs sont au courant. Bien souvent, c’est eux mêmes qui traitent directement avec les gérants et ils nous envoient juste éxècuter la sale besogne. Il arrive que nous nous disputions les bars et terrasses avec eux, » ajoute cet agent de la SNEL.
Face à cet état de chose, le Ministre ayant en charge l’Energie, le Directeur Général de la SNEL et d’autres agents doivent prendre des mesures pour décourager les agents vereux et les dits tenanciers. Ils doivent être sanctionnés pour en terminer avec ces pratiques arnaqueuses digne de la période de prohibition aux USA. Cela doit cesser.
Bishop Mfundu/CONGOPROFOND.NET
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Guerre du M23/Rwanda : Des milliers de personnes fuient les combats en direction de Goma et au-delà
Les violents affrontements autour de la localité de Sake, dans l’est de la RDC, qui opposent l’armée congolaise, appuyée par ses alliés locaux, et le M23, soutenu par le Rwanda, poussent des milliers d’habitants de la région à fuir les combats. Si la plupart vont chercher refuge à Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu situé à seulement une vingtaine de kilomètres de là, d’autres préfèrent aller au-delà et franchir la frontière avec le Rwanda. Reportage.
À Goma, en RDC, l’angoisse est palpable sur la route principale qui relie les quartiers de Ndosho et de Katindo. Des colonnes de déplacés circulent à pied, à moto ou en bus en direction du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Désespérées, Alice et Kanyere racontent leur calvaire. « Il y a de nombreuses détonations et des avions qui bombardent là d’où nous venons. Il y a aussi beaucoup de militaires sur la route. Tout le monde s’enfuit ! », confie la première. « Beaucoup de bombes explosent et les balles sifflent. Nous avons dû quitter les huttes de notre camp, témoigne la seconde, dépitée, avant de poursuivre : je n’ai pas de famille à Goma. Il faut que le gouvernement termine la guerre ! »
Âgé d’une trentaine d’années, Haguma Banga marche, lui, avec un matelas sur la tête. Après avoir fui Sake, il est toujours sans nouvelle de sa famille. « Je ne sais pas où sont ma femme et mes cinq enfants. Ce serait un miracle de les retrouver », se désole-t-il.
A l’hôpital CBCA Ndosho, le personnel soignant s’active pour recevoir les blessés qui affluent également en masse, comme Mariam Kashindi, 22 ans, qui a quitté Sake en urgence après avoir reçu un éclat d’obus dans le bras. « Nous avions commencé à fuir, nous étions devant le marché de Mubambiro quand ma fille a été touchée par une bombe dont les éclats m’ont atteint, raconte-t-elle avant de poursuivre : nous fuyons le M23. J’ai trois enfants. L’un a été blessé, quant à l’autre, je ne sais pas où il est ».
« Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup »
Un peu plus loin, Neema Jeannette pleure allongée sur un lit. Elle a été touchée par une explosion alors qu’elle se trouvait avec un groupe d’amies. « Une bombe est tombée sur nous. Nous étions un groupe de femmes, plusieurs sont mortes sur le coup. Moi, je suis la seule survivante. Je remercie le CICR de m’avoir prise en charge à l’hôpital », sanglote-t-elle.
Cheffe de la sous-délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Nord-Kivu, Miriam Favier explique que l’établissement a été contraint d’activer ses quatre blocs opératoires en raison de l’afflux de blessés. « Depuis ce matin, plus de 70 patients sont déjà arrivés et ce n’est pas fini. C’est assez inquiétant », déplore-t-elle.
Si, à Goma, les autorités militaires comme la société civile appellent au calme, des écoles et plusieurs boutiques ont toutefois fermé leurs portes, tout comme l’Institut français, qui a décidé de suspendre temporairement ses activités. Les billets de tous les spectacles annulés seront intégralement remboursés, explique la structure dans un communiqué.
« Même ici, on vient d’entendre un obus tomber »
Anticipant une nouvelle dégradation de la situation sécuritaire, certains habitants ont, quant à eux, décidé de prendre les devants et sont passés au Rwanda voisin, où ils ont trouvé refuge dans la ville frontalière de Rubavu pour la plupart. « Mon mari habite ici, il m’a dit de le rejoindre pour fuir la panique qui s’empare de la ville de Goma », déclare ainsi Amina, une valise à la main et accompagnée de ses deux enfants.
Innocent, lui, a trouvé une chambre dans un hôtel. « Il y avait foule au niveau de la douane, c’était plein à craquer, rapporte-t-il. Alors, quand on a des enfants en bas âge, on ne va pas attendre la dernière minute pour partir, car on ne sait pas vraiment ce qu’il va se passer, on n’est pas sur la ligne de front. Même ici, on vient d’entendre un obus tomber, alors imaginez : quand on est à Goma, c’est comme si l’explosion avait lieu dans la parcelle d’à côté. Voilà pourquoi on a décidé de partir » poursuit celui-ci.
Comme beaucoup d’autres habitants du chef-lieu du Nord-Kivu, Innocent prévoit de rester à Rubavu, le temps de voir comment évolue la situation, avec l’espoir de pouvoir rentrer chez lui le plus rapidement possible.
RFI
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