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Corruption, achat d’élections, bourrage des urnes, etc. : Repenser le sens du mandat législatif pour combattre le cancer politique

Le titre honorable de « député » est souvent associé ailleurs à des idées de responsabilité, d’intégrité et de représentation démocratique.
Cependant, en République démocratique du Congo, ce titre honorable est souvent galvaudé par le comportement exécrable de certains parlementaires. La corruption, les achats d’élections et les manipulations des résultats électoraux sont devenus des pratiques récurrentes qui sapent les fondements de la démocratie et privent le peuple de sa voix légitime. Nous tentons d’explorer l’historique de ce phénomène, son impact sur la nation congolaise et proposer des pistes de réflexion pour réparer ce cancer politique.
Historique et contexte
La République démocratique du Congo a connu une histoire mouvementée depuis son indépendance en 1960. Les conflits politiques, les guerres civiles et l’instabilité économique ont créé un environnement propice à la corruption et à la dégradation des institutions démocratiques. Malheureusement, les députés congolais, qui devraient être les gardiens de l’intérêt public, se sont souvent transformés en acteurs clés de la dégradation du système politique.
Corruption et achat d’élections
La corruption endémique au sein du système politique congolais a des répercussions dévastatrices. Les députés sont souvent impliqués dans des scandales de corruption, profitant de leur position pour s’enrichir au détriment du peuple. De plus, l’achat d’élections est une pratique courante, où des candidats utilisent des fonds illégaux pour s’assurer une victoire électorale. Ces pratiques minent la confiance du peuple dans le système politique et pervertissent le véritable sens du mandat législatif.
Manipulation des résultats électoraux
Outre l’achat d’élections, les députés congolais sont également accusés de participer activement aux bourrages des urnes et aux manipulations des résultats électoraux. Ces pratiques antidémocratiques privent le peuple congolais de sa voix et sapent la légitimité des institutions démocratiques. Loin de représenter les intérêts du peuple, ces députés déshonorables ne font que renforcer le cycle de la corruption et de l’injustice.
Réparer le cancer politique
Pour sauver la nation congolaise, il est impératif de prendre des mesures courageuses pour éradiquer la corruption et rétablir l’intégrité dans le système politique. Voici quelques pistes de réflexion :
– Renforcer les institutions de lutte contre la corruption;
– Mettre en place des organismes indépendants chargés de traquer et de punir les actes de corruption, y compris ceux commis par les députés;
– Renforcer la transparence électorale;
– Mettre en place des procédures rigoureuses de supervision électorale pour prévenir les manipulations des résultats électoraux et garantir l’intégrité du processus démocratique;
– Éduquer et responsabiliser les électeurs;
– Sensibiliser la population aux dangers de la corruption et de l’achat d’élections, et encourager la participation citoyenne active pour promouvoir des candidats intègres et compétents;
– Réformer le système politique;
– Examiner les lois électorales et les mécanismes de responsabilité des députés, renforcer les sanctions pour les actes de corruption et promouvoir une culture de transparence et d’intégrité;
Le comportement exécrable des députés congolais qui trichent et achètent leurs élections est un véritable cancer pour la nation. Pour sauver la République démocratique du Congo, il est essentiel de repenser le sens du mandat législatif et de mettre en place des mesures concrètes pour lutter contre la corruption et restaurer l’intégrité dans le système politique. Un tel changement nécessite la volonté collective de la société civile, des électeurs et des acteurs politiques pour construire une nation plus juste, transparente et démocratique.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
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Affaire « Mutamba » : La justice congolaise se réveille, enfin, et gifle son propre ministre !

C’est une gifle institutionnelle, brutale et symbolique. En informant le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, que « la phase de l’instruction étant clôturée, sa récusation n’a plus d’effet », le Parquet général près la Cour de cassation lui signifie clairement qu’il ne peut ni ralentir, ni saboter la machine judiciaire. Même en tant que Garde des Sceaux !
Cette affaire de détournement des fonds destinés à la construction des prisons, aux allures de bras de fer entre le pouvoir judiciaire et l’un des piliers de l’Exécutif, révèle une chose essentielle : la Justice congolaise, souvent brocardée pour sa soumission au politique, ose-du moins en apparence-affirmer une once d’indépendance. Et ce n’est pas rien.
Constant Mutamba, connu pour son activisme, sa rhétorique de « rupture », et son zèle au service du régime Tshisekedi, croyait peut-être pouvoir manœuvrer dans un dossier où son nom ou son influence pourraient peser. En vain. Le ministère public lui rappelle que le temps des diversions est passé, que la procédure avance, et que la République ne saurait être prise en otage par un ministre, fût-il celui de la Justice.
Mais attention : derrière cet acte de fermeté, la méfiance reste de mise. Le système judiciaire congolais n’est pas encore guéri de ses vieux démons : instrumentalisation, règlements de comptes, et juges à la carte. La procédure en cours devra donc prouver qu’elle est animée par l’intérêt général, et non par une guerre de clans déguisée en croisade pour la vérité.
Quoi qu’il en soit, ce désaveu public infligé à Constant Mutamba entame son autorité, fragilise son image, et interroge sur la suite de sa mission au sein du gouvernement. Peut-on incarner la Justice quand on est soi-même rattrapé par elle ?
L’affaire ne fait que commencer.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET