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Controverse sur le rappel du représentant permanent de la RDC à l’ONU

La décision de la ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, Marie Tumba Nzeza, rappelant le permanent de la RDC à l’ONU n’a pas laissé indifferents plusieurs cadres du Front commun pour le Congo ( FCC), plateforme en coalition avec le Cap pour le Changement ( CACH) dont l’autorité morale est le président Félix Tshisekedi.
Pour ces cadres, cette décision est très mal perçue.
La dernière réaction en date est celle de Yves Kisombe, cadre du FCC, pour qui cette décision est irrégulière.
L’ancien vice-ministre des Affaires étrangères estime que cette décision ne fait pas avancer les choses. Elle va, selon lui, à l’encontre de la volonté affichée par le Président de la République de ne pas faire la chasse aux sorcières.
Rappelons que la ministre d’Etat Marie Tumba Nzeza a, dans sa correspondance du 9 décembre, demandé au chargé d’affaire ai de la RDC à l’ONU, Ignace Gata Mavita wa Lufuta, de communiquer sa décision à l’organe compétent des Nations Unies à New York et de prendre des dispositions utiles pour le rapatriement de la famille du permanent de la RDC.
Alors que le renouvellement du mandat de la Monusco est annoncé d’ici la fin de l’année 2019, cette décision du gouvernement congolais par le biais de son ministère d’État aux Affaires étrangères ne précise aucune raison de ce rappel définitif de ses ambassadeurs.
Haro sur la politisation de la Diplomatie
Interrogé par CONGOPROFOND.NET, un proche collaborateur de la ministre des Affaires Etrangères a fait savoir qu’il n’y a pas lieu de « politiser » cette décision. » A ce jour, 95% de diplomates congolais arrivent à terme de leur mandat de 4 ans. Le concerné a presque doublé le sien. Il est tout à fait indiqué de favoriser la rotation comme cela se fait partout dans le monde… ».
Puis de poursuivre : En dépit du caractère politique de sa fonction, en tant que diplomate, l’ambassadeur n’a pas un statut administratif particulier. Il relève d’une administration à qui il doit rendre compte. Il fait partie des membres d’une mission diplomatique, dont il est le Chef. En cas d’actes fautifs, il peut aussi être rappelé définitivement comme tout autre diplomate par l’autorité du Ministère, qui a la prérogative de la sanction. Le rappel définitif n’est pas la révocation. Sur instruction du Président de la République, le ministre des Affaires étrangères peut mettre fin aux fonctions d’un ambassadeur en lui notifiant soit son rappel en consultation soit son rappel définitif.
L’acte du Président de la République intervient postérieurement dans la procédure.
En effet, il va signer les lettres de rappel définitif de cet Ambassadeur rappelé, que son successeur va remettre, au gouvernement étranger, au moment de la présentation de ses lettres de créance.
Les dossiers Kithima et Gata ont été examinés sur instruction du Président de la République.
Bishop Mfundu/CONGOPROFOND.NET
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Affaire « Mutamba » : La justice congolaise se réveille, enfin, et gifle son propre ministre !

C’est une gifle institutionnelle, brutale et symbolique. En informant le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, que « la phase de l’instruction étant clôturée, sa récusation n’a plus d’effet », le Parquet général près la Cour de cassation lui signifie clairement qu’il ne peut ni ralentir, ni saboter la machine judiciaire. Même en tant que Garde des Sceaux !
Cette affaire de détournement des fonds destinés à la construction des prisons, aux allures de bras de fer entre le pouvoir judiciaire et l’un des piliers de l’Exécutif, révèle une chose essentielle : la Justice congolaise, souvent brocardée pour sa soumission au politique, ose-du moins en apparence-affirmer une once d’indépendance. Et ce n’est pas rien.
Constant Mutamba, connu pour son activisme, sa rhétorique de « rupture », et son zèle au service du régime Tshisekedi, croyait peut-être pouvoir manœuvrer dans un dossier où son nom ou son influence pourraient peser. En vain. Le ministère public lui rappelle que le temps des diversions est passé, que la procédure avance, et que la République ne saurait être prise en otage par un ministre, fût-il celui de la Justice.
Mais attention : derrière cet acte de fermeté, la méfiance reste de mise. Le système judiciaire congolais n’est pas encore guéri de ses vieux démons : instrumentalisation, règlements de comptes, et juges à la carte. La procédure en cours devra donc prouver qu’elle est animée par l’intérêt général, et non par une guerre de clans déguisée en croisade pour la vérité.
Quoi qu’il en soit, ce désaveu public infligé à Constant Mutamba entame son autorité, fragilise son image, et interroge sur la suite de sa mission au sein du gouvernement. Peut-on incarner la Justice quand on est soi-même rattrapé par elle ?
L’affaire ne fait que commencer.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET