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Congo-Brazzaville/Salubrité : Borel Herman Leyono en appelle à l’implication du pouvoir politique (Interview)
Borel Herman Leyono est le directeur de l’environnement et de la propreté dans la ville de Brazzaville. Au nom du maire central, il se félicite de la note circulaire prise par le premier ministre, chef du gouvernement, Clément Mouamba, portant lancement officiel de l’opération de salubrité publique, le 03 novembre sur toute l’étendue du territoire national. Seulement, il estime que pour la réussite de cette opération, il faudra impliquer le pouvoir politique. Interview.
CONGOPROFOND.NET : Le premier ministre, chef du gouvernement a pris une note circulaire dans laquelle il annonce l’organisation d’une opération de salubrité publique le 3 novembre prochain sur toute l’étendue du territoire national. Est-ce qu’une telle mesure a déjà été prise par la mairie centrale ?
Borel Herman Leyono : Effectivement au niveau de la ville de Brazzaville, il existe des textes qui ont été pris dans le cadre de la salubrité. Je me permettrai de vous rappeler qu’au niveau de la ville de Brazzaville nous avons pour la circonstance pris, le 22 septembre 2011, une délibération du conseil ; c’est la délibération n°013 de 2011, portant institution de la journée citoyenne de salubrité dans la commune de Brazzaville. C’est pour vous dire pour nous l’initiative n’est pas nouvelle. Sauf qu’à la différence, maintenant nous passons de l’échelle d’une collectivité à celle d’une nation. La différence aussi c’est qu’il y a une politique du premier ministre et celle qui existe déjà dans la ville de Brazzaville.
Mais depuis que ces mesures ont été prises par la mairie, elles sont restées lettres mortes…
Rien n’a été fait ? Non, je ne me permettrai pas de dire cela. Nous avons beaucoup fait. Sauf que cette note délibération a souffert du manque d’accompagnement des pouvoirs politiques. Je vous prends un cas. Il avait été prévu que durant cette journée que les tenanciers des boutiques puissent entretenir les collecteurs et les devantures de leurs boutiques. Nous avons malheureusement constaté qu’au lieu que les administrateurs maires s’impliquent et les poussent à travailler, ils fermaient leurs boutiques pour ne rien faire et à les rouvrir l’après midi. Je pense aussi que, pour que cette note circulaire du premier ministre soit effective, il faudrait qu’il y ait vraiment l’implication du pouvoir politique. Parce que s’il n’y a pas cette implication, je crains que nous ne retombions dans ce que nous déplorions autrefois. Et quand je parle de pouvoir politique je fais allusion aux maires, ministres, députés et bien d’autres qui ont en charge la gestion de la cité.
Malgré cette inquiétude que vous émettez, peut-on savoir le niveau d’intervention de la mairie dans l’exécution effective de cette délibération ?
Permettez que je vous relise une partie de ce que dit cette circulaire : «il sera désormais organisé sur toute l’étendue du territoire national le premier samedi du mois de 07h à 10h une opération de salubrité publique villes, villages et habitations propres associant autour des autorités nationales et locales». A ce stade-ci, puisque nous sommes une institution, le premier samedi du mois la mairie va organiser une opération de salubrité tout en n’étant pas la seule à le faire. Les ministères, les préfectures, les villages, les quartiers, les mairies d’arrondissements doivent tous organiser l’opération. A ce niveau, nous ne sommes que des acteurs. A moins que la primature fasse évoluer le texte pour associer à cette opération les mairies de Brazzaville et de Pointe-Noire dans l’organisation.
Il y a des années en arrière la mairie centrale avait des véhicules de collecte des ordures. Mais aujourd’hui elle préfère appeler des partenaires pour le même service et l’assainissement de la ville. Peut-on se permettre de dire qu’elle a démissionné de l’une de ses missions primaires ?
Non. Je ne pense pas. La mairie n’a pas démissionné de l’une de ses missions primaires. Seulement, ce qui s’est passé c’est qu’entre les années 60 et 90, la gestion des déchets était du ressort de la mairie centrale. A ce moment-là, les véhicules étaient donc mis à sa disposition ; la mairie achetait le matériel nécessaire pour gérer ce service-là. Entre les années 80 et 85 on a associé les mairies d’arrondissement à la gestion des déchets. Sauf que ça n’a pas donné les résultats escomptés. Cela va amener alors l’Etat à créer, des années plus tard, des sociétés comme SOCEMA (Société congolaise d’enlèvement des ordures ménagères et d’assainissement). Et on a eu le SCET dans les années 92. En 1990, les organismes internationaux vont imposer aux Etats d’ouvrir les capitaux et privés et c’est ce qui a conduit l’Etat a ne plus financer certaines activités.
Au Congo, l’Etat va donc se retirer de cette gestion en 1991, Il n’y aura plus de subvention dans la collecte et la gestion des déchets et donc, malheureusement, l’Etat ne va plus accompagner la mairie dans cette mission. Faute de financement, les sociétés de ramassage des ordures vont faire faillite. Il y aura alors un vide. Et quand l’Union Européenne arrive, il y aura Avobra (Action pour la valorisation des ordures à Brazzaville). Il va ainsi s’en suivre le développement de cette filière avec des jeunes et des pousses-pousses. Ce jusqu’à nos jours (…) Aujourd’hui nous bénéficions d’un contrat avec l’Etat : celui d’avec Averda. Cette entreprise vient en appui des pousses-pousseurs reconnus par la mairie. Ces derniers ont pour missions entra autres d’aller dans les quartiers ramasser les ordures et les revenir les renverser dans les Bacs Averda placés sur les grandes avenues. Pour conclure sur cette question, la mairie n’a pas démissionné mais il se pose simplement un problème de financement pour le développement de la filière.
Un message aux Brazzavillois pour une forte mobilisation autour de cette opération de salubrité lancée officiellement le premier ministre ?
Je demanderai aux Brazzavillois de se réveiller parce que le problème de salubrité est très criard dans nos quartiers. Certes nous avons des quartiers qui souffrent de manque de politique d’urbanisme, mais nous allons faire de notre mieux pour développer les choses. Je demande aux chefs de quartiers de mobiliser les jeunes. Et de mettre des comités d’action que nous pourrons assister en leur donnant du matériel. Ils peuvent toujours nous associer parce que l’objectif c’est de rendre notre ville propre.
Par Achille Tchikabaka/CONGOPROFOND.NET
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ONU, Francophonie, processus de Luanda : La RD Congo est de retour en force !
On ne l’attendait sans doute pas à ce niveau-là. Surtout pas en un moment où les éléments semblaient s’aligner pour précipiter la chute de la « bête », et offrir sa peau aux prédateurs. L’hallali était décrété mais les étoiles en ont décidé autrement.
Dans son rôle de porte-parole de toutes les causes perdues, Fridolin Ambongo Besungu a de nouveau embouché sa trompette pour entonner l’arlésienne de la faillite de l’état congolais, dont il se garde de situer le début dans le temps et l’espace, apparemment pour mieux épouser le tempo des réseaux sociaux et récolter leurs vivats.
Le cardinal ne s’est pas contenté de tâter le terrain. Il est allé plus loin en revendiquant les attaques les plus invraisemblables déversées par les croisés de la nouvelle révolution. Ces derniers, comble d’ironie, se sont comme par hasard donné rendez-vous dans la capitale du Royaume de Belgique transformée comme dans les années Mobutu en place forte de la subversion. Mais aussi à Genève devant le Conseil des Nations Unies pour les droits de l’homme, ainsi qu’à New York pour ceux qui ont fait le choix des soirées arrosées en copinant avec les multinationales, ou de se faire coacher par quelques démocrates dans l’espoir d’arracher une improbable légitimité.
Bref, le casting comme le timing avaient permis de surfer sur des relations qui se dégradent à vue d’œil entre la RDC et l’Union Européenne. Dont les principaux leaders ont fait le choix incroyable du double standard plutôt que celui de la justice pour asseoir des relations internationales plus saines et plus équitables ; mais aussi dans l’ambiguïté de l’attitude américaine face à la crise aujourd’hui tri-décennale de l’Est de la République Démocratique du Congo. Avec des conflits qui se suivent et se ressemblent, attisant les tribalismes et les irrédentismes, entretenant les égoïsmes pour mieux souffler sur les braises de la division et du pillage des ressources.
Les observateurs congolais sont des gens si subtils que ce qu’ils proclament comme analyses ne sont en réalité que des litanies d’émotions et frustrations qu’ils espèrent cacher à leurs compatriotes forcément naïfs sous le drap d’un flux d’informations ramassées vaille que vaille et qui n’ont pas toujours entre elles un lien logique.
Seulement voilà. Il y a des moments où la réalité, après avoir atteint et dépassé le stade de la fiction, confine au paradoxe pour les faibles d’esprit. Ceux qui voyaient, notamment, dans les voyages de Félix Antoine Tshisekedi de simples villégiatures destinées à égayer ses proches et à distraire ses compatriotes avouent désormais, quoique du bout des dents, leur surprise. Un : la plupart des états du monde n’hésitent plus aujourd’hui pour considérer le Rwanda comme un pays agresseur, tout en lui exigeant de retirer ses troupes de la RDC et de stopper les pillages découlant de son occupation. Deux : lentement mais sûrement, l’armée congolaise se reconstruit et conclut des alliances qui portent sur la durée. Trois : un nouveau rapport de force se dessine de plus en plus en s’inscrivant dans la durée face à des voisins qui regardent désormais la RDC d’un œil moins condescendant et plus respectueux.
La RD Congo est de retour
La politique des petits pas offre cette vertu rare que, comme la marche du caméléon, elle tient à s’assurer de ne pas se jeter les yeux fermés juste pour flatter son orgueil blessé, sans offrir la garantie de la justesse et de la fermeté de chaque pas engagé.
Qu’on le veuille ou non, qu’on s’en félicite ou qu’on le déplore, la République Démocratique du Congo est bel et bien de retour sur la scène internationale. Passé les effets pervers et déformants de la communication cathodique, souvent boursouflée et chaotique, où chacun des acteurs a tendance à se considérer comme le « nec plus ultra » sinon le nombril de la terre, force est de se rendre à l’évidence que, bon an mal an, la RD Congo est de nouveau là, en tout cas sur tous les théâtres où le dossier congolais se traite, afin d’être défendu par ses propres enfants.
La récente sortie fracassante de Félix Antoine Tshisekedi de son 19ème sommet de Paris a sonné comme l’amorce d’une nouvelle ère au sein de la francophonie, faisant bouger les lignes au point d’aboutir à la condamnation de la présence du Rwanda sur le territoire congolais et à la réaffirmation du principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Le prochain rendez-vous de Luanda devrait entériner cette évolution en exigeant un plan détaillé des troupes de Kigali, l’acceptation du principe de la responsabilité et de la judiciarisation des actes posés dans le cadre d’un éventuel accord.
Alors qu’on attend dans les prochaines semaines le dénouement du dossier du vote des membres non permanents du Conseil de sécurité (2025-2027), pour lequel la RDC jouit des chances réelles, force est de saluer, du coup, les efforts de la diplomatie de Félix Tshisekedi, même s’il y en a toujours parmi les Congolais qui trouvent des raisons de faire la fine bouche. La RDC est à nouveau un acteur sur lequel on peut compter et avec lequel il faut compter. Tous ces développements sont adossés à la signature d’une série d’accords inédits et dans plusieurs secteurs avec Pékin, mais aussi d’un partenariat non exclusif, centré sur la sécurité et la défense, avec la Russie.
L’amertume des partisans d’une approche par émotions, genre coup sur coup excluant une démarche réfléchie sur le long terme, ne se consolent pas. Leur amertume les pousse jusqu’à bouder le fait pourtant visible que la marge de manœuvre du Rwanda se réduit chaque jour sensiblement, et qu’à l’intérieur du pays des mille collines, le volcan de la contestation est proche de vomir sa lave incandescente.
Consolider le front intérieur
Il restera évidemment à assainir la scène politique nationale en l’expurgeant de tous ses moutons noirs au profit des cadres compétents certes, mais surtout, dont la loyauté est indiscutable. D’ici-là, Il est pour le moins symptomatique que pour des besoins de positionnement personnel sur la scène politique ou de buzz sur les réseaux sociaux, certains Congolais ne s’accordent aucune limite. Quitte, par exemple, à remettre à des calendes incertaines l’urgence de la question de la constitution, au motif pernicieux qu’elle ne résout ni celle du pain ni celle du miel.
S’il est vrai que ventre affamé n’a point d’oreille, il est tout aussi vrai, d’expérience, que ceux qui ont vendu leurs pays à travers l’histoire avaient toujours ventre rebondi et panse pleine, estimant néanmoins que leur boulimie ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin.
Sont tout aussi pathétiques ceux qui, après avoir soutenu à cors et à cris la loi Tshiani sur la nationalité lors de la campagne électorale, récusent désormais le principe d’une constitution qui lui accorderait pourtant la préférence, en raison des motivations et des frustrations d’ordre manifestement personnel. Au nom des mêmes motivations personnelles, on devrait ainsi s’abstenir de corriger les dérives du parlementarisme, l’impact négatif des assemblées provinciales et de leur émanation qui est le sénat, l’excès des immunités accordées aux anciens dirigeants, le poids des critères excessivement complaisants dans le choix des candidats aux fonctions politiques et managériales, la question de l’abandon de la souveraineté au profit d’une hypothétique unité africaine…
L’homme, dit le Sage, ne vit pas que du pain. Mais aussi de l’esprit qui est en lui et qui s’abreuve à la seule source qui le relie aux générations présentes, passées et à venir. Une évaluation rigoureuse de leur démarche globale devrait convaincre les Congolais que la faillite de l’état que déplore avec un certain aplomb le cardinal Ambongo, s’il n’était pas complaisant, plonge en réalité ses racines loin dans une décolonisation ratée depuis 1960 et non depuis l’accession au pouvoir de Félix Tshisekedi.
Jean Kenge Mukengeshayi
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