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Congo/Brazza: agitation à l’UMP, Elvis Tsalissan-Okombi reste serein
L’eau a coulé sous le pont à l’Union pour un mouvement populaire (UMP) de Elvis Tsalissan Okombi. Beaucoup de choses ont été dites à son sujet : radiation, traitrise et ses ambitions à la présidentielle de 2021.
Elvis Tsalissan-Okombi n’est pas allé par le dos de la cuillère pour dénoncer la mauvaise foi de certains membres du parti, l’UMP.
Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée à Brazzaville, il a été obligé de crever l’abcès pour mieux éclairer l’opinion sur les erreurs de ces détracteurs qui, selon lui, n’ont adhéré au parti que huit (8) mois à peine.
« Il faut comprendre d’abord les textes. A l’UMP la seule personne qui est élue c’est le président. Une fois que le président est élu, il nomme les membres du bureau», a-t-il fait savoir.
Il a appelé la situation créée par des membres de l’UMP d’agitation. Une agitation dans laquelle il ne pourra jamais tomber.
« Aussi, de la même manière qu’ils ont été nommés à leurs fonctions, ainsi ils ont été relevés. Il n’y a pas péril en la demeure. Les choses ont été remises dans l’ordre », a-t-il martelé.
Selon l’orateur, ils ont créé dans leur tête un Tsalissan Okombi qui serait parti en Europe prendre contact avec l’opposition afin de prendre le pouvoir un jour.
«Le vrai Tsalissan Okombi est président de l’UMP. Ils ont même créé un Tsalissan qu’ils ont radié. Le Tsalissan iOkombi que vous connaissez est à la tête de l’UMP, de Pona Ekolo et nous avons lancé la campagne Elikia. Dans tous les prochains jours nous allons à Dolisie lancer la campagne Elikia. Toutes ces initiatives ont un seul objectif : continuer à soutenir le président de la République », rassure-t-il.
L’UMP totalise dix (10) ans de sa création cette année. Il y a beaucoup d’activités qui sont prévues en juillet prochain à Brazzaville et à Pointe-Noire.
Présentant le bilan, Tsalissan Okombi a souligné que « le bilan de 10 ans de l’UMP est marqué en 2012 par la participation aux élections législatives où nous avons présenté dix candidats. Nous sommes sortis avec zéro élu. Aux élections locales de 2014 nous avons eu sept conseillers. Nous avons attendu 5 ans plus tard pour avoir les députés que nous avons aujourd’hui. Et le nombre de conseillers que nous avons, a doublé. Nous sommes sur une ascendance… », a-t-il déclaré.
Une croissance jugée normale par le président de l’UMP. Il a édifié l’assistance sur le positionnement politique de son parti qui est du Centre par rapport à la Mouvance présidentielle.
« Etre du centre n’est pas un positionnement géographique. Parce que très souvent les gens confondent. Mais c’est un positionnement idéologique. Quand nous disons que nous sommes centristes mais c’est à cause des valeurs que nous avons (…) Quand on parle de la mouvance, c’est l’ensemble des forces politiques qui peuvent soutenir un président de la République. Et le président Denis Sassou-N’Guesso a dépassé l’étape d’être responsable d’un parti politique pour être au-dessus de la mêlée », s’est défendu en substance Tsalissan Okombi.
La troisième place de l’UMP à la Commission nationale électorale indépendante (CNEI) a occupé une partie de son intervention. A ce sujet, il est surpris cependant de la réaction de certains membres qui lui reprochent de revendiquer tant ce siège.
« C’est pour la première fois que dans un parti politique on entend les gens dire que non, le président est en train de réclamer un poste que nous ne voulons pas (…) Quand nous disons que le poste de la CNEI nous revient de droit, c’est parce que nous remplissons les critères », a déclaré le président de l’UMP.
Il ne nourrit aucune ambition de se présenter à la présidentielle de 2021 comme le soulignent les détracteurs. Par contre, il a réaffirmé son soutien indéfectible à Denis Sassou-N’Guesso.
« A Ngo, j’ai dit à mes mandants que nous devons nous mettre en ligne de bataille pour soutenir la candidature de DSN », a-t-il rappelé.
Et de rassurer: « au niveau de l’UMP nous sommes sereins. Il ne sera pas question pour nous au stade actuel de nous présenter de telles ambitions ».
Notons qu’au début de cette conférence de presse, Elvis Tsalissan Okombi a présenté les nouveaux promus aux postes de responsabilité de l’UMP.
Achille Schillains, CONGOPROFOND.NET/ Correspondant à Brazzaville
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“Les rébellions rwandaises au Kivu ( 1996-2024)” de Nicaise Kibel’Bel : Mettre fin à l’instrumentalisation de Kigali et batir, enfin, un système de défense digne d’un Congo convoité
Question : Monsieur Nicaise, votre dernier ouvrage dérange par son titre « Les rébellions rwandaises au Kivu ». Pourquoi avoir choisi ce titre ?
Nicaise Kibel’Bel Oka : Un titre n’est jamais choisi au hasard. Son choix répond au contenu et aux réalités du livre. Effectivement, le livre décrit toutes ces rébellions rwandaises depuis 1996 qui ont trouvé un terrain d’expérimentation sur le sol congolais. Pour l’illustrer par un exemple. A chaque fois qu’il y a dialogue entre le gouvernement et les « rebelles » congolais, avez-vous déjà vu les rebelles remettre armes et équipements militaires ? Ils ne peuvent pas le faire parce que ces armes ne sont pas les leurs. Et pire, ce ne sont pas les Congolais qui les manient au front.
Q. : Comment expliquez-vous alors cette stratégie du régime Kagame d’instrumentaliser des Congolais ?
N.K.O. : C’est une stratégie simple qui fonde toute la philosophie du pouvoir au Rwanda. Elle consiste à créer des zones de tensions et à les maintenir indéfiniment. Il y a des personnes, des médias et institutions payées pour alimenter ces conflits. Ces tensions sont à la base de la guerre hybride dans la région. En réalité, Kigali n’a que faire des « rebelles » congolais pour qui il n’a aucune considération. Depuis Laurent-Désiré Kabila jusqu’à Corneille Nangaa, ils sont vilipendés et jamais leurs noms ne sont cités au Rwanda.
Q. : Les rébellions rwandaises au Kivu. Comment comprendre que derrière elles, ce sont des revendications des populations d’expression kinyarwanda qui sont mises en avant ?
N.K.O. : Il faut apporter un bémol. Paul Kagame ne défend pas les populations d’expression kinyarwanda comme il a voulu longtemps le faire croire. Il défend selon lui les populations martyrisées Hamites en RDC. C’est toute la différence idéologique. Et tant qu’on ne comprendra pas cette distinction, on naviguera à vue dans la déstabilisation de la région.
Q. : Pouvez-vous être plus explicite dans ce que vous avancez ?
N.K.O. : Au Rwanda comme au Burundi, il y a trois ethnies (Hutu, Tutsi et Twa). Les Hutu et les Tutsi parlent tous le kinyarwanda mais ne sont pas des Hamites. Défendre les populations d’expression kinyarwanda signifierait défendre les Tutsi et les Hutu. Or, Kagame voue une haine viscérale contre les Hutu qu’il qualifie à tous les niveaux des « génocidaires ». Et donc, à défaut de les défendre et de les protéger, il doit les combattre, les neutraliser. C’est ce qu’il demande au gouvernement congolais. Comment la RDC perçoit la notion du génocide ? Est-ce que tous les Hutu même ceux qui sont Congolais sont des génocidaires ? Les populations Hamites du Congo subissent-elles de réprimandes ?
Q. : Selon vous, comment mettre fin alors à toutes ces rébellions rwandaises au Kivu ?
N.K.O. : Tout d’abord il faut établir une nette différence entre le Rwanda et la RDC. Cet exercice pédagogique poursuit deux finalités. Primo, faire comprendre aux populations Hamites du Congo que ce n’est pas Kigali qui va résoudre leurs problèmes. On ne peut pas indéfiniment vivre en seigneur de guerre au bénéfice d’un autre État contre son pays. Secundo, le pouvoir au Rwanda a été construit sur la violence, sur les oppositions entre Hutu et Tutsi. Ce qui n’est pas le cas pour la RDC. Il faut d’abord aider le Rwanda à trouver des solutions aux problèmes de la cohabitation entre Hutu et Tutsi. Il n’y a que le dialogue et la réconciliation comme thérapie à des tensions ethniques.
Nicaise Kibel’Bel Oka, journaliste d’investigation et auteur du livre, en méditation. Archives Les Coulisses).
Q. : Apparemment vous êtes le seul à faire ce diagnostic. N’est-ce pas que vous rêvez ?
N.K.O. : C’est le vrai diagnostic pour une paix dans la région. Et je ne suis pas le seul. De nombreux rwandais (Hutu comme Tutsi) sont convaincus qu’il faille un dialogue pour une réconciliation au Rwanda. Ceci, pour éviter le cycle infernal de tensions et de guerre. Aucune ethnie ne prendra indéfiniment le dessus sur l’autre.
L’ex-président Hutu du Rwanda, Pasteur Bizimungu, prédécesseur de Paul Kagame, a exprimé ce regret devant le Parlement avant d’être démis.
Q. : « Toutes les composantes au niveau national ne se sentent pas représentées dans l’autorité du Rwanda ».
Et d’ajouter à notre micro en 2001 : « Ce qui a déchiré le Rwanda, c’est plus particulièrement l’exclusion de certaines sections de la population. Pendant 150 années, se sont succédé des luttes de pouvoir entre les élites tutsi et hutu. Chaque fois que l’une arrivait au pouvoir, elle monopolisait à son profit excluant d’autres tout en violant les droits fondamentaux. Le FPR a suivi malheureusement le sentier bâti.
De par l’histoire de notre pays, il est démontré que les gens qui se sont emparés du pouvoir par la force militaire n’ont jamais réussi quelle que soit la durée au pouvoir. Toute exclusion mène forcément à la force ».
Au Rwanda, comme l’écrit Gaël Faye dans son livre « Jacaranda » : « La paix n’est qu’une guerre suspendue ». Le cycle de violence au Rwanda n’est que momentanément suspendu.
Q. : Votre livre parle de l’impunité dont jouit le régime de Kigali. Pourquoi les deux poids, deux mesures ? Pensez-vous que l’Occident ne comprend pas le drame de la région ?
N.K.O. : Les Occidentaux jouent au sapeur-pompier pour maintenir les tensions qui garantissent leurs intérêts. En choisissant le « Bon » et le « Mauvais » au Rwanda, ils ont tout fait pour que le FPR ne puisse jamais répondre de ses actes devant la justice internationale. Ce qui lui donne la force de narguer les autres. La logique des Occidentaux ne résiste pas à la logique normale. Prenez le cas de l’Ukraine. Ils livrent des armes à l’Ukraine mais lui interdisent de frapper des cibles russes. C’est exactement un embargo qui ne dit pas son nom. C’est le même cas avec la RDC. On nous impose de négocier avec le Rwanda qui occupe des pans entiers de notre territoire. Qui arme le Rwanda ?
Notre livre essaie de passer au peigne fin cette mésaventure tout en épinglant aussi les faiblesses dans notre système de défense qui est resté dans le ghetto et aujourd’hui incapable de faire face aux menaces actuels et à venir. Ce livre baigne dans la couleur locale. Mon livre est un appel à la prise de conscience contre l’instrumentalisation rwandaise et à la mise en place d’un système de défense digne du Congo. Rome a été hospitalière tout en étant expansionniste.
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A bâtons rompus avec Nicaise Kibel’Bel Oka
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