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CAN U23/RDC-Maroc : Christian N’sengi Biembe décomplexé et confiant ! (Interview)
En prélude de la double confrontation de cette semaine (mercredi 20 mars pour le match aller à Kinshasa et le 24 mars pour le retour au Maroc), l’entraîneur des Léopardeaux U23, Christian N’sengi Biembe affirme être décomplexé et confiant, mais aussi conséquent pour ces deux matches importants pour la qualification à la Coupe d’Afrique des Juniors Egypte 2019.
Après avoir éliminé leurs homologues rwandais “les Amavubi” (5-0 au match retour et 0-0 au match aller ), au mois de novembre 2018, les Leopardeaux seront à nouveau sur l’aire de jeu pour défier, cette fois-ci, le Maroc.
Christian N’sengi Biembe parle de “50-50” pour les deux équipes dans une interview qu’il a accordée à CONGOPROFOND.NET.
CONGOPROFOND.NET: vous êtes depuis un temps encadreur des jeunes. Est-il facile de le faire ?
Christian N’sengi Biembe : “Ce n’est pas facile d’encadrer les jeunes, mais c’est un plaisir. Parfois, il y a des soucis comme dans une famille. Il y a des enfants qui sont parfois compliqués à gérer que d’autres. Sinon quand on le fait, c’est pour le plaisir et la passion. Et quand la passion devient un métier, c’est encore mieux.”
CP : Comment vous arrivez à encadrer ces jeunes gens ? car chacun viens avec son comportement…
CNB : “Il faut mettre en place des principes qui sont pour tout le monde, il y a en a qui sont facile à les vivre que d’autres. Donc c’est en fonction de ça qu’on s’adapte et on essaie de trouver le moyen de parler, dialoguer. Mais par exemple pour l’équipe nationale U23, on leur dit que c’est leur métier. Il faut adopter une certaine discipline pour réussir. C’est dans ce contexte là que j’interviens.”
CP:Les binationaux venaient parfois difficilement jouer en équipe nationale, mais vous êtes parmi ces gens là, qui les ont convaincus de venir jouer, surtout les jeunes. Comment vous procédez ?
CNB : “Je ne les attire pas, c’est eux même qui viennent. On ne peut pas forcer quelqu’un à venir contre son gré. Mais il y a ceux à qui on s’intéresse qui sont là. Il y a ceux pour lesquels on insiste, ils viendront, mais ne se donneront pas à fond. Par contre si vous arrivez à les convainre, à leur communiquer l’envie, la passion et l’amour du pays, là vous avez gagné un élément qui pourrait vous amener à des grandes choses.”
La double confrontation face au Maroc
CONGOPROFOND.NET : la RDC a un grand match ce mercredi face aux Marocains. Comment vous le préparez
Christian N’sengi Biembe : Comme les autres match, mais avec attention. On essaie de voir les matches précédents où on a fait des erreurs et corriger. Mais dans mon approche avec mes collaborateurs, j’essaie de ne pas communiquer le stress parce que certains ne savent pas les vivre. On essaie de leur montrer que c’est un match qui est important comme tout autre. Le Rwanda a été abordé avec beaucoup d’importance, on fait la même chose avec le Maroc. Pour dire qu’il y a pas un match plus important que l’autre. S’il y a des matches où il y a moins beaucoup d’importance et on gagne 10. Ce sera la même importance, la même attention contre le Brésil, par exemple. Ils savent l’enjeu.
CP : Est-ce que vous avez l’idée globale de l’équipe du Maroc ?
CNB : “Oui, on connaît leur faiblesse, on connaît leur force comme, ils connaissent les notre.”
CP : le Maroc a un latéral gauche qui joue à Shalk 04 (1 ère division allamagne ) , qui sera de la partie. Qu’est-ce vous allez faire pour l’empêcher de faire son boulot ?
CNB : “Ben ! Il faudra aussi qu’eux empêchent un demi-défensif qui joue à Mazembe , qu’ils empêchent aussi un latéral droit qui joue au Standard de liège, un milieu défensif qui joue à Anderlecht, qu’ils trouvent aussi un gardien qui joue à VClub ou à Bordeaux, il faudra qu’ils puissent aussi mettre en mal un latéral qui joue à DCMP, il faudra aussi qu’ils puissent contrecarrer un attaquant qui joue à TP Mazembe, qui est meilleur buteur avec 19 buts, il faudra qu’ils puissent aussi embêter un latéral gauche qui joue dans VClub et ceux qui jouent à Saint Tronc, à l’Epen. Vous savez ces enfants jouent déjà contre des grands joueurs, ils gagnent parfois, mais ils perdent aussi. Shalk 04 n’est pas Anderlecht, ni Barcelone ou Réal Madrid , Shalk c’est un club comme tout le monde. Shalk, c’est la même valeur que Anderlecht. Je n’ai pas assez de complexe, depuis que j’entraîne à Anderlecht on joue contre les grandes équipes. Il y a trois ans, j’ai eu à remplacer Florent Ibenge. On a joué le Nigeria et le Gabon, c’était des grandes nations, ils ont été battues.
CP : Le match retour vient trois jours après celui d’aller , est-ce que vous aurez le temps de récupérer ces jeunes ?
CNB : “Il faudra poser la même question au Maroc, nous avons tous des problèmes, les même soucis. Chez eux, il y a des joueurs qui vont aussi arriver le 18 mars, ils jouent ce week-end dans leurs clubs conformément à ce que demande la FIFA.
C’est un avantage, mais un désavantage aussi parce que les miens aussi jouent ce week-end. Donc on part à 50-50. C’est le mental, c’est les détails qui font la différence.
Jolga Luvundisakio/CONGOPROFOND.NET
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“Les rébellions rwandaises au Kivu ( 1996-2024)” de Nicaise Kibel’Bel : Mettre fin à l’instrumentalisation de Kigali et batir, enfin, un système de défense digne d’un Congo convoité
Question : Monsieur Nicaise, votre dernier ouvrage dérange par son titre « Les rébellions rwandaises au Kivu ». Pourquoi avoir choisi ce titre ?
Nicaise Kibel’Bel Oka : Un titre n’est jamais choisi au hasard. Son choix répond au contenu et aux réalités du livre. Effectivement, le livre décrit toutes ces rébellions rwandaises depuis 1996 qui ont trouvé un terrain d’expérimentation sur le sol congolais. Pour l’illustrer par un exemple. A chaque fois qu’il y a dialogue entre le gouvernement et les « rebelles » congolais, avez-vous déjà vu les rebelles remettre armes et équipements militaires ? Ils ne peuvent pas le faire parce que ces armes ne sont pas les leurs. Et pire, ce ne sont pas les Congolais qui les manient au front.
Q. : Comment expliquez-vous alors cette stratégie du régime Kagame d’instrumentaliser des Congolais ?
N.K.O. : C’est une stratégie simple qui fonde toute la philosophie du pouvoir au Rwanda. Elle consiste à créer des zones de tensions et à les maintenir indéfiniment. Il y a des personnes, des médias et institutions payées pour alimenter ces conflits. Ces tensions sont à la base de la guerre hybride dans la région. En réalité, Kigali n’a que faire des « rebelles » congolais pour qui il n’a aucune considération. Depuis Laurent-Désiré Kabila jusqu’à Corneille Nangaa, ils sont vilipendés et jamais leurs noms ne sont cités au Rwanda.
Q. : Les rébellions rwandaises au Kivu. Comment comprendre que derrière elles, ce sont des revendications des populations d’expression kinyarwanda qui sont mises en avant ?
N.K.O. : Il faut apporter un bémol. Paul Kagame ne défend pas les populations d’expression kinyarwanda comme il a voulu longtemps le faire croire. Il défend selon lui les populations martyrisées Hamites en RDC. C’est toute la différence idéologique. Et tant qu’on ne comprendra pas cette distinction, on naviguera à vue dans la déstabilisation de la région.
Q. : Pouvez-vous être plus explicite dans ce que vous avancez ?
N.K.O. : Au Rwanda comme au Burundi, il y a trois ethnies (Hutu, Tutsi et Twa). Les Hutu et les Tutsi parlent tous le kinyarwanda mais ne sont pas des Hamites. Défendre les populations d’expression kinyarwanda signifierait défendre les Tutsi et les Hutu. Or, Kagame voue une haine viscérale contre les Hutu qu’il qualifie à tous les niveaux des « génocidaires ». Et donc, à défaut de les défendre et de les protéger, il doit les combattre, les neutraliser. C’est ce qu’il demande au gouvernement congolais. Comment la RDC perçoit la notion du génocide ? Est-ce que tous les Hutu même ceux qui sont Congolais sont des génocidaires ? Les populations Hamites du Congo subissent-elles de réprimandes ?
Q. : Selon vous, comment mettre fin alors à toutes ces rébellions rwandaises au Kivu ?
N.K.O. : Tout d’abord il faut établir une nette différence entre le Rwanda et la RDC. Cet exercice pédagogique poursuit deux finalités. Primo, faire comprendre aux populations Hamites du Congo que ce n’est pas Kigali qui va résoudre leurs problèmes. On ne peut pas indéfiniment vivre en seigneur de guerre au bénéfice d’un autre État contre son pays. Secundo, le pouvoir au Rwanda a été construit sur la violence, sur les oppositions entre Hutu et Tutsi. Ce qui n’est pas le cas pour la RDC. Il faut d’abord aider le Rwanda à trouver des solutions aux problèmes de la cohabitation entre Hutu et Tutsi. Il n’y a que le dialogue et la réconciliation comme thérapie à des tensions ethniques.
Nicaise Kibel’Bel Oka, journaliste d’investigation et auteur du livre, en méditation. Archives Les Coulisses).
Q. : Apparemment vous êtes le seul à faire ce diagnostic. N’est-ce pas que vous rêvez ?
N.K.O. : C’est le vrai diagnostic pour une paix dans la région. Et je ne suis pas le seul. De nombreux rwandais (Hutu comme Tutsi) sont convaincus qu’il faille un dialogue pour une réconciliation au Rwanda. Ceci, pour éviter le cycle infernal de tensions et de guerre. Aucune ethnie ne prendra indéfiniment le dessus sur l’autre.
L’ex-président Hutu du Rwanda, Pasteur Bizimungu, prédécesseur de Paul Kagame, a exprimé ce regret devant le Parlement avant d’être démis.
Q. : « Toutes les composantes au niveau national ne se sentent pas représentées dans l’autorité du Rwanda ».
Et d’ajouter à notre micro en 2001 : « Ce qui a déchiré le Rwanda, c’est plus particulièrement l’exclusion de certaines sections de la population. Pendant 150 années, se sont succédé des luttes de pouvoir entre les élites tutsi et hutu. Chaque fois que l’une arrivait au pouvoir, elle monopolisait à son profit excluant d’autres tout en violant les droits fondamentaux. Le FPR a suivi malheureusement le sentier bâti.
De par l’histoire de notre pays, il est démontré que les gens qui se sont emparés du pouvoir par la force militaire n’ont jamais réussi quelle que soit la durée au pouvoir. Toute exclusion mène forcément à la force ».
Au Rwanda, comme l’écrit Gaël Faye dans son livre « Jacaranda » : « La paix n’est qu’une guerre suspendue ». Le cycle de violence au Rwanda n’est que momentanément suspendu.
Q. : Votre livre parle de l’impunité dont jouit le régime de Kigali. Pourquoi les deux poids, deux mesures ? Pensez-vous que l’Occident ne comprend pas le drame de la région ?
N.K.O. : Les Occidentaux jouent au sapeur-pompier pour maintenir les tensions qui garantissent leurs intérêts. En choisissant le « Bon » et le « Mauvais » au Rwanda, ils ont tout fait pour que le FPR ne puisse jamais répondre de ses actes devant la justice internationale. Ce qui lui donne la force de narguer les autres. La logique des Occidentaux ne résiste pas à la logique normale. Prenez le cas de l’Ukraine. Ils livrent des armes à l’Ukraine mais lui interdisent de frapper des cibles russes. C’est exactement un embargo qui ne dit pas son nom. C’est le même cas avec la RDC. On nous impose de négocier avec le Rwanda qui occupe des pans entiers de notre territoire. Qui arme le Rwanda ?
Notre livre essaie de passer au peigne fin cette mésaventure tout en épinglant aussi les faiblesses dans notre système de défense qui est resté dans le ghetto et aujourd’hui incapable de faire face aux menaces actuels et à venir. Ce livre baigne dans la couleur locale. Mon livre est un appel à la prise de conscience contre l’instrumentalisation rwandaise et à la mise en place d’un système de défense digne du Congo. Rome a été hospitalière tout en étant expansionniste.
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A bâtons rompus avec Nicaise Kibel’Bel Oka
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