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CAN Egypte 2019 : « Ce tirage sera bon ou mauvais qu’après la phase des groupes » (Florent Ibenge)

Après le tirage au sort de la Coupe d’Afrique des nations Égypte 2019 effectué le 12 avril dernier, les réactions des joueurs, entraîneurs, etc. ne cessent de tomber. Face à la presse ce mardi 16 avril, le sélectionneur national des Léopards de la RDC Florent Ibenge est revenu sur ce calendrier qui, selon lui, sera jugé bon ou mauvais qu’après les matchs.
« Ce tirage sera bon ou moins bon qu’après », a lâché, Florent Ibenge. Et de poursuivre: « je sais qu’on a trois gros matchs à jouer, l’Égypte, elle est finaliste. Elle organise chez elle avec le meilleur joueur africain dans son équipe ( Mohammed Salah de Liverpool, ndrl… ) qui voudra briller et amener tout son peuple vers la victoire. Donc, un adversaire coriace. C’est vraiment un avantage de jouer à domicile pour eux. Et pendant la période des matchs, il va faire 36°C. Il ferra très chaud. Contre eux, on joue à 22h, mais contre l’Ouganda ça sera à 16h. Elle a ce petit avantage là. Voilà on est avec un grand favori ».
Au sujet de l’Ouganda et du Zimbabwe, Ibenge fait le point.
« Nous jouerons l’Ouganda qui a battu l’Égypte chez elle. Une équipe avec un système défensif très fort et qui repart très vite. Quand vous avez le ballon contre cette équipe là vous êtes en danger. Donc il faudra les étudier, ils ont un football différent. Après on a le Zimbabwe, une équipe qui nous a battu ici et on a fait match nul chez elle. Donc a priori un groupe très difficile, mais il faut le jouer. Je n’ai pas peur outre mesure, ça se passe sur le terrain et puis en fonction des résultats qu’on aura fait sur ces trois matchs, on saura si le tirage était bon ou pas. Je ne sais pas si c’est un bon tirage parce qu’on a voulu être avec le Burundi, le Madagascar ça je ne sais pas, ça passe sur le terrain », a-t-il conclu.
A la question posée par un journaliste que l’Égypte est un pays porte-bonheur pour la RDC puisque les Léopards y onr gagné la coupe d’Afrique de 1974 là-bas, Florent Ibenge signe de deux mains.
« J’ai eu à faire une émission dès mon passage en Égypte et je leur ai rappelé le souvenir du feu Ndaye de 74. J’espère qu’on pourrait rééditer la même chose. Si ça peu se reproduire, je signe de deux mains et de deux pieds », annonce-t-il
Il sied de rappeler que la 32 ème édition de la CAN se jouera en Égypte du 21 juin au 22 juillet 2019 avec, pour une première, 24 pays.
Jolga Luvundisakio/CONGOPROFOND.NET
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Corridor de Lobito, PGII, AGOA : à Luanda, Kinshasa veut sortir de l’ombre

La participation du président congolais Félix Tshisekedi au 17ᵉ Sommet des affaires États-Unis-Afrique, qui s’est ouvert ce 23 juin à Luanda, dépasse la simple logique de présence protocolaire. Elle marque une inflexion stratégique dans la diplomatie économique de la République démocratique du Congo (RDC), qui cherche à redéfinir sa place dans la nouvelle cartographie industrielle du continent.
Ce sommet, organisé par le Corporate Council on Africa, réunit plus de 1 500 décideurs publics et privés. Il s’inscrit dans un contexte où les rapports entre puissances et pays africains connaissent une redéfinition accélérée, sous l’effet conjugué des rivalités sino-américaines, des pressions climatiques et de la reconfiguration des chaînes de valeur mondiales.
Changement de posture : la RDC ne veut plus subir la mondialisation, elle veut la façonner
La prise de parole attendue de Félix Tshisekedi sur le projet du Corridor de Lobito révèle une ambition politique claire : transformer les infrastructures régionales en leviers d’influence géoéconomique. Ce corridor ferroviaire, qui vise à relier les provinces minières de la RDC et de la Zambie aux ports angolais, incarne bien plus qu’un chantier logistique. Il symbolise une volonté de rupture avec un modèle extractif qui a longtemps cantonné le pays à un rôle périphérique.
À travers ce projet, soutenu par le Partnership for Global Infrastructure and Investment (PGII) — la réponse américaine à l’initiative chinoise Belt and Road — Kinshasa tente de s’imposer comme un point nodal dans la stratégie d’approvisionnement occidental en minerais critiques, tout en défendant une industrialisation localisée.
Cette démarche s’inscrit dans une double logique : sécuriser les débouchés tout en renforçant la capacité du pays à générer de la valeur ajoutée sur place. En d’autres termes, la RDC aspire à passer du statut de fournisseur de matières premières à celui de co-producteur dans les chaînes globales.
Une fenêtre diplomatique à exploiter avec précaution
Les discussions bilatérales de Tshisekedi, notamment avec l’entourage du président américain Donald Trump, interviennent dans un climat d’incertitude commerciale. L’accord AGOA (African Growth and Opportunity Act), instrument central des relations économiques USA-Afrique depuis plus de deux décennies, arrive à expiration en septembre 2025. Son avenir reste flou, et les signaux politiques en provenance de Washington oscillent entre maintien sélectif et refonte structurelle.
Dans ce contexte, la RDC tente de capitaliser sur une présence active et ciblée : elle se positionne comme un interlocuteur stable, doté d’un agenda industriel affirmé, dans un environnement régional encore marqué par des instabilités récurrentes. Ce positionnement est d’autant plus stratégique que les États-Unis cherchent à rééquilibrer leur influence face à la Chine, qui vient d’annoncer une quasi-suppression des droits de douane pour plusieurs produits africains.
Un test grandeur nature pour la crédibilité de Kinshasa
Mais cette ambition ne peut se contenter d’annonces. Elle appelle des résultats tangibles, à commencer par la capacité du gouvernement congolais à structurer ses filières industrielles, sécuriser ses réformes foncières et fiscales, et garantir un cadre juridique attractif pour les investisseurs.
Le sommet de Luanda sert donc de test : il ne s’agit plus simplement d’attirer l’attention, mais de démontrer la solidité d’un projet économique cohérent. La RDC devra prouver qu’elle peut sortir du cycle bien connu « ressources-extraction-exportation » pour entrer dans un schéma « ressources-transformation-partage de valeur ».
Vers un repositionnement structurel ou simple opération de communication ?
L’activisme économique de la RDC, visible à Luanda, traduit une prise de conscience : celle que l’avenir du pays ne réside pas dans le volume de ses exportations brutes, mais dans sa capacité à intégrer les standards et les exigences des chaînes de production mondiales.
Il reste à savoir si cette dynamique s’inscrira dans la durée ou si elle demeurera circonstancielle, dictée par le calendrier électoral américain, la volatilité des cours des métaux, ou les aléas internes congolais. Ce qui est certain, en revanche, c’est que la RDC s’est engagée dans une reconfiguration stratégique qui ne laisse plus de place à la passivité. Elle veut compter. Il lui faudra maintenant convaincre.
Franck Tatu