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CAN 2019 : la phase des groupes et les 8e de finale sans l’assistance de la VAR

En réponse à la requête formulée par les 24 sélectionneurs sur l’utilisation de la vidéo arbitrage (VAR), la Confédération africaine de football (CAF) a finalement décidé de recourir à cette technologie, seulement en quarts de finale de la compétition.
Cette technologie, doit-on rappeler, permet de surveiller étroitement un match de football. La VAR a été déjà expérimentée dans plusieurs compétitions, notamment la dernière édition de la Coupe du monde, la Ligue des champions de l’UEFA, etc.
Au niveau africain, cette technologie a été expérimentée lors du championnat d’Afrique des nations 2018 à partir des quarts de finale.
Même si d’aucuns estiment que cette technologie favorise les uns au détriment des autres, la CAF reste optimiste et croit à son apport. La balle est donc dans le camp des officiels sélectionnés d’en faire bon usage dans cette grand-messe du football africain.
La confédération africaine de football (CAF ) a déjà pris toutes les dispositions pour réussir cette première expérience de la CAN à 24 nations. Il y a des sélections qui vont découvrir pour la première fois la compétition et vont directement vivre l’impact de cette nouvelle technologie. L’objectif pour la CAF c’est d’offrir à l’Afrique une competition de qualité.
Pour rappel, la CAN 2019 est prévue du 21 juin au 19 juillet en Égypte. Une première CAN qui connaîtra la participation des 24 nations réparties en six groupes. La RDC Est logée dans le groupe A en compagnie de l’Égypte (pays organisateur), l’Ouganda et le Zimbabwe.
Armel Langanda/CONGOPROFOND.NET
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Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.
Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.
Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.
Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.
Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.
Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.
« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».
Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR