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CAN 2019 : Bolasie écarté, Fatshi peut-il agir ?

- Le sujet est à la Une du microcosme sportif national: Yannick Bolasie ne jouera pas la Coupe d’Afrique des Nations Égypte 2019. Il a été écarté ce vendredi 7 juin par le sélectionneur national, Jean Florent Ibenge, pour cause que le joueur ne serait pas physiquement au point pour participer à cette messe africaine.
Une nouvelle qui a bouleversé l’opinion qui se demande si le président de la République ne peut pas intervenir en sa faveur comme cela a été le cas avec Gyan Asamoah au Ghana.

Le ghanéen, Asamoah au Ghana
La jurisprudence Gyan Asamoah
Il avait annoncé sa retraite internationale parce que l’entraîneur actuel des Black stars du Ghana lui a retiré le capitanat, Gyan Asomah est revenu sur sa décision 48 heures après sur appel du président de la République, Nana Akufo-Addo, qui lui a demandé de retourner en équipe.
Autant les sportifs congolais tournent leur regard du côté du président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, pour l’inviter à agir afin de faire rentrer ce cadre de l’équipe nationale, Yannick Yala Bolasie, en sélection.
L’opinion a encore frais dans la mémoire son soutien apporté aux Léopards avant, pendant et après leur match de la qualification face au Liberia au mois d’avril dernier à Kinshasa. Le premier sportif du pays, Félix Tshisekedi, avait parlé individuellement avec plusieurs joueurs, notamment, Yannick Bolasie à qui il avait dit : [tps_title]« Tu es maintenant à Anderlecht non ? Ça se passe bien, je vois. Ta grave blessure appartient désormais au passé ? ».[/tps_title] Preuve éloquente de ses connaissances sur l’actualité footballistique de ses compatriotes évoluant à l’étranger.
Imbroglio sur cette décision
Arrivé à Marbella le 6 juin pour se présenter au lieu de rassemblement le 07, Bolasie a pris soin d’ expliquer à son entraîneur les raisons de son retard, avouant même qu’il n’était pas physiquement au point. D’où la présence de son préparateur physique à ses côtés.
Réponse du coach Ibenge: « Yannick comme tu n’es pas au point physiquement et que tu es sur tes contrats et transferts, nous allons te permettre de reprendre rapidement en travaillant avec ton préparateur physique. Nous irons à la CAN sans toi parce que nous avons besoin des soldats aptes et prêts à se sacrifier pour nous décrocher le trophée. Donc, en termes plus clairs, tu es Out ! », nous rapporte le site internet horsaison.cd.
Cependant, à en croire le site Léopardleader, le joueur a personnellement réagi à cette situation : « Say the truth when your ready « ( Je dirai la vérité quand, je serai prêt). Un petit mot qui a donné libre court à divers commentaires chez les amoureux du ballon rond.
Contradiction
Il y a deux mois passé, Yannick Bolasie déclarait sur les réseaux sociaux qu’il était impatient de jouer cette CAN Égypte 2019. Lui, qui n’a pas joué la CAN Gabon 2017 pour des raisons de blessure, tout le monde avait compris sa rage de donner le meilleur de lui-même lors de cet événement sportif continental.
Cependant, la situation actuelle contredit cette volonté jadis publiquement affichée.
D’où, les interrogations persistantes au sein de la population congolaise sur la vraie raison de cette disqualification !
Affaire à suivre !
Jolga Luvundisakio/CONGOPROFOND.NET
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À la Une
Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.
Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.
Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.
Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.
Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.
Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.
« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».
Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR
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