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CAF-C1 : Muleka signe son 7e buts et confirme la 1ère place de Mazembe

Il ne s’arrête pas ce jeune joueur de 20 ans du TP Mazembe; lui, c’est Jackson Muleka, auteur d’un doublé ce samedi 01 février au stade Kamalondo de Lubumbashi, face à Zesco United, réaménageant ainsi son compteur but à 7 sur 6 matchs de la phases des groupes de la Ligue des Champions.
Une victoire avec manière de 3 buts à 1 pour les Corbeaux qui terminent cette phase des groupes en tête du groupe A avec, au passage, 14 points, soit un bilan de 4 matchs gagnés et deux matchs nuls, zéro défaite pour Pamphile Miyaho et les siens.
Pour ce dernier match de la phase des groupes, bien que qualifiés, les Corbeaux n’ont laissé aucune chance aux Zambiens quand bien même que ces derniers étaient déjà hors course. Jackson Muleka ouvre la marque à la 32e minute sur penalty, après une faute sur Tshibangu. Deux minutes plus tard, Zesco, sur une belle contre-attaque, parvient à égaliser et faire douter Mazembe.
À la seconde période, Chico Ushindi, sur une superbe frappe à la 69e, permet aux Lushois de reprendre l’avantage et le but du break viendra du prodige des corbeaux, Jackson Muleka, à 11 minutes du terme.
Une victoire amplement méritée par les joueurs de Moïse Katumbi, le président sponsor de cette équipe qui se qualifie pour les quarts de finale et doit attendre le tirage au sort pour connaître son adversaire.
Rappelons-le, le TP Mazembe reste le seul club de la RDC dans cette prestigieuse compétition africaine. L’AS V.Club étant déjà éliminé, jouera son match d’honneur ce soir au Maroc, à 20h, face à Raja de Casablanca.
Jolga Luvundisakio/CONGOPROFOND.NET
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Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.
Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.
Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.
Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.
Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.
Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.
« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».
Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR