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Braquages en série à Lemba : Une police dépassée face à l’insécurité galopante

Depuis trois ans, la commune de Lemba, autrefois considérée comme relativement paisible au cœur de Kinshasa, est devenue le théâtre récurrent de braquages spectaculaires. Ces actes criminels, souvent commis en plein jour, se sont multipliés sous le regard impuissant, voire complice, d’une police de plus en plus critiquée pour son inefficacité.
Le dernier épisode en date illustre crûment cette dérive sécuritaire : ce lundi 28 avril 2025, aux alentours de 16 heures, un commerce situé à Lemba Terminus a été violemment attaqué par des individus armés. Ce braquage a de quoi choquer d’autant plus qu’il s’est produit à quelques mètres seulement d’un poste de police censé garantir la sécurité des riverains et des commerçants.
Pour les habitants de Lemba, ce nouvel incident n’est qu’un triste écho d’une réalité désormais banalisée. « Nous ne sommes plus en sécurité, même en plein jour et sous les yeux de ceux qui sont censés nous protéger », témoigne un commerçant du quartier, visiblement écoeuré.
Depuis 2022, Lemba a connu une série de braquages visant tantôt des boutiques, tantôt des cambistes, souvent sans qu’aucune arrestation sérieuse ne soit enregistrée. Les braqueurs agissent avec un sang-froid inquiétant, comme s’ils savaient d’avance qu’ils bénéficieraient d’une impunité totale. Comment expliquer qu’un commerce puisse être attaqué à proximité immédiate d’un poste de police sans que les agents n’interviennent rapidement ? À Lemba, la question ne fait plus débat : pour beaucoup, la police est non seulement inefficace, mais parfois soupçonnée de collusion avec les malfrats.
Face à la recrudescence de ces attaques, les autorités locales restent étrangement silencieuses, se contentant de promesses vaines après chaque drame. Pendant ce temps, l’insécurité s’enracine, forçant les commerçants à vivre dans la peur et parfois à recourir à des moyens privés pour assurer leur protection.
La situation de Lemba est un reflet inquiétant d’une réalité plus large : tant que l’impunité prévaudra, tant que la police restera passive-ou pire, complice-la sécurité des citoyens de Kinshasa restera un mirage lointain.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET
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Droits des autochtones : La RDC passe de la parole à l’acte, le Cadre de concertation multi-acteurs lancé à Kinshasa

Une page d’histoire s’ouvre pour les peuples autochtones Pygmées. Le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires coutumières, Shabani Lukoo, a officiellement lancé, ce mardi 20 mai 2025, dans la salle des spectacles du Palais du Peuple, le cadre de concertation multi-acteurs pour la mise en œuvre de la loi n°22/030 du 15 juillet 2022, relative à la protection et à la promotion des droits des peuples autochtones Pygmées.
Un moment historique, fruit d’années de lutte, de plaidoyers et de résistance, qui marque une reconnaissance tardive mais décisive de ces Congolais longtemps marginalisés, souvent traités comme des étrangers dans leur propre pays.
Droits, terres, dignité : un tournant attendu
Ce cadre de concertation entend poser les bases d’un dialogue inclusif et permanent entre l’État, la société civile, les communautés autochtones et les partenaires techniques et financiers. L’objectif : garantir une mise en œuvre effective, équitable et transparente de la loi. Il s’agit notamment de faciliter l’accès des Pygmées aux droits fondamentaux ( terres, éducation, santé )dans le respect de leur culture et de leur mode de vie.
Les partenaires présents ont réaffirmé leur appui à ce processus ambitieux, qui vise à rompre avec des siècles d’exclusion et à replacer les Pygmées au cœur du contrat social congolais.
Vulgarisation, sensibilisation, action
Dans son allocution, le Vice-Premier Ministre Shabani Lukoo a annoncé que la prochaine étape consistera à vulgariser la loi sur l’ensemble du territoire national, à travers des outils harmonisés et des canaux de communication adaptés aux réalités locales. Une campagne nationale de sensibilisation verra le jour dans les prochains mois. « Cette loi garantit aux peuples autochtones l’égalité des droits prévue par la Constitution », a-t-il martelé, rappelant que la diversité culturelle du pays est une richesse, et non un obstacle à l’unité.
Des gardiens de la nature, trop longtemps ignorés
Par cet acte, le gouvernement congolais réaffirme son engagement à protéger les peuples autochtones, véritables gardiens de la forêt équatoriale, acteurs clés de la conservation de la biodiversité. Leur résilience face à la stigmatisation et aux violences structurelles en fait aujourd’hui une force vive à réintégrer dans la République.
Tchèques Bukasa/CONGOPROFOND.NET