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BAD : la 55ème Session annuelle du Conseil des gouverneurs en mode virtuel du 26 au 27 août

C’est sous le thème: « Mieux reconstruire l’Afrique après la pandémie de Covid-19 », que les Assemblées annuelles 2020 du groupe de la Banque africaine de développement(BAD) auront lieu cette année. Cette thématique a été choisie par les organisateurs de ces assises car, il illustre bien cette question majeure et mérite des réflexions approfondies, pour mieux permettre aux pays de voir comment répondre efficacement pendant cette épidémie et juste après.
Dans l’histoire de la Bad, c’est une première fois que les Assemblées annuelles de cette institution financière vont se tenir sous mode virtuel, pour faire respecter les consignes de distanciation physique relatives à la pandémie de covid-19.
D’ores et déjà, le dialogue des gouverneurs et l’élection d’un nouveau président à la tête de cette institution sont les principales priorités de l’agenda du jour de ses assises prévues d’ici quelques jours, les 26 et 27 août 2020.
Il faut noter que cette année marque la 55ème session annuelle du Conseil des gouverneurs de la Bad et en même temps, la 46ème session annuelle du Fonds africain de développement, le guichet concessionnel de la banque. Année électorale pour la banque, son président actuel, Akinwumi Adesina, est l’unique candidat pour un second mandat quinquennal.
Signalons que depuis que la pandémie de covid-19 a gagné le continent vers début mars, l’Afrique a pu enregistrer plus d’un million de cas confirmés d’infection au virus. Ceci prouve à juste titre combien la pandémie a sérieusement frappé les économies au niveau des différentes régions, après la chute des prix des produits de base et des mesures de confinement imposées par les gouvernements ont entrainé ainsi la fermeture des frontières des nombreux pays du continent.
Pour y remédier, la banque n’a cessé d’apporter un soutien aux pays membres selon les régions distinctes en vue de protéger leurs économies, leurs systèmes de santé et les moyens de subsistance de leurs populations contre les répercussions induites par le covid-19 sur la santé publique et l’économie.
Pour rappel en avril dernier, le banque avait mis en place un mécanisme de réponse rapide au covid-19, doté d’un montant de 10 milliards de dollars, en vue d’apporter un soutien flexible aux opérations souveraines et non souveraines en Afrique. Aussi, le 20 août dernier, 2,29 milliards de dollars de fonds de ce mécanisme avaient été approuvés pour les pays membres de la banque.
Bien plus que cela, 1,186 milliards de dollars supplémentaires avaient été décaissés en faveur des pays membres du Fonds africain de développement, avec des approbations en cours.
Par ailleurs, il est important de préciser qu’en mars dernier, la banque avait en plus mobilisé un montant record de trois milliards de dollars lors de l’introduction de son emprunt obligatoire social « combattre le covid-19 », lors de la Bourse de Londres et de renchérir que malgré les quelques difficultés, la banque a pu franchir quelques étapes majeures, et les agences de notation internationales Fitch et Standard and Poor’s ont confirmé la note AAA de l’institution assortie d’une perspective stable.
Soulignons que lors des assemblées annuelles 2020, les gouverneurs vont aussi recevoir des informations en rapport de l’évolution des diverses activités pour l’édition 2019, de Malabo. Ces informations porteront notamment sur la septième augmentation générale du capital de la banque, que le Conseil des gouverneurs a approuvée le 31 octobre 2019 à Abidjan, et qui a permis d’accroitre d’un montant historique le capital de la banque de 115 milliards à 208 milliards de dollars.
Et donc, c’est le 27 août 2020, que le huitième président, Akinwumi Adesina, sera élu comme premier citoyen nigérian à occuper ces fonctions. Ce dernier avait été élu le 28 mai 2015 pour cinq ans par le conseil des gouverneurs de la banque à Abidjan en Côte d’Ivoire.
Notons que les gouverneurs de la banque sont des ministres des Finances et de l’économie ou des gouverneurs de banque centrale des 54 pays membres de la région Afrique et des 27pays membres d’autres régions du monde.
Melba Muzola(C.P.)/CONGOPROFOND.NET
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Ouganda-RDC : Muhoozi aligne Kampala derrière Tshisekedi

Le chef des forces armées ougandaises, le général Muhoozi Kainerugaba, a pris une position remarquablement directe sur l’avenir politique de la République démocratique du Congo (RDC). Dans une série de tweets percutants publiés vendredi, il a déclaré que l’ancien président Joseph Kabila ne devait en aucun cas revenir au pouvoir, tout en exprimant un soutien clair au président Félix Tshisekedi.
« Je ne laisserai pas Joseph Kabila redevenir président de la RDC ! Oubliez cette idée », a tweeté le général Muhoozi. Il a critiqué Kabila pour avoir permis aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle d’origine ougandaise, de s’installer dans l’est du Congo pendant près de deux décennies. « Kabila a laissé les ADF prospérer dans l’est de la RDC pendant 17 ans. Il ne nous a jamais autorisés à agir contre eux. Son Excellence Tshisekedi est bien meilleur à cet égard », a-t-il ajouté, avant de conclure : « Mon grand frère, Son Excellence Félix Tshisekedi, est le président de la RDC, et je le soutiendrai autant que possible. »
Ces déclarations sont intervenues à un moment clé, quelques heures après la signature, à Washington, d’une Déclaration de principes pour la paix entre le Rwanda et la RDC, sous l’égide des États-Unis et en présence du secrétaire d’État Marco Rubio. Cet accord engage les deux pays à respecter leur souveraineté respective, à promouvoir l’intégration régionale et à démanteler les groupes armés opérant le long de leurs frontières communes.
Les relations Ouganda-RDC : un enjeu économique majeur
Les liens entre l’Ouganda et la RDC se sont considérablement renforcés au cours de la dernière décennie. Selon la Banque de l’Ouganda, la RDC est désormais la deuxième destination des exportations ougandaises, après le Kenya. En 2023, les exportations officielles vers la RDC ont dépassé 500 millions de dollars, auxquelles s’ajoutent environ 200 millions de dollars via le commerce transfrontalier informel. Les principaux produits exportés incluent le ciment, l’acier, les denrées alimentaires et les produits pétroliers.
L’intégration de la RDC dans la Communauté est-africaine (EAC) en 2022 a encore accéléré ces échanges, soutenue par des investissements dans les infrastructures, comme le poste frontalier de Mpondwe et les routes reliant l’Ouganda aux villes de l’est congolais. Maintenir la paix et renforcer les relations avec Kinshasa est donc crucial pour la croissance économique de l’Ouganda.
Une coopération sécuritaire renforcée sous Tshisekedi
Contrairement à l’administration de Kabila, qui bloquait les initiatives ougandaises sous prétexte de souveraineté, Tshisekedi a permis une coopération militaire accrue. L’opération conjointe « Shujaa », lancée par l’Ouganda et les forces congolaises, vise à neutraliser les ADF dans l’est du Congo. Par ailleurs, des rapports de l’ONU et des services de renseignement congolais accusent des réseaux proches de Kabila de soutenir des groupes armés comme le M23 et l’Alliance Fleuve Congo (AFC), qui déstabilisent l’est du pays et menacent les corridors commerciaux ougandais.
Tshisekedi a lui-même accusé Kabila d’être le « véritable leader » de l’AFC, qui s’est alliée au M23 pour combattre son gouvernement. Lors d’une récente visite à Goma, ville contrôlée par l’AFC/M23, Kabila a déclaré s’y sentir « plus en sécurité » qu’ailleurs en RDC, laissant entendre des liens étroits avec ces mouvements rebelles.
Les risques d’un retour de Kabila
Un retour de Kabila au pouvoir pourrait raviver l’insécurité le long des frontières ougandaises, compromettre le commerce et annuler les progrès sécuritaires obtenus. En dénonçant publiquement Kabila et en soutenant Tshisekedi, Muhoozi aligne l’Ouganda sur un agenda de stabilité régionale, alors que les voisins du Congo et les acteurs internationaux, notamment les États-Unis, œuvrent pour des accords de paix durables. Ses propos rassurent également Kinshasa de la loyauté de l’Ouganda, dans un contexte où des intérêts régionaux concurrents menacent les alliances.
Un marché stratégique pour l’Ouganda
Au-delà de la sécurité, l’est du Congo représente un marché inexploité pour les produits ougandais, avec des opportunités d’investissement dans l’agriculture, l’énergie, la construction et la logistique. Soutenir Tshisekedi permet à l’Ouganda de sécuriser ces intérêts économiques et de renforcer son rôle dans l’intégration régionale.
Les tweets de Muhoozi, bien que d’une franchise inhabituelle pour un haut responsable militaire, traduisent une stratégie calculée : l’avenir de l’Ouganda passe par un partenariat renforcé avec un leadership légitime et stable en RDC. Ils envoient un message clair : Kampala soutient les alliés de la stabilité, de la coopération économique et des efforts de paix internationaux, tout en se distanciant des acteurs accusés d’alimenter les conflits dans l’une des régions les plus riches mais les plus instables d’Afrique.
Alors que la RDC se prépare à sa prochaine transition politique, la bataille pour son futur leadership aura des répercussions majeures, non seulement pour les Congolais, mais aussi pour toute l’Afrique de l’Est.
FNK