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Arrêts de la Cour Constitutionnelle : le MLC vidé !

Il est presque 01h30 heure de Kinshasa lorsque la cour constitutionnelle rend public ses arrêts sur le contentieux électoral des législatives 2018.
Plusieurs députés ont vu leur mandat invalidé.
Parmi eux, un grand nombre d’entre eux sont du MLC. Le parti cher à JP Bemba a perdu en une seule nuit près de 8 députés dont Mbau Daniel de Kinshasa/Mont-Amba, Alakani de Lisala, Ngobe de Basankusu, Raphaël Kibuka( Kinshasa/Mont-Amba), Akim de Gungu, Godamoto de Bosobolo, Mekata de Yahuma et Dongo Mobutu de Gbadolite.
À l’approche du retour du « Chairman » de ce parti, Jean-Pierre Bemba Gombo, ce 25 juin et dans la perspective d’une guerre larvée pour le poste du porte-parole de l’opposition, le MLC et ses alliés se retrouvent fortement diminués.
Etant donné que les arrêts de la Cour constitutionnelle sont inattaquables, le MLC n’aura peut être d’autres choix que d’opter pour la rue pour faire entendre sa voix.
Toujours est-il que la rue a son propre langage qui ne correspond pas forcément à celui des politiciens.
Peut être que le MLC peut aussi se rapprocher davantage des deputés d’alternance pour la République, de AMK, etc. afin de sauver le reste. Question de survivre dans un parlement largement dominé par le Front Commun pour le Congo (FCC). Qui du reste a pris aussi les 8 sièges perdus du MLC sur les 22 que comptaient le parti cher à JP Bemba.
TMB/ CONGOPROFOND.NET
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Valentin Yves Mudimbe s’en est allé, mais sa parole demeure : l’Afrique orpheline d’un géant de la pensée

Ce jour, la République Démocratique du Congo, l’Afrique et le monde intellectuel viennent de perdre un monument. Valentin Yves Mudimbe, philosophe, écrivain et penseur hors pair, s’est éteint aux États-Unis, laissant derrière lui une œuvre aussi dense que subversive, une parole aussi lucide qu’indomptable.
Né en 1941 à Jadotville (actuelle Likasi), en RDC, Valentin Yves Mudimbe fut l’un des intellectuels africains les plus influents du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Professeur émérite à l’Université Duke, anthropologue, linguiste et romancier, il a marqué les sciences humaines par sa critique radicale des épistémologies coloniales et sa déconstruction des discours dominants sur l’Afrique.
Son œuvre majeure, The Invention of Africa (1988), reste un texte fondateur des études postcoloniales. Mudimbe y démontre comment l’Afrique a été « inventée » par le regard occidental, à travers des catégories de savoir qui ont nié ses propres logiques de pensée. Pour lui, « l’Afrique n’existe pas en dehors des représentations qui la constituent », une thèse qui a révolutionné la manière d’appréhender le continent.
Yves Mudimbe n’était pas seulement un théoricien : c’était un penseur du soupçon, toujours en éveil face aux illusions des idéologies, qu’elles soient coloniales, nationalistes ou néolibérales. Dans L’Odeur du père (1982), il explore les contradictions des élites africaines post-indépendances, dénonçant leur aliénation mimétique. Son roman Entre les eaux (1973) questionne la tension entre engagement politique et spiritualité.
Il a révélé sa propre trajectoire de prêtre jésuite devenu philosophe laïc. Ses travaux sur Foucault, Derrida et les structuralistes européens en font un passeur exceptionnel entre les traditions intellectuelles africaines et occidentales. Pourtant, il refusait toute étiquette : « Je ne suis ni un afrocentriste, ni un occidentaliste. Je suis un penseur de la fracture, de l’entre-deux », disait-il.
Aujourd’hui, alors que l’Afrique est confrontée à de nouveaux défis – néocolonialismes économiques, crises démocratiques, guerres d’influence –, la pensée de Mudimbe reste d’une brûlante actualité. Son questionnement sur « les conditions de production du savoir africain » invite à repenser l’université, la recherche et les médias du continent. Il laisse derrière lui des disciples à travers le monde. Des chercheurs qui continuent de déconstruire les récits hégémoniques.
« Mudimbe nous a appris à douter, à interroger nos propres certitudes ». La RDC en deuil mais l’Afrique en héritage, conclut le polymathe, cet autre géant de la pensée post-coloniale. Le Congo pleure l’un de ses plus grands fils, mais son héritage est impérissable. Dans un pays souvent meurtri par l’amnésie historique, Yves Mudimbe rappelait que « la mémoire est un acte de résistance ».
Alors que les hommages affluent du monde entier – de Paris à Johannesburg, de Dakar à New York –, une certitude s’impose : Yves Mudimbe est mort, mais sa parole, elle, ne mourra jamais. « Les mots ne sont pas innocents. Ils portent en eux la violence de l’histoire. » — Valentin Yves Mudimbe
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR