Annalena Baerbock a officiellement ouvert la 80ème session ordinaire de l’Assemblée générale le 9 septembre 2025. Son entrée en fonction a été marquée par un geste symbolique fort : elle a prêté serment sur la Charte originale des Nations Unies de 1945, document historique revenu pour la première fois depuis des décennies au siège de l’ONU à New York.

Dans son discours d’ouverture, elle a immédiatement placé sa présidence sous le signe du réalisme et de l’action, affirmant que cette session ne serait “pas ordinaire”. Alors que l’ONU fête ses 80 ans, elle a estimé que le moment n’était pas aux “grandes célébrations” mais à la recherche de solutions concrètes face aux douleurs du monde, évoquant les enfants qui meurent de faim à Gaza, les filles afghanes privées d’école ou les familles ukrainiennes sous les bombes.

Sa ligne directrice est claire : face à ces défis, la communauté internationale doit faire mieux, et doit le faire “mieux, ensemble”, qui est le thème officiel de cette 80e session. Ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et membre du parti écologiste Die Grünen, Annalena Baerbock, 44 ans, est la cinquième femme de l’histoire à présider l’Assemblée générale. Son élection, intervenue le 2 juin 2025 avec 167 voix en sa faveur, n’a pas été sans opposition, la Russie ayant publiquement exprimé son rejet de sa candidature.

Sa feuille de route pour l’année est ambitieuse. Elle a annoncé qu’elle veillerait à mettre en œuvre l’agenda de réforme “UN80” afin que l’Organisation soit “adaptée au XXIe siècle”. Elle devra également superviser le processus crucial de sélection du prochain Secrétaire général. Son mandat sera jalonné par la gestion de conflits majeurs, de l’Ukraine au Soudan en passant par la crise israélo-palestinienne.

Elle a d’ailleurs souligné que la solution à deux États était la seule voie pour assurer une paix durable entre Israéliens et Palestiniens. Fervente défenseure d’une “diplomatie féministe”, elle promeut une politique étrangère qui intègre systématiquement l’égalité des genres et les droits des femmes. Elle a promis de mener un “dialogue basé sur la confiance” et d’être “une bâtisseuse de ponts” pour servir impartialement les 193 États membres.

La “semaine de haut niveau” qui se déroule à New York jusqu’au 29 septembre 2025 est particulièrement chargée . Plus de 150 chefs d’État et de gouvernement sont attendus pour le débat général . Plusieurs événements majeurs sont au programme, notamment une conférence de haut niveau sur la Palestine, un sommet sur le climat en amont de la COP30, et des réunions marquant le 30e anniversaire de la Conférence mondiale sur les femmes de Beijing.

La présidence d’Annalena Baerbock représente un moment charnière pour les Nations Unies. Comme elle l’a elle-même déclaré, l’institution est à un “moment décisif” pour le multilatéralisme. Son succès dépendra de sa capacité à traduire en actes la conviction qui anime son discours : si le monde est en crise, il serait bien pire sans l’ONU, qui reste “l’assurance-vie de chaque pays” .

TEDDY MFITU

Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR