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Anfield, la bière et la brouille : Everton a accidentellement enfanté son pire cauchemar

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Dans le panthéon des grandes rivalités du football, celle qui oppose Liverpool à Everton est l’une des plus intenses et des plus anciennes. Les “Toffees” contre les “Reds”. Deux clubs, une seule ville, séparés par seulement quelques rues et un parc, Stanley Park. Mais ce que peu de fans, en dehors de la Mersey, savent, c’est que cette rivalité fratricide est née d’un conflit aux racines étonnamment triviales : un désaccord sur le loyer et la vente de bière.

Sans cette querelle, Liverpool FC n’existerait tout simplement pas. Pour comprendre cette histoire, il faut inverser les polarités. Au début des années 1880, le club d’Everton, fondé en 1878, est déjà une institution respectée. En 1884, le club cherche un terrain plus permanent et plus adapté à son ambition croissante. Il le trouve à Anfield. Le propriétaire des lieux est un homme d’affaires nommé John Houlding, un brasseur prospère et une figure politique locale influente.

Everton s’installe à Anfield et y prospère. Les foules grandissent, le club remporte son premier championnat en 1891 et le terrain est développé pour accueillir plusieurs milliers de spectateurs. Tout semble idyllique. Pourtant, sous la surface, une tension couve. John Houlding n’est pas seulement le propriétaire du terrain ; il est aussi un homme qui sait où se trouvent ses intérêts. Le conflit éclate autour de deux points majeurs, intimement liés aux affaires de Houlding :

La Question du Loyer : Houlding augmente le loyer annuel d’Anfield de façon significative, passant de £100 à £250 par an. Les dirigeants d’Everton, déjà méfiants envers son influence grandissante, voient cette hausse comme une tentative de s’enrichir indûment sur le dos du club. Plus encore, Houlding, en tant que brasseur, exigeait que la seule bière vendue dans l’enceinte d’Anfield soit la sienne.

Pour les dirigeants d’Everton, nombreux étaient des hommes d’affaires méthodistes et abstinents (les “Temperance”), cette association entre le club et l’alcool était moralement répréhensible et, d’un point de vue pratique, privait le club de revenus substantiels. Ils refusaient de voir les bénéfices de la vente de bière aller directement dans la poche de Houlding.

La situation atteint son point de rupture en 1892. Houlding, qui détenait également le titre de propriété du club (“Everton Football Club and Athletic Grounds Company”), tente un coup de force. Il présente aux membres du club un bail pour Anfield contenant des conditions jugées inacceptables. La confrontation est inévitable. Lors d’une assemblée générale historique en mars 1892, les membres d’Everton votent massivement contre les conditions de Houlding.

La décision est radicale : quitter Anfield. Le club déménage de l’autre côté de Stanley Park, sur un nouveau terrain qu’ils nommeront Goodison Park, devenant ainsi le premier club au monde à posséder un stade dédié à deux tribunes. John Houlding se retrouve seul, propriétaire d’un magnifique stade… mais sans équipe pour y jouer. Humilié et furieux, il ne se laisse pas abattre. Le 3 juin 1892, il convoque une réunion au Sandon Hotel, le pub qu’il possédait juste en face d’Anfield.

Son objectif : créer un nouveau club pour occuper le stade vide. Son premier choix pour le nom du club fut “Everton Football Club and Athletic Grounds Company, Ltd.”, tentant de s’approprier l’héritage du club parti. Cependant, la Fédération anglaise (The Football League) rejeta ce nom, estimant qu’il ne pouvait y avoir deux “Everton”. Il fallait un nouveau nom. Le 15 mars 1892, Houlding dépose les statuts d’une nouvelle entité.

Le nom choisi fut simple, évident, et allait résonner dans l’histoire du football : Liverpool Football Club. Ainsi, Liverpool FC est né non pas d’un rêve romantique, mais d’une dispute commerciale et d’un désir de revanche. La suite est un pied de nez à l’histoire. Pour peupler son équipe, Houlding engagea John McKenna, qui recruta une majorité de joueurs écossais (l’équipe fut surnommée “The Team of the Macs”).

La nouvelle équipe fut forcée de commencer en Lancashire League. Leur premier match à Anfield, le 1er septembre 1892, fut un match amical contre Rotherham Town. Liverpool l’emporta 7-1. Leur premier match officiel, une semaine plus tard en Lancashire League, les vit écraser Higher Walton 8-0. L’ascension fut foudroyante. À la fin de leur première saison, Liverpool était champion de la Lancashire League et gagnait son entrée en Second Division.

L’année suivante, ils remportèrent la Second Division sans perdre un seul match et furent promus en First Division, le plus haut niveau. En l’espace de trois ans, le club créé par dépit disputait déjà le championnat face à son frère ennemi, Everton. La fondation de Liverpool est donc l’un des plus grands “retours de bâton” de l’histoire du sport. Une querelle de comptoir, un brasseur vindicatif et un stade vide ont donné naissance à un géant.

Ce qui était perçu comme une victoire pour Everton – s’être libéré de l’emprise de Houlding – s’est transformé en la création de son plus grand rival, un rival qui allait, au fil du siècle suivant, éclipser sa renommée et son palmarès sur la scène internationale. Aujourd’hui, lorsque les deux clubs s’affrontent lors du “Derby de la Mersey”, ce n’est pas seulement pour trois points.

C’est l’écho lointain d’une dispute vieille de 130 ans, où l’amertume d’une séparation, le cliquetis des pintes de bière et le bruit des pièces de monnaie résonnent encore dans les tribunes d’Anfield et de Goodison Park. Everton, en voulant s’émanciper, a involontairement forgé son propre et éternel rival.

TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR

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Révélation de Lionel Mpasi : Timothy Fayulu, l’arme secrète des Léopards pour les penalties !

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En zone mixte après la qualification de la RDC face au Nigeria, Lionel Mpasi a livré un récit inattendu, révélant l’état d’esprit collectif qui anime les Léopards. Le gardien congolais a confié avoir lui-même demandé au sélectionneur Sébastien Desabre de faire entrer Timothy Fayulu exclusivement pour la séance de tirs au but.

Mpasi raconte avoir ressenti une intuition particulièrement forte : « Nous travaillons énormément les tirs au but à l’entraînement. Tim excelle dans cet exercice. J’ai discuté avec lui hier, et il m’a rappelé qu’à Sion, il avait déjà vécu une situation similaire : il était entré en pleine séance de TAB et avait sauvé son club. C’est comme ça qu’il avait gagné sa place. »

Il revient aussi sur le moment clé où il a formulé sa demande : « À la mi-temps des prolongations, j’ai eu ce pressentiment. J’ai demandé au coach de garder un changement, parce que je sentais que Tim était prêt pour la séance des TAB. Dieu merci, ça a marché. »

Un choix audacieux, un geste de solidarité rare et un coaching inspiré qui ont permis à la RDC de poursuivre sa route avec détermination et confiance.

Désiré Rex Owamba

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